Bonjour à tous,
Voici un petit édito que je viens de finir et que je vous soumets.
Bonne lecture les z'amis !
Ils dansent. Pan*tins dés*articulés sur la scène d'un théâtre dont ils ont oublié qu'ils étaient les dram*aturges. La réalité ? Cette matière malléable qui se plie désormais aux capri*ces de celui qui paie le mieux. Nous sommes devenus les enfants mons*trueux d'une époque qui a troqué la vérité contre le confort de ses propres mensonges.
J'observe cette métamorphose avec la fas*cination mor*bi*de du naturaliste contemplant la chry*salide d'où n'émergera jamais le papillon. Car ce qui s'extrait de notre coc*on technologique n'a plus rien d'ailé. C'est une créature ram*pante, aveugle, qui confond la lumière de son écran avec celle du soleil.
Les pré*jugés qui se reconfigurent, changeant de costume mais gardant la même structure osseuse. Nous assistons, im*puissants ou comp*lices, à cette valse ma*cabre où l'hostilité trouve toujours de nouveaux danseurs. La disso*nance cognitive est devenue notre hymne national. Nous chantons en chœur des contradictions que nous ne percevons même plus.
Mais le plus terrifiant reste cette réduction progressive de l'être à sa fonction co*nsu*mé*riste. L'homme-enfant qui ra*ge contre tout ce qui ne le gratifie pas immédiatement. Cette in*fantilisa*tion programmée, orchestrée par des marionnettistes de la Sil Valley qui interdisent les écrans à leurs propres enfants. Iro*nie grin*çante d'une époque où les pour*vo*yeurs d'ad*dic*tion ne touchent pas à leur propre sub*stance.
Chaque notification est une micro-do*se. Chaque s*wi*pe, une capitulation. Nous avons été condi*tionnés comme des ch*iens de Pav*lov numériques, salivant au son de nos propres chaînes. Les algorithmes nous connaissent mieux que nous-mêmes. Ils prédisent nos désirs avant même qu'ils n'éclosent dans notre conscience atro*phiée.
Le neu*ro-mark*eti*ng a cartographié notre cerveau rep*tilien. Ils savent exactement où planter leurs hame*çons cognitifs. Nous mor*dons. Toujours. Avec la prévisibilité d'un auto*mate bien huilé. La personnalisation n'est pas un service, c'est une pri*son dorée où chacun devient le ge*ô*lier de sa propre cel*lule mentale.
Bulles de filtres. Chambres d'écho. Réalités sur mesure. Chacun reçoit SA version du monde, confirmant ses biais, nourrissant ses peurs, validant ses av*ersions. Plus de réalité partagée. Plus de terrain commun. Juste des mon*ades isolées, flottant dans un océan de données qui les noient sans qu'elles s'en aperçoivent.
La déformation collective du réel n'est plus un accident sociologique. C'est un business mo*del. Plus nous sommes frag*mentés, an*xieux, déconnectés, plus nous consommons. Le serpent qui se dévore lui-même avec une efficacité algorithmique.
J'ai vu des hommes brillants devenir obtus. Des femmes sensibles devenir insensibles. Des enfants curieux devenir apa*thiques. L'attention humaine, cette den*rée précieuse, bra*dée pour quelques secondes de dopamine synthétique. Nous passons de douze à huit secondes de concentration. Bientôt, nous ne pourrons même plus finir une... (sic)
Et pourtant. Car il y a toujours un "et pourtant" dans l'équation humaine. Cette prise de conscience, même tardive, porte en elle les ger*mes d'une résistance. Non pas celle, romantique, des bar*ricades, mais celle, plus subtile, de la reconnexion. Au réel. À l'autre. À soi.
Certains commencent à comprendre que la véritable révolution consiste à éteindre. Débrancher. Retrouver le silence d'où peut émerger une pensée qui n'est pas pré-mâchée par un algorithme. Réapprendre la lenteur. La frustration. L'ennui même, ce terreau fertile de la créativité.
Nous sommes à un carrefour. D'un côté, l'autoroute vers une déshu*manisation totale, où nous ne serons plus que des nœuds dans un réseau, des data points dans une matrice. De l'autre, un sentier escarpé vers une forme de résistance cognitive, où nous devrons réapprendre à penser contre nous-mêmes, contre nos biais, contre notre confort.
Le choix nous appartient encore. Pour combien de temps ? La question flotte dans l'air vi*cié de notre époque comme l'odeur de la pou*dre avant la bataille.
Nous dansons toujours. Mais certains commencent à entendre que la musique s'est arrêtée depuis longtemps. Et dans ce silence retrouvé, peut-être, juste peut-être, pourrons-nous réentendre le battement de notre propre cœur. Celui qui nous rappelle que nous sommes encore humains.
Malgré tout.
Bien à vous