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Après la décision de l'Arabie saoudite, où va le pétrole ?
information fournie par Boursorama 09/03/2020 à 17:10

Sarah  Belhadi
Sarah  Belhadi

Sarah Belhadi

BoursoBank

Chef de rubrique Bourse

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

(Crédits photo : Adobe Stock - )

Déjà fortement chahutés par la baisse de la demande mondiale provoquée par le coronavirus, les cours du pétrole accusent leur pire chute depuis la première guerre du Golfe en 1991. Le prix du baril de Brent a perdu plus de 20% lundi 9 mars dans la matinée et s'échange à 36 dollars (son plus-bas depuis février 2016), contre presque 70 dollars en début d'année. La Russie et l'Arabie saoudite viennent de déclencher une guerre des prix aux effets dévastateurs...

Dans l'histoire de l'Opep, le vendredi 6 mars restera une date marquante. Elle signe la fin d'un mariage de raison qui durait depuis plus de trois ans. Pour rappel, en novembre 2016, alors que les prix du pétrole sont au plus bas, asphyxiés par l'offre abondante de pétrole de schiste américain, les pays membres du cartel s'entendent sur une stratégie de soutien des prix.

Les 13 (aujourd'hui 14) membres de l'Opep et 11 autres pays annoncent une réduction de leur production de 1,2 million de barils par jour (bpj) à 32,50 millions de bpj, et de 558.000 barils par jour pour les non membres (dont la Russie) au premier semestre 2017. L'Arabie saoudite, chef de file du cartel, milite pour cet encadrement de la production. Il faut dire qu'à l'époque, Riyad joue sa propre survie. Dans un contexte baissier, la splendeur du Royaume n'est plus.

Pour survivre, Riyad doit aussi voir les prix du baril repartir à la hausse. D'autant plus que son projet de transformation de son économie passe par l'introduction en Bourse du géant pétrolier Saudi Aramco. Autant dire que le prix du pétrole doit absolument regrimper.

L'ombre américaine pèse sur les efforts de l'Opep

Mais l'ombre américaine pèse sur les efforts de l'Opep pour rééquilibrer le marché. En effet, en dix ans, les États-Unis ont troqué leur statut d'importateur de pétrole pour celui d'exportateur de premier plan. Résultat : le pétrole de schiste fait de l'ombre au pétrole conventionnel. L'offre excède la demande et les prix peinent pour repartir à la hausse. Fin mai 2017, l'Opep s'entend pour prolonger l'accord de réduction jusqu'en mars 2018.

L'année 2018 est marquée par une hausse des prix, passant de 63 dollars en janvier à 80 dollars en mai. La situation se répercute sur les prix à la pompe. Ce qui n'est pas vraiment de bon augure à quelques mois des élections de mi-mandat américaines. Donald Trump fait pression sur l'Arabie saoudite, qui finit par céder.

En novembre 2018, Riyad porte sa production de pétrole à un niveau record de 11 millions de barils par jour (une hausse d'environ 0,5 million de barils par jour, par rapport à octobre). Résultat : le baril de Brent passe de 86 dollars en octobre 2018 à 45 dollars fin décembre. D'autant plus que la croissance du pétrole de schiste américain continue de pousser les prix à la baisse.

Escalade des tensions entre Washington et Téhéran

En 2019, plusieurs éléments vont faire repartir les prix à la hausse. D'abord les interrogations sur l'issue de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, mais aussi l'attaque d'installations pétrolières saoudiennes en septembre qui affecte la capacité de production du pays, puis l'escalade de tensions entre Washington et Téhéran. Le 31 décembre 2019 : le baril de Brent s'échange à 66 dollars.

Mais voilà, au même moment dans la province chinoise de Wuhan, une nouvelle forme de coronavirus, ou pneumonie virale, fait son apparition. L'impact est au début limité, sous-estimé certainement par les observateurs. Au fil des semaines, ce n'est pas seulement l'économie chinoise qui est mise à l'arrêt, mais les perspectives mondiales pour 2020 qui sont revues à la baisse. Le baril de Brent est fortement chahuté par la baisse de la demande chinoise, premier importateur de pétrole au monde. Il l'est encore un peu plus quand l'épidémie de pneumonie virale se répand, laissant craindre une baisse de la demande mondiale. On parle désormais d'un choc de la demande.

Bref, en à peine deux mois, les perspectives ont totalement changé. Début janvier, l'escalade des tensions entre Washington et Téhéran portait le prix du baril de Brent à près de 70 dollars. Fin février, le pétrole flirte à peine avec les 50 dollars.

La Russie décide de faire cavalier seul

Dans ce contexte, les analystes et investisseurs s'interrogent sur la stratégie de l'Opep. C'est même la grande inconnue. L'Arabie saoudite, chef de file de cartel, cherche à soutenir les prix, et demande une baisse de la production de 1,5 million de barils par jour jusque fin 2020. «Les Russes ne vont pas être très chauds», nous disait il y a quelques semaines Jean-Pierre Favennec, consultant spécialiste de l'énergie, professeur à l'IFP School.

Moscou a finalement dit non vendredi dernier, voyant cette nouvelle réduction comme une opportunité pour les pétroliers de schiste américain d'écouler leurs stocks. Mais le choix de la Russie de faire cavalier seul passe mal. Riyad, engagé dans une politique de soutien des prix depuis 2016, riposte et passe à l'offensive en optant désormais pour une stratégie de prise de parts de marché.

L'Arabie saoudite annonce une réduction de son prix de vente officiel de son pétrole (la plus importante en 20 ans selon Bloomberg) et prévoit d'augmenter sa production de brut à plus de 10 millions de barils par jour en avril contre 9,7 ces derniers mois. La décision de Moscou emporte dès vendredi après-midi les prix du pétrole à des plus bas. La chute se poursuit pendant le week-end. Il faut remonter à la guerre du Golfe pour voir une chute aussi forte sur une même journée.

Crise de la demande, guerre des prix

A une crise de la demande très importante face à une offre excédentaire s'ajoute donc une guerre des prix. Conséquence de cette baisse, les valeurs liées au secteur sont emportées. CGG, le spécialiste français de la géophysique, qui a frôlé la faillite en 2017 à cause de prix du pétrole au plus bas, chute en Bourse de plus de 35%.

Vallourec, le géant des tubes sans soudure pour l'industrie pétrolière dégringole de près de 20%. Le groupe a publié il y a quelques jours des résultats financiers en amélioration au titre de l'année 2019 et annoncé une augmentation de capital de 800 millions d'euros au deuxième trimestre 2020.

Comme si cela n'était pas suffisant, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) est venue jouer les Cassandre en annonçant ce lundi une contraction de la demande de pétrole en 2020. Une première depuis 2009. Avec une économie mondiale au ralenti sur une durée indéterminée en raison du contexte sanitaire, l'AIE s'attend désormais à une demande de 99,9 millions de barils par jour (bpj) en 2020, soit près d'un million de bpj de moins que dans sa précédente prévision. Cela représenterait une contraction de 90.000 bpj par rapport à 2019.

Pour l'heure, tout le monde se concentre sur cette nouvelle. Toutefois, l'AIE note aussi qu'elle s'attend à un rebond pour 2021 avec une hausse de la demande de 2,1 millions de barils par jour. En outre, il faut noter que l'insuffisance des investissements dans le secteur pétrolier reste toujours un sujet d'actualité.

Enfin il faut garder à l'esprit que les investisseurs se montrent de plus en plus sceptiques sur le schiste américain. «Depuis 2008, selon la plupart des observateurs, le schiste n'a jamais réussi à réaliser un free cash-flow positif», rappelle Benjamin Louvet de OFI Asset Management. Même les estimations d'ordinaire optimistes sur le shale de IHS Markit se montrent aujourd'hui très conservatrices : une croissance de 400.000 barils par jour en 2020 et une croissance de 0% en 2021. Autant d'éléments qui auront un impact sur les prix.

Sarah Belhadi (redaction@boursorama.fr)

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6 commentaires

  • 11 mars 10:35

    c'est bon pour la consommation. c'est pas bon pour les energies renouvelables...


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