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A chaque moment décisif, Trump a manqué l'occasion d'élargir sa base électorale
information fournie par Reuters 08/11/2020 à 14:25

par Steve Holland

WASHINGTON, 8 novembre (Reuters) - Donald Trump a eu raison de compter sur la loyauté d'une grande partie des Américains qui l'avaient porté, à la surprise générale, à la Maison blanche en 2016. Mais quatre ans plus tard, estiment plusieurs stratèges du Parti républicain, il lui aurait fallu élargir ce socle électoral fidèle en jouant sur l'unité plutôt que la division, ce qu'il n'a jamais envisagé.

Confronté à la conjonction de trois crises - celle du coronavirus, celle de l'économie et celle des violences policières - le milliardaire avait l'occasion de transcender les clivages pour unir l'Amérique. A chaque moment décisif de la campagne, il a opté pour la position inverse, s'en tenant à une rhétorique de division.

Ignorant les avis des scientifiques et de ses propres conseillers, il a suivi à la lettre le script réclamé par son noyau dur de supporters et attaqué ceux qui osaient marquer leur désaccord.

"S'il s'était attelé à mettre en oeuvre une stratégie cohérente et rassurante pour gérer l'épidémie, je suis convaincu qu'il aurait comblé les marges réduites par lesquelles il a perdu plusieurs Etats", assure le stratège républicain Ryan Williams, qui avait conseillé Mitt Romney lors de sa campagne présidentielle de 2012.

"Au lieu de lutter contre la pandémie en écoutant les avis de ses meilleurs conseillers, il a compté encore plus sur son instinct, ce qu'il a fait toute sa vie", ajoute-t-il.

Alors que Joe Biden a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle par les grands médias, Donald Trump refuse aujourd'hui d'admettre sa défaite et promet de contester le résultat de son adversaire devant les tribunaux.

Bien que distancé de plus de 4 millions de voix par le candidat démocrate au niveau national, il a fait bien mieux que ne l'annonçaient les sondages prédisant une "vague bleue" (la couleur du Parti démocrate) et attiré sous son nom plus de 70 millions de voix, soit sept millions de plus qu'en 2016.

"Trump a rempli le contrat", estime le stratège républicain Scott Reed. "Et il va continuer à avoir un impact majeur sur le parti."

ENFLAMMER LA SITUATION

En début d'année, Donald Trump semblait en bonne voie d'être largement réélu. L'économie se portait au mieux, son procès en destitution s'était achevé par un acquittement et le Parti démocrate se déchirait pour se choisir un candidat.

Mais en avril, l'épidémie de coronavirus s'est répandue dans le pays. Voyant que les points presse quotidiens des experts obtenaient de bons scores d'audience à la télévision, le président sortant s'y est invité, mécontent de se faire voler la vedette, avant d'y mettre fin brutalement après avoir provoqué un tollé en suggérant de s'injecter du désinfectant contre le virus. Il dira plus tard que c'était une blague.

Inquiet des conséquences de la pandémie sur l'activité économique, Donald Trump a encouragé les Etats républicains refusant des mesures de confinement et rejeté les avis des scientifiques recommandant un programme national de dépistage et le port du masque obligatoire.

Son discours a pesé sur l'opinion, de plus en plus sceptique face à sa gestion de la crise sanitaire.

Puis il y a eu la mort de George Floyd, un homme noir tué en mai par un policier blanc de Minneapolis, qui a déclenché un vaste mouvement de protestation contre les violences et le racisme au sein des forces de l'ordre.

Alors que les sondages montraient qu'une majorité d'Américains éprouvait de la sympathie pour les manifestants, Donald Trump n'a jamais exprimé de solidarité ou d'intérêt pour leur cause. Il a au contraire eu recours à la force pour faire disperser un rassemblement devant la Maison blanche, avant de poser devant une église, Bible à la main, ce qui n'a fait qu'enflammer la situation.

Pour le stratège républicain Ron Bonjean, le président a manqué là une occasion d'élargir sa base électorale.

"D'un côté, cajoler sa base vous assure d'obtenir près de 50% de soutien globalement, mais pour gagner, il faut séduire davantage d'électeurs", dit-il. "Imaginer des moyens d'élargir sa base aurait pu lui être très utile et lui faire franchir le dernier obstacle."

"UN TRAVAIL FORMIDABLE"

A l'automne, distancé par Joe Biden dans les sondages, Donald Trump a commencé à remettre en cause, sans fournir la moindre preuve, l'intégrité du processus électoral.

Début octobre, le coronavirus l'a rattrapé. Atteint du COVID-19, le président a passé trois nuits à l'hôpital, soigné à l'aide d'un traitement expérimental coûteux dont aucun Américain ne peut pour l'heure bénéficier.

Mais au lieu de ressortir de cette épreuve avec une vision plus nuancée du virus, qui a fait 237.000 morts aux Etats-Unis, le pays le plus touché au monde par la pandémie, il a renoué avec de grands meetings électoraux en accusant les médias et les démocrates d'exagérer la gravité de l'épidémie.

Malgré la hausse constante du nombre d'infections, il a assuré que son équipe "faisait un travail formidable" contre la pandémie et que les Etats-Unis étaient en train de tourner la page de la crise sanitaire.

Selon Charlie Black, qui a conseillé John McCain lors de sa campagne présidentielle de 2008, Donald Trump a été trop obnubilé par l'économie, au point d'en oublier les autres défis majeurs auxquels les Etats-Unis ont été confrontés en 2020.

(version française Jean-Stéphane Brosse)

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