Puces mémoires sur un smartphone Samsung. Le coréen, leader du marché, s’attend à une baisse de 30 % de son résultat opérationnel. MAKZIN/ADOBE STOCK
ÉLECTRONIQUE Trop ou pas assez ? Le paysage dans les semi-conducteurs est pour le moins contrasté. Vendredi dernier, Samsung Electronics et AMD, deux poids lourds de la puce électronique, ont publié des alertes sur leurs résultats. Les chiffres du troisième trimestre, qui n’ont pas encore été rendus publics, seront bien inférieurs aux attentes du marché. Le Coréen, leader du marché, s’attend à une baisse de 30 % de son résultat opérationnel. Pour lui, c’est la double peine. D’une part, il est frappé par le recul des ventes mondiales de smartphones (-7 %) et de téléviseurs (-6 %), deux marchés qu’il domine. Un portable sur cinq vendus dans le monde est un Samsung et près d’un poste de télé sur trois.
D’autre part, le groupe subit la baisse de la demande mondiale en semi-conducteurs ; chute qui découle de la baisse de la consommation en biens électroniques. Au mois d’août, les ventes mondiales de semi-conducteurs ont atteint 47,4 milliards de dollars, en recul de 3,4 % par rapport au mois de juillet, ce qui est la plus forte baisse mensuelle enregistrée depuis septembre 2019, selon World Semiconductor Trade Statistic (WSTS). Seul le numéro un mondial, le Taïwanais TSMC, semble tirer son épingle du jeu, avec un chiffre d’affaires en hausse de 48 %, à 20 milliards de dollars, au troisième trimestre,
Au point qu’une question se pose désormais : y a-t-il une surcapacité de production en composants électroniques ? « Il n’y aura pas de surcapacités. La croissance du marché reste supérieure à celle des capacités de production, tranche un porte-parole de Samsung. La demande est portée par de nombreux usages, pour exemple pour la gestion de la consommation énergétique, ou le développement de l’intelligence artificielle. » Les investissements consentis par les grands fabricants de puces entre 2022 et 2025 devraient pourtant atteindre 680 milliards de dollars. Sans pour autant parvenir à saturer le marché.
En effet, ces nouvelles capacités de production concernent à plus de 80 % les technologies de dernière génération. Ces processeurs, dont la gravure inférieure ou égale à 22 nanomètres, sont essentiellement destinés aux équipements électroniques, aux serveurs utilisés dans les centres de stockage de données, aux calculateurs haute capacité et autres équipements de dernier cri. Le développement d’autres secteurs, comme celui de l’internet des objets, de l’industrie 4.0, des bâtiments intelligents, vient ajouter de nouvelles demandes en connecteurs et capteurs de tous genres, et donc, en puces.
« Les investissements sont importants, mais insuffisants dans les tailles de gravure plus élevées, entre 65 et 150 nanomètres, qui sont les plus matures », explique un fin connaisseur du dossier. Or, ce sont justement ces composants qui sont demandés par les constructeurs automobiles ! Il n’y a pas de passerelle entre les différents marchés. De plus, les constructeurs veulent pouvoir acheter en grande quantité des composants aux prix les plus bas et le tout avec une grande flexibilité. Des conditions que les fondeurs rechignent à accepter, expliquant pourquoi l’industrie automobile est encore confrontée à des difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs.
Si les véhicules récents embarquent plus d’une centaine de puces, les générations futures pourraient être moins gourmandes en s’appuyant sur de nouvelles architectures de processeurs, capables de gérer plusieurs fonctionnalités. Un choix que Tesla a déjà opéré, intégrant davantage de processeurs graphiques (GPU), comparables à ceux prisés par le secteur du jeu vidéo.
Dans l’équation, la principale inconnue est chinoise. Le pays investit massivement en nouvelles capacités, essentiellement dédiées aux processeurs « matures », pour des raisons de capacités techniques. Pour le moment, cette production est essentiellement destinée au marché chinois. Mais quand sera-t-il dans les années à venir ? Ces nouveaux entrants pourraient directement venir concurrencer les Européens sur leur propre terrain, avec des puces meilleur marché.