Marie Thibout, stratégiste et économiste chez Mirabaud, estime auprès de Reuters que la Banque centrale européenne (BCE) s'est montrée rassurante jeudi par rapport aux spéculations sur une éventuelle remontée de ses taux directeurs en 2026 ou 2027 comme anticipé par certains observateurs du marché.
La BCE a décidé de maintenir ses taux directeurs et a revu à la hausse certaines de ses projections en termes de croissance économique et d'inflation, suscitant un débat sur la fin de la baisse de taux à court terme, voire d'un possible relèvement.
1./Que retenez-vous des annonces de la BCE?
Je pense que la BCE a eu raison de finir l'année par un statu quo car l'inflation en Europe n'est finalement pas très loin de ses objectifs. En outre, les prévisions d'inflation de la BCE sont assez inchangées par rapport aux dernières prévisions faites en septembre. Et pour la croissance, la BCE a révisé à la hausse ces prévisions, notant qu'elle ne montre pas de signes de ralentissement malgré les droits de douane américains. Cela est lié à l'investissement privé et public, notamment le plan de relance allemand et le développement de l'intelligence artificielle. Donc il n'y avait pas de raison de baisser les taux.
2./Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a récemment déclaré que la prochaine décision de la BCE pourrait être une hausse de taux plutôt qu'une baisse. Les marchés, de leur côté, ont commencé à intégrer la probabilité d'une hausse des taux, comment analysez-vous la réponse apportée par Christine Lagarde sur ce sujet?
Je l'ai trouvée rassurante dans sa réponse, car elle a souligné qu'il y avait trop d'incertitudes pour se prononcer pour une hausse ou une baisse des taux dans le futur. Elle a souligné que la BCE ne pouvait pas faire de 'forward guidance' en ce moment, c'est-à-dire une indication prospective de la politique monétaire, en raison des incertitudes sur l'évolution de l'inflation et de la croissance. La BCE va donc continuer à regarder réunion après réunion. Il est difficile d'identifier pour quelle raison la BCE devrait remonter ses taux.
3. En termes de gestion, comment voyez-vous l'année 2026?
Sur le marché des changes, le dollar devrait poursuivre sa baisse et l'euro continuer à s'apprécier. Nous estimons que le mouvement qui a commencé l'année dernière n'est peut-être pas terminé. La monnaie américaine souffre de plusieurs facteurs, dont des doutes sur l'indépendance de la Fed, sur la soutenabilité de la dette publique et des dossiers qui vont revenir à l'ordre du jour avec les décisions qui sont attendues par la Cour suprême au premier trimestre. Tout cela ne va pas aider le dollar.
Pour les actions, elles vont continuer d'être tirées par les bénéfices des entreprises avec la croissance qui est censée repartir en Europe. Christine Lagarde a noté les investissements dans l'intelligence artificielle qui se poursuivent. Et quand la croissance européenne se reprend, en général, cela favorise les petites et moyennes capitalisations.
Dans les obligations, nous favorisons plutôt le crédit et avons une vision assez neutre sur le souverain en Europe.
(Propos recueillis par Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)

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