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L'Allemagne peut-elle faire pire que le Japon ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 24/06/2021 à 11:35

Véronique Riches-Flores
Véronique Riches-Flores

Véronique Riches-Flores

RF Research

Fondatrice

https://richesflores.com/

L'Allemagne peut-elle faire pire que le Japon ?

L'Allemagne peut-elle faire pire que le Japon ?

L'économie allemande semblait bien positionnée l'année dernière pour se remettre d'une crise sanitaire qu'elle avait plutôt mieux gérée que nombreux de ses voisins. Mieux placée que la plupart de ses partenaires pour profiter de l'envolée attendue de la demande mondiale automobile et surfer sur celle des infrastructures que les plans de relance ne manqueraient pas de produire, l'industrie allemande apparaissait pour bien des observateurs comme le ticket gagnant de la reprise post-Covid. Signe de la confiance qu'elle inspirait, le DAX récupérait entre avril et juin 2020 l'essentiel du terrain perdu à l'égard des principaux concurrents après deux années de sous-performance continue ; avec une envolée de plus de 26 %, l'indice parvenait, même, à détrôner la performance du S&P 500 de quelques points durant cette brève période.

Performance relative du DAX hors dividende contre le CAC 40. (source : VRF Research, Macrobond)

Performance relative du DAX hors dividende contre le CAC 40. (source : VRF Research, Macrobond)

Un an plus tard, le sentiment a bien changé. Les vagues successives de l'épidémie ont happé le pays comme les autres, généré d'importantes tensions politiques et impacté la confiance des consommateurs. Malgré le regain effectif de la demande industrielle internationale, l'avantage supposé de l'Allemagne n'a guère porté ses fruits. Les exportations ont piétiné et les projections d'un futur industriel en voie de décarbonation rapide menacent de se transformer en un boulet plutôt qu'en avantage pour l'une des premières puissance manufacturières au monde après la Chine. Preuve de ces déboires, même l'industrie japonaise a réussi à faire mieux que sa rivale allemande ces derniers mois. Le phénomène est assez rare pour être remarqué, tant les structures et le tempo de l'activité industrielle sont traditionnellement proches entre les deux pays. Le léger surcroît de spécialisation nippon dans les nouvelles technologies a manifestement joué. Les exportations japonaises à destination de la Corée, du Brésil et de la Chine se sont envolées depuis le début de l'année ; l'accroissement de la demande robotique et la pénurie mondiale de puces électroniques ont également profité au pays du Soleil Levant.

Production manufacturière comparée de l'Allemagne et du Japon. (source : VFR Research, Macrobond)

Production manufacturière comparée de l'Allemagne et du Japon. (source : VFR Research, Macrobond)

Sans doute la plupart de ces résultats sont-ils éphémères ; la croissance des commandes de machines adressées à l'industrie nippone a déjà commencé à fléchir au printemps et les indicateurs avancés de l'activité industrielle les plus récents, dorénavant moins portés par les effets de base, ne laissent guère envisager de prouesses à brève échéance. Ces observations ont néanmoins mis l'accent sur les particularités de la situation allemande, la sous-performance marquée de son activité industrielle depuis, non pas 2020, mais depuis son point haut de 2018, forçant à s'interroger sur les capacités d'adaptation d'un tissu industriel éminemment carboné à une croissance future plus verte.

Le cycle d'investissement à venir ne semble pas devoir être celui d'une extension des capacités, grand domaine de spécialisation allemande, mais plutôt celui d'une modification des techniques de production, plus favorable à la demande de produits de nouvelles technologies sur lesquels l'Allemagne est nettement moins présente. Dans l'industrie automobile, domaine de prédilection qui a porté le pays dans les premiers temps de la reprise de la décennie écoulée et de promesses d'avenir, les déboires s'ajoutent aux déboires, avec une production réduite de plus d'un tiers ces six derniers mois par rapport à son niveau moyen des années 2015 à 2018. Là encore, la perte de vitesse du secteur n'a pas attendu la crise du Covid, en effet ; la production allemande avait déjà subi une réduction de près d'un quart au cours des dix-huit mois antérieurs.

Production automobile en Allemagne. (source : VRF Research, Macrobond)

Production automobile en Allemagne. (source : VRF Research, Macrobond)

La maitrise de l'épidémie et le retour progressif à une vie économique plus normale offriront sans doute à l'industrie allemande de quoi se ressaisir d'ici la fin de l'année. Mais avec un profil autrement moins favorable que dans la plupart des autres pays, l'Allemagne aura sans doute du mal à afficher une croissance de 2 % de son PIB cette année ; une performance très éloignée de celle attendue pour la plupart des grandes économies, française, y compris, mais, surtout, qui risque de marquer le début d'une longue période de sous-performance de l'économie allemande dans le monde industrialisé.

C'est semble-t-il ce que commence à intégrer le DAX, lequel pourrait être d'autant plus sensible au tassement des indicateurs avancés de l'industrie que la disparition des effet de base risque fort de précipiter au cours de l'été.

Véronique Riches-Flores, économiste indépendante chez RICHESFLORES RESEARCH, membre du Cercle des Analystes Indépendants

5 commentaires

  • 27 juin 09:50

    La BCE peut continuer à arroser les pays europeens de liquidite car ceux qui pretent ont encore confiance en l Euro et cela grace aux frugaux. Sans eux, notre monnaie serait devaluee. Mais les élections de septembre en Allemagne vont changer la donne, car les rachats de dette nevont pmis etre permis, surtout pour la France qui est devenu number one des rachats de la BCE. Et on va bien rire, surtout nos politiciens avec leur quoi qu il en coute, nous beaucoup moins.


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