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Actia : valeur nouvelle mobilité en 2021 ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 12/02/2021 à 08:15

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Actia est une ETI familiale basée à Toulouse, qui devrait réaliser en 2020 un chiffre d'affaires de 430 millions d'euros (les résultats seront publiés le 30 mars) avec 3.500 salariée environ, et est une société plutôt "high tech", puisqu'elle conçoit des systèmes électroniques embarqués. (crédit : Actia)

Actia est une ETI familiale basée à Toulouse, qui devrait réaliser en 2020 un chiffre d'affaires de 430 millions d'euros (les résultats seront publiés le 30 mars) avec 3.500 salariée environ, et est une société plutôt "high tech", puisqu'elle conçoit des systèmes électroniques embarqués. (crédit : Actia)

Lieux communs contre évidences : l'éternel problème du biais de conformité

Nous sommes submergés tous les jours par un flot d'informations produites et diffusées par toutes sortes de médias : radios, journaux, télévisions, sites internet, et, enfin, réseaux sociaux, qui sont des médias dans lesquels l'auditeur fabrique lui-même le contenu (ce qui est plutôt merveilleux pour le propriétaire dudit média). Nous sommes donc en principe très bien informés en permanence, même si on peut se demander si, de temps à autres, il n'y a pas beaucoup de bruit et assez peu d'informations utilisables dans ce flot de nouvelles, et surtout si on n'en vient pas très facilement à prendre les lieux communs pour des évidences, et en d'autres termes, les vessies pour des lanternes. Peut-être parce que l'instinct grégaire qui nous meut tous, et qui meut aussi pas mal les marchés, il faut le dire, nous incite à pratiquer assidument ces lieux communs : on est tous un jour victime de ce biais de conformité, qui nous aide à échapper aux évidences, surtout quand celles-ci ne sont pas très agréables, ou pas très gérables.

WallStreetBets : changement de décor

Mais on a beau éviter les évidences, la réalité finit toujours par se venger, et c'est un peu ce qui est arrivé récemment avec l'histoire GameStop à Wall Street, et l'irruption de tout petits spéculateurs qui, comparant leurs impressions sur un site communautaire, reddit.com, et se ralliant sous la bannière des WallStreetBets, ont déclenché une fantastique remontée de ce titre en l'achetant en masse. Une remontée accélérée par les rachats de panique des vendeurs à découvert piégés dans un "short squeeze". Des spéculateurs sans grands moyens qui déclenchent un rallye à la hausse, ça fait désordre, dans un monde où il est communément admis que la Bourse est quasiment un casino, ou en tout cas un marché sur lequel spéculation et investissement sont la même chose dans le fonds, notamment spéculer à la baisse en vendant à découvert puisque l'on peut gagner de l'argent comme ça. Et que ce type de spéculation est plus ou moins réservé aux hedge funds, qui sont quelque part un peu l'aristocratie de l'investissement, puisqu'ils rendent les super-riches encore plus riches.

Mais voilà : des petits spéculateurs à la hausse ont pris à contre-pied des grands spéculateurs à la baisse qui jouaient le déclin inéluctable de GameStop, une chaîne de magasins de jeux vidéo ruinée par le téléchargement, et leur ont fait perdre beaucoup d'argent a priori. Et les hedge funds ressemblent un peu à présent à des barons pillards mis à mal par une jacquerie, ce qui est plutôt cocasse en soi, tout en étant un peu révolutionnaire.

Il faut de tout pour faire un monde

Ceci devait toutefois arriver un jour, car les vendeurs à découvert ont éventuellement la partie trop belle depuis quelques temps : il est plus facile d'attaquer un titre, voire tout un marché, avec les règlementations prudentielles mises en place depuis une dizaine d'années, qui interdisent de fait à d'autres grands acteurs des marchés que sont les banques et les compagnies d'assurance, d'intervenir massivement en achetant des actions quand celles-ci sont massacrées. Des règlementations qui s'auto-justifient en rendant les actions plus spéculatives et donc plus dangereuses en théorie, puisque plus volatiles, que les obligations. Mais pas forcément un bon système si l'on part du principe que seules les actions peuvent délivrer une performance satisfaisante sur le long-terme pour l'épargnant, qui est l'investisseur final, les rendements obligataires étant ce qu'ils sont.

Ceci étant, il faut des spéculateurs pour apporter de la liquidité sur des marchés où les investisseurs ne sont là que de temps en temps, puisque censés conserver longtemps leurs titres avant de les revendre : c'est aussi une évidence, et il faut de tout pour faire un monde (même si ça a l'air d'un lieu commun).

Actia : plutôt high tech…

Des titres qui sous-performent ont cependant le plus souvent de bonnes raisons pour ça en dehors de possibles attaques de hedge funds. Actia (ATI ; 3€), dont le cours a baissé de -37% en 2020, mais progresse de +10% depuis le début de l'année, est une bonne illustration du fait que les marchés d'actions, aussi travaillés qu'ils soient par la spéculation, valorisent toujours plus ou moins (et plus ou moins au bon moment) les fondamentaux présent et à venir d'une société : Actia était en forte perte au 1er semestre 2020, et devrait être à peine à l'équilibre en exploitation sur l'année, mais, avec un peu de chance, devrait se redresser cette année.

Rappelons qu'Actia est une ETI familiale basée à Toulouse, qui devrait réaliser en 2020 un chiffre d'affaires de 430 millions d'euros (les résultats seront publiés le 30 mars) avec 3 500 salariée environ, et est une société plutôt "high tech", puisqu'elle conçoit des systèmes électroniques embarqués : non seulement chaînes télématiques pour voitures premium, camions, bus, et engins de chantier, mais aussi calculateurs, interfaces homme-machine, électronique de puissance et chaînes de traction électriques, et bancs de contrôle technique/diagnostic pour garages, le tout contribuant pour 90% de l'activité, le reste se répartissant entre les stations terrestres satcom, les systèmes de contrôle-commandes de réseaux électriques, et des équipement pour les trains. Actia dépense bon an mal an de 15 à 17% de son chiffre d'affaires en R&D, ce qui est beaucoup, mais ne conçoit que des équipements sur demande pour des clients très exigeants, et les fabrique dans ses propres usines, en Tunisie pour les plus grandes séries, à Toulouse pour les moyennes et petites séries, et depuis peu à Detroit, un site qui a été ouvert en 2019, pour les nouveaux clients américains : le groupe a plus de 70% de son activité hors de France.

… mais plutôt très cyclique aussi : fort impact de la crise sanitaire au 1er semestre 2020

Comme on peut s'en douter, Actia a réalisé un très mauvais premier semestre 2020 avec des usines fermées un temps par le confinement, et des clients frappés eux aussi par la pandémie, plus encore chez les clients constructeurs de bus et de cars que chez le grand client VL, qui est Volvo, et ailleurs aussi, les frontières fermées empêchant notamment de livrer des systèmes satcom à l'export, soit un chiffre d'affaires en baisse de -24% et des résultats très négatifs malgré les aides de chômage partiel, les économies sur les charges externes, l'intérim, la R&D sous-traitée, etc…. Le tout avec une forte consommation de liquidités à la clé, malgré des investissements divisés par 2, et un bilan encore plus lourd à fin juin qu'à fin décembre 2019, soit un ratio d'endettement net/Fonds Propres de 163% contre 138%, un niveau un peu hors norme pour une société cotée il faut le dire, et éventuellement inquiétant (mais éventuellement anodin, voire franchement insuffisant dans le monde du private equity : tout est relatif). Inutile de préciser que les conditions bancaires des prêts ne sont plus respectées, et qu'en bon jargon financier, Actia a brisés ses covenants. Bref…

Bientôt une valeur nouvelle mobilité ?

Mais voilà, tout devrait s'arranger peu à peu, selon la direction toujours familiale du groupe. D'abord parce que l'activité repart : elle n'était plus en baisse que de -11% au troisième trimestre, soit -19,7% sur 9 mois, et devrait ne plus baisser en tout que de -15% sur l'année (publication du CA 2020 : le 23 février), avec a priori un résultat d'exploitation positif ("reconstruit") au deuxième semestre et au-delà. Ensuite parce que Actia a obtenu plus de 30 millions d'euros de PGE, et qu'une bonne partie de cet argent était encore dans la caisse du groupe à fin septembre : le risque de crise de liquidité semble très faible (et c'est bien à ça que servent les PGE), alors que la société discute avec ses banquiers de rallonger ses prêts. Des banquiers qui ont toujours bien soutenu la société jusqu'à présent, il faut le noter.

Ensuite aussi parce que cet endettement lourd découle en bonne partie d'un très gros effort d'investissements ces dernières années : dans ses équipements de production, dans des murs d'usines et de bureaux d'études, etc…, et que cet effort est terminé en principe, ce qui fait qu'Actia devrait recommencer à générer du free cash-flow (ce qui reste après les investissements, et dont l'actionnaire peut faire ce qu'il veut : c'est son argent) si, comme on peut l'espérer, on revient en 2021 au niveau d'activité et de marges de 2019, et commencer à se désendetter. D'autant qu'il est toujours possible de céder l'activité contrôle technique/diagnostic de garages pour un montant appréciable pour accélérer le processus le cas échéant, une activité qui n'a pas souffert en 2020, qui est tout à fait profitable, voire très vache à lait.

Enfin, parce que Actia va mettre en avant ses compétences en électrification de la mobilité en créant une division dédiée : Power, qui a déjà plusieurs productions en cours ou à venir pour des systèmes de traction hybride voire à hydrogène pour bus et train, avec des clients et partenaires comme Siemens ferroviaire, Toshiba ou encore Bolloré. Quelque chose que la Bourse devrait bien aimer, puisque c'est un grand sujet du moment.

La nouvelle mobilité étant une évidence

Et pas un lieu commun.

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2 commentaires

  • 12 février 08:34

    Belle introduction


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