e président américain Donald Trump a déclaré avoir eu un entretien "génial" avec son homologue chinois Xi Jinping, jeudi, lors duquel les deux dirigeants ont conclu une trêve commerciale fragile sans toutefois s'attaquer aux causes profondes de leurs différends.
Les accords présentés à cette occasion sur l'achat chinois de soja américain, la suspension pendant un an par Pékin de ses contrôles sur les exportations de terres rares et une baisse de 10% des droits de douane sur les produits chinois représentent un retour au statu quo, avant l'offensive en commerciale en avril du "Liberation Day" de Donald Trump.
Ils mettent en lumière les divergences entre les désirs de Washington et les concessions que Pékin est prête à faire.
Rien n'a ainsi été conclu sur les dossiers jugés comme les plus sensibles par Donald Trump en avril, à savoir la politique industrielle de la Chine, sa surcapacité manufacturière et son modèle basé sur l'exportation.
"De quoi parlons-nous ? On parle d'une désescalade de mesures prises par les deux parties depuis le retour de l'administration Trump", observe Emily Kilcrease, directrice du Center for a New American Security.
Les résultats des négociations soulignent la robustesse de la nouvelle ligne adoptée par le président Xi qui repose sur un éventail de mesures, comme le contrôle des exportations, déployées en réponse à chaque mouvement de l'administration Trump.
Un responsable au fait des négociations avance que la partie chinoise avait des attentes réalistes de cette réunion qui n'incluaient pas une réinitialisation fondamentale de la relation bilatérale.
La délégation chinoise s'est toutefois félicitée de l'attitude de Donald Trump qui a qualifié cette rencontre de "G2", poursuit le responsable, sous couvert d'anonymat.
Ce dernier ajoute que la Chine voit cette rencontre comme un pas déterminant vers un sommet plus important qui pourrait aboutir à une stabilisation de la relation sino-américaine.
"UN GRAND DIRIGEANT D'UN GRAND PAYS"
A la lumière des tensions entre les deux pays, le fait que les deux dirigeants acceptent de se rencontrer l'an prochain après une réunion chaleureuse offre un répit bienvenu pour les multinationales, selon les analystes.
Lors de son entretien avec Donald Trump, Xi Jinping s'est dit prêt à travailler avec le locataire de la Maison blanche pour "établir les fondations solides de la relation sino-américaine et créer un environnement favorable au développement des deux nations".
"Le développement et le renouveau de la Chine ne sont pas incompatibles avec le but du président Trump de 'rendre sa grandeur à l'Amérique'", a déclaré Xi Jinping, en référence au slogan de campagne du président américain.
De son côté, le président américain s'est montré affable et chaleureux envers son homologue chinois, le qualifiant de "grand dirigeant d'un grand pays".
"Quand le timing est serré, l'accord et la structure pour parvenir à l'accord fonctionnent comme un mécanisme d'engagement entre les deux pays afin qu'ils puissent traiter les questions de manière appropriée et ajuster leurs intérêts mutuels à l'avenir pour s'assurer que les discussions se poursuivent", estime Bo Zhenguyan du cabinet en conseil Plenum, basé à Shanghai.
Donald Trump a déclaré que les droits de douanes américains sur les biens chinois passeraient de 57% à 47% en échange d'un effort de la Chine sur les exportations de fentanyl.
Le président Xi travaillera "très dur pour arrêter le flux" de composants utilisés pour la production de l'opiacé qui a causé la mort de nombre d'Américains, a déclaré Donald Trump, reconnaissant que le dossier était compliqué.
Les droits de douane ont été abaissés "car je pense qu'ils vont vraiment prendre des mesures fortes", a-t-il ajouté.
"SITUATION DIFFICILE"
Cet accord permet aux deux parties de gagner du temps. Donald Trump enregistre une victoire avant son déplacement prévu en avril à Pékin alors que Xi Jinping obtient une réduction des droits de douane américains qui pesaient sur les entreprises chinoises.
Mais les avancées sont à nuancer.
Les dernières mesures de contrôle des exportations de terres rares décidées par Pékin en octobre sont seulement suspendues pendant un an et les précédentes restrictions chinoises imposées en avril, qui avaient provoqué des pénuries mondiales, sont toujours en vigueur.
"Je pense que ce que nous avons vu cette année confirmer la stratégie chinoise de ne jamais frapper en premier mais de toujours répliquer", estime Joe Mazur, analyste géopolitique à Trivium China.
"Il est clair que les terres rares sont le premier levier, la carte majeure que la Chine peut abattre contre les Etats-Unis. Il ne semble pas que les Etats-Unis possèdent pour l'instant d'un levier comparable ni d'un moyen de briser cette emprise", poursuit-il.
Da Wei, directeur du Centre pour la sécurité et la stratégie internationale de l'université Tsinghua, met en garde contre une escalade dans les relations entre les deux pays qui pourrait avoir des conséquences sur la relation personnelle entre Donald Trump et Xi Jinping.
"Si l'escalade des tensions perdure, la patience et la confiance que les deux dirigeants entretiennent sur le plan personnel risquent de disparaître", ajoute-t-il, alertant sur "une situation très difficile" à l'avenir.
Génial, on continue à Chorter