2000 - France Télécom a fait la proposition financière la plus élevée (261 millions $) devant Vivendi Télécom qui a consenti à proposer 255 millions $
2017 - Les abonnés de Mauritius Telecom ont assisté la semaine dernière à un changement de nom de marque du réseau mobile de l’entreprise. Orange qui était utilisé depuis septembre 2007 à Maurice, en remplacement de Cellplus, a laissé la place à MyT. Ce changement de dénomination touche aussi les services et produits de la société télécoms.
2018 - Entre Mauritius Telecom et Orange, le second détenant 40 % du capital du premier, la pression est redescendue d’un cran.
À l’issue d’âpres négociations, l’opérateur historique de l’île, dirigé par Sherry Singh, vient d’annoncer le versement de dividendes à ses actionnaires pour l’année 2017. En juin, sa direction avait fait voter une résolution contraire lors de l’assemblée générale. Au sein du groupe français, son partenaire stratégique depuis l’an 2000, cette décision avait eu l’effet d’une bombe.
Cette crise n’est qu’un nouvel épisode qui met en évidence la dégradation des relations entre les deux groupes
« Rien dans la situation financière de l’entreprise ne le justifie », déplorait à l’époque Bruno Mettling, président d’Orange Moyen-Orient et Afrique. La venue à Paris du Premier ministre mauricien le 7 septembre a permis de rétablir le contact entre les parties. Cette crise n’est qu’un nouvel épisode qui met en évidence la dégradation des relations entre les deux groupes.
Développement international
Arrivé à la tête de l’opérateur en 2015, Sherry Singh a progressivement fait évoluer la stratégie de Mauritius Telecom, auparavant aligné sur les intérêts du groupe français. Il a notamment fait du développement international de son entreprise une priorité pour pallier le manque de perspectives offertes par le marché mauricien, déjà mature. Ni la participation de Mauritius Telecom dans Orange Madagascar ni sa filiale à Vanuatu, revendue en 2017, ne répondaient selon lui à cette ambition.
La ligne de conduite adoptée par Sherry Sing a fait naître une défiance durable à son égard chez Orange
Après avoir tenté d’acquérir Tigo Rwanda en 2017, l’opérateur mauricien essayait, jusqu’à ces dernières semaines, de mettre la main sur Uganda Telecom, et Sherry Singh justifiait sa décision de ne pas verser de dividendes par la nécessité de conserver intactes les capacités de financement de son groupe pour mener à bien l’opération.
Même si celle-ci est aujourd’hui abandonnée, la ligne de conduite adoptée par Sherry Sing a fait naître une défiance durable à son égard chez Orange où désormais on pointe l’incompatibilité pour ce dernier d’exercer à la fois son rôle de directeur général et celui de conseiller politique du Premier ministre.
2023 - Premier opérateur de l’île Maurice, Mauritius Telecom cherche de nouveaux relais d’expansion sur le continent africain. Les Seychelles, Madagascar, le Congo-Brazzaville et le Ghana sont notamment visés.
Cité le 6 octobre par l’agence d’information financière Bloomberg, Kapil Reesaul, le directeur général de la société a confirmé que celle-ci évaluait des opportunités dans plusieurs pays africains. Parmi les pays cités comme potentiels cibles par l’opérateur, les Seychelles, Madagascar, le Congo-Brazzaville et le Ghana.
Faire du développement international un levier de croissance
De fait, Mauritius Telecom, qui compte un peu plus d’un million d’abonnés à la téléphonie mobile et près de 400 000 lignes fixes, cherche depuis de nombreuses années à faire du développement international un levier de croissance pour pallier le manque de perspectives offertes par le petit marché mauricien (1,3 million d’habitants), particulièrement concurrentiel (outre Mauritius Telecom, le marché est partagé avec les opérateurs MTML et Emtel) et déjà mature (taux de pénétration supérieur à 150 %).
Interrogé par Bloomberg, Kapil Reesaul a par ailleurs précisé que l’expansion envisagée ne passerait pas nécessairement par l’acquisition d’un opérateur mobile existant et que celle-ci pourrait se déployer sur un autre canal que les communications mobiles. « Nous avons les ressources et la capacité d’investir, nous sommes soutenus par des banques réputées grâce à notre solide assise financière. Nous sommes donc à la recherche de nouveaux marchés et de marchés de niche où nous sommes convaincus de pouvoir reproduire ce que nous avons réalisé à Maurice », a développé le patron de Mauritius Telecom.
L’opérateur français Orange comme actionnaire
L’ambition portée par la direction de l’opérateur mauricien s’inscrit en tous les cas dans une stratégie appliquée depuis plusieurs années de profiter de la croissance du marché des télécoms à l’échelle continentale pour changer de dimension. Une approche qui ne donne toutefois pas toujours les résultats escomptés. Après avoir tenté de prendre le contrôle de Tigo Rwanda en 2017 (finalement racheté par l’Indien Airtel), l’opérateur mauricien avait essayé, l’année d’après, de mettre la main sur l’opérateur Uganda Telecom. Là encore, sans succès probant. Fondé en 1992, Maurice Telecom est détenu à hauteur de 33,49 % par l’État, 19 % par la banque publique SBM Holdings, 40 % par l’opérateur français Orange et 6,55 % par le Fonds national des pensions (NPF).
2024 - Mauritius Telecom (MT) a enregistré un chiffre d’affaires record de 12,7 milliards de roupies (environ 259 millions d’euros) pour l’année fi¬nancière 2023, marquant une croissance de 11,2 % par rapport à 2022. Les bénéfi¬ces nets de la compagnie s’établissent à 1,2 milliard de roupies en 2023 (22 millions d’euros), comparé à 1,1 milliard en 2022.