
LA FRANCE SOUHAITE UNE GESTION COORDONNÉE DES DJIHADISTES
PARIS (Reuters) - La France souhaite une gestion coordonnée des djihadistes étrangers et de leurs familles encore présentes en Syrie et en Iraq, déclare Christophe Castaner, qui accueille ce jeudi à Paris un G7 des ministres de l'Intérieur.
La priorité est d'éviter la dissémination de ces hommes et de ces femmes après la chute des derniers bastions de Daech, rappelle le ministre français de l'Intérieur.
"Il faut aussi que les djihadistes arrêtés soient jugés et condamnés", ajoute-t-il. "Ce G7 des ministres de l'Intérieur doit nous permettre d'avoir une position coordonnée."
Le sujet est au menu d'un dîner de travail. Les pays du G7 et les forces kurdes qui détiennent nombre de ces djihadistes ont pour le moment des approches divergentes.
Les Etats-Unis encouragent ainsi les pays d'origine à les reprendre en charge, le Royaume-Uni a prononcé des déchéances de nationalité, tandis que les Kurdes proposent de mettre en place une juridiction pénale internationale dédiée dans la région.
La France souhaite pour sa part que les adultes soient jugés sur place, rappelle Christophe Castaner. "Pour les enfants, nous traitons au cas par cas, dans le respect scrupuleux du droit, en particulier celui relatif à l'autorité parentale", ajoute-t-il.
Cinq orphelins âgés de cinq ans et moins ont été rapatriés en France, "ce qui porte à une centaine le nombre de mineurs revenus depuis 2015", précise Christophe Castaner, selon qui environ 500 enfants de parents français et de moins de 13 ans sont ou ont été dans la zone syro-irakienne.
"Parmi eux, 350 sont partis avec leurs parents et quelque 150 sont nés sur place", ajoute-t-il. "Globalement, nous avons dénombré 1.300 départs de Français vers les zones de combat, 271 personnes qui en sont revenues et 314 qui y ont trouvé la mort."
Christophe Castaner estime par ailleurs que la proposition kurde d'un tribunal pénal international "mérite d'être étudiée" mais "pose des questions pratiques" : "Quel personnel envoyer sur place ? Qui paie ? Le TPI a un coût très élevé. Il faut installer une prison, mettre des magistrats à disposition."
CRIMINALITÉ ENVIRONNEMENTALE
La lutte contre l'utilisation d'internet par les extrémistes à des fins de recrutement ou de propagande est aussi au coeur de ce G7, qui réunit les ministres de l'Intérieur français, britannique, italien, allemand, japonais, américain et canadien.
Le récent massacre de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, "marque les noces de sang entre Internet et le terrorisme", constate Christophe Castaner : "Une vidéo de 17 minutes est restée 29 minutes sur les réseaux sociaux et a été copiée des millions de fois."
"Ma première crainte a été celle d'actes commis par mimétisme ou par vengeance", ajoute-t-il. "S'il y avait eu un drame, la responsabilité des Gafa aurait été engagée."
Là aussi, les attitudes divergent entre l'approche "coopérative" des pays qui accueillent ces grands groupes et qui misent sur une régulation spontanée et l'approche contraignante, par la législation, avec de lourdes sanctions financières - la voie choisie par l'Europe et discutée au Parlement européen.
"Les Gafa doivent s'impliquer (...) pour retirer les contenus terroristes dès qu'ils apparaissent, les 'marquer' et éviter leur rediffusion", souligne Christophe Castaner.
"Face à la propagande terroriste, la puissance des Gafa doit aussi aider les démocraties à diffuser de l'information positive, du contre-discours", ajoute-t-il.
Autre sujet de ce G7 : la criminalité environnementale, souvent liée à des réseaux de drogue ou de prostitution, voire au financement du terrorisme.
Selon Christophe Castaner, c'est la troisième activité criminelle la plus lucrative au monde, derrière les trafics de drogue et les contrefaçons, ses bénéfices se situant dans une fourchette entre 110 et 280 milliards de dollars.
"Pour l'heure, on s'attaque au crime environnemental objet par objet. Je souhaite que ce G7 offre la possibilité d'amorcer une approche plus globale, portée devant les Nations unies et d'où découlerait un plan d'action coordonnée", ajoute-t-il.
Ce G7 sera l'occasion jeudi après-midi d'une rencontre bilatérale entre le ministre français et son homologue italien, Matteo Salvini, chef de la Ligue d'extrême droite, la première depuis la crise diplomatique de février entre Paris et Rome.
(Emmanuel Jarry et Michel Rose, édité par Yves Clarisse)
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