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16/01/2023
Secteur / Pétrole & Gaz : Retour sur la crise énergétique en Europe.
Nous revenons sur le secteur Pétrole & Gaz et faisons un point sur les perspectives de prix de l'énergie en Europe. Au global, nous réitérons notre vue selon laquelle les acteurs du secteur devraient continuer à bénéficier d'un environnement de prix du pétrole et du gaz élevé et ce, malgré quelques vents contraires à court terme. En effet, au niveau du gaz, même si les prix ont baissé dernièrement en raison des conditions météorologiques hivernales très douces dans toute l'Europe, le marché du GNL devrait rester tendu selon nous à moyen terme, au moins jusqu'en 2025E. Cette pression baissière avait déjà commencé avant l'hiver du fait de la constitution de stocks très confortables en Europe, remplis à près de 95% de leur capacité maximale début novembre, soit un niveau largement supérieur à l'objectif des 90% fixé par l'Union Européenne (UE), pour faire face à l'arrêt de l'approvisionnement russe. En parallèle, les efforts d'économies d'énergie ont permis de réduire la demande de gaz naturel au sein de l'UE de 12% en 2022 (-50 md de m³, dont 20 md de m³ provenant des conditions météorologiques favorables), et de plus de 20% sur la fin d'année (août-novembre), par rapport à la moyenne des cinq années précédentes (> à l'objectif des 15% de l'UE). Dans ce contexte, le Vieux continent pourrait selon nous passer l'hiver sans trop de difficultés et être en mesure de remplir à nouveau ses réserves à 90-95% avant l'hiver prochain. Toutefois, la réduction de la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe ne se fera certainement pas en l'espace d'un an, mais plutôt à moyen terme, les autres saisons hivernales étant toujours à risque selon nous. Pour l'hiver prochain, l'UE devra par exemple encore augmenter ses importations de GNL de 60 md de m³ par rapport à 2021 et 20 md de m³ par rapport à l'année dernière, ce qui pourrait s'avérer compliqué selon nous. En effet, si l'Europe a réussi à augmenter considérablement ses importations de GNL en 2022, c'est notamment grâce à des prix au comptant plus élevés que ceux en Asie, une région également très dépendante de ce type d'énergie. Or les prix européens sont inférieurs à ceux visibles en Asie depuis la réouverture de l'économie chinoise. La concurrence entre les deux régions au niveau des approvisionnements en gaz devrait donc s'intensifier et compliquer la situation en Europe. Au niveau du pétrole, l'assouplissement des mesures sanitaires en Chine devrait également soutenir les prix de l'or noir. Les exportations de pétrole russe devraient aussi commencer à baisser à mesure que le prix de l'Urals s'effondre (USD 55/b vs USD >80/b en novembre dernier), à un niveau proche des coûts de production des entreprises pétrolières russes, ce qui constitue un effet encore positif pour les prix du pétrole au global (Brent, WTI). Enfin, l'interdiction prochaine des autres produits pétroliers russes par l'UE (à partir du 5/02) pourrait nettement soutenir les marges de raffinage des acteurs du secteur cette année. Nous réitérons donc nos hypothèses de prix du pétrole et du gaz à court et moyen terme ainsi que notre optimisme sur les valeurs du secteur comme ENI et TotalEnergies. Nous réduisons néanmoins légèrement nos estimations sur acteurs du secteur de notre couverture, en raison : 1) du décalage d'un an de nos modèles de valorisation ainsi que 2) d'un effet négatif plus important que prévu de la taxe sur les superprofits des supermajors au Royaume-Uni.