Krach oui, pas mini et un peu plus tard en automne. Voir article de Zero hedge du 6 aout :
Le média numérique ZeroHedge vient de publier un article alarmant sur la dette française. Si je rapproche ce constat du fait que, depuis mai 2025, un représentant du journal est invité à la Maison-Blanche, je ne peux m’empêcher de penser que la publication d’un texte sur la dette française est un coup de sonde. ZeroHedge est à la fois très critiqué et très lu aux Etats-Unis. Critiqué pour son mélange de pensée libertarienne et d’analyses sans complaisance des guerres de l’Amérique, le média est cependant très lu dans les milieux politiques et financiers américains. C’est pour cela qu’un article sur l’endettement français ne peut pas nous laisser indifférent.
Le bilan budgétaire de la France : le deuxième géant de la zone euro est-il le prochain sur la liste ?
La France est prise dans une spirale d'endettement. Le président de la Cour des comptes met en garde contre les conséquences de l'inaction politique.
Pierre Moscovici a présidé la Cour des comptes française pendant cinq ans, supervisant les audits réguliers des finances publiques. De 2012 à 2014, il a été ministre des Finances, puis commissaire européen aux Affaires économiques et financières, à la Fiscalité et aux Douanes pendant cinq ans. Il sait gérer les caisses vides.
Mercredi, Moscovici a appelé le Premier ministre François Bayrou à prendre des mesures urgentes pour assainir les finances publiques. La situation budgétaire de la France, a-t-il déclaré, est devenue incontrôlable, surtout en 2023 et 2024. Si un redressement n'intervient pas rapidement, les marchés financiers l'imposeront. « Nous pouvons encore agir volontairement », a-t-il averti le gouvernement, « mais demain, les marchés pourraient imposer l'austérité. »
Pour l'instant, calme sur les marchés obligataires
Une fois que les dominos commencent à tomber, la situation s'accélère. Les investisseurs se débarrassent massivement des obligations d'État françaises. Les rendements grimpent, les prix s'effondrent et le refinancement de l'énorme dette du pays devient encore plus coûteux. Les paiements d'intérêts absorbent déjà 10,6 % du budget de l'État français, soit à peu près autant que les dépenses d'éducation. À mesure que le niveau d'endettement augmente, la marge de manœuvre budgétaire se réduit.
Avec une dette souveraine atteignant 114 % du PIB, le piège pourrait se refermer de manière inattendue. Pour l'instant, les responsables européens pointent toujours du doigt les États-Unis, dont les ratios d'endettement sont similaires. Mais personne ne peut prédire combien de temps cette tactique de déviation fonctionnera. Le risque de crédit se matérialise soudainement, généralement sans prévenir.
Point de non retour
Ce que nous savons, c'est qu'historiquement, un ratio d'endettement supérieur à 100 % du PIB est déjà considéré comme critique. À ce stade, même des réformes ambitieuses suffisent rarement à sortir de cette situation difficile. Et à moins que le pays endetté n'émette la monnaie de réserve mondiale, les marchés financiers rendront leur verdict, comme nous l'avons vu lors de la crise de la dette de la zone euro il y a quinze ans.
Ce qui suit est familier : l’intervention de la banque centrale pour maintenir la liquidité des finances publiques en faisant tourner la planche à billets, transférant ainsi la facture aux citoyens par le biais de l’inflation.
La France n'a jamais été réputée pour son conservatisme budgétaire. Des années d'impasse politique, de majorités changeantes et de coalitions instables ont poussé les déficits annuels bien au-delà du seuil de 3 % fixé par Maastricht. En 2024, le déficit a atteint 5,8 % du PIB. Malgré les premières mesures d'assainissement, il devrait rester à 5,5 % cette année, soit bien au-dessus de l'objectif.
Pas de reprise économique en vue
Si les responsables politiques français tablent sur un retour de la croissance économique, ils risquent d'être déçus. En mai, l'indice des directeurs d'achat (PMI) du secteur manufacturier s'est établi à 48,1 et celui des services à 49,6, tous deux en contraction. Les PMI reflètent le climat des affaires : un indice supérieur à 50 indique une croissance et un indice inférieur à 50 un déclin. Ils sont considérés comme des indicateurs précoces des tendances économiques et industrielles.
En d’autres termes : malgré – ou peut-être à cause – des dépenses publiques massives, l’économie française est coincée dans la récession.
Risque de contagion
La crise budgétaire qui se prépare en France est plus qu'une tragédie nationale. Aux côtés de l'Allemagne et de l'Italie, la France est scrutée de près par les analystes et les investisseurs du monde entier. Paris parviendra-t-elle à consolider ses finances publiques ? La confiance dans la solvabilité de la France est fragile depuis des années. En 2023, Moody's a été la dernière grande agence de notation à abaisser la note AAA de la France, lui attribuant une perspective négative.
Si les marchés financiers continuent de dégrader la note de la dette française, les conséquences se répercuteront sur l'ensemble de la zone euro. Ici, la vieille règle s'applique : tenir ensemble ou se séparer. Les marchés obligataires ont tendance à passer d'un maillon faible à l'autre, réévaluant rigoureusement la solvabilité en situation de crise. Ceux qui vacillent paient des intérêts plus élevés, ou perdent tout accès au marché. Moscovici le sait.
La pression sur les gouvernements nationaux s’accroît : soit ils mettent en œuvre des réformes budgétaires drastiques, soit ils augmentent la charge fiscale des citoyens.
L'exception française
La France est un cas particulier. Avec un ratio de dépenses publiques de 57,3 % du PIB, elle se classe parmi les États-providence les plus performants au monde. De ce fait, la pression fiscale globale s'est élevée à 45,6 %, bien au-dessus de la moyenne européenne , qui s'élève à environ 40 %. Les citoyens renoncent déjà à près de la moitié de leurs revenus pour entretenir les illusions sociales de Paris.
La paix sociale s'achète avec de l'argent qui n'existe plus, financé par la dette et soutenu par l'illusion de la souveraineté budgétaire. Quand même le plus haut commissaire aux comptes du pays exige des assainissements, une chose est sûre : la situation est sur le point de devenir sérieuse. Le budget social, fondement du pacte politique discret qui maintient les troubles dans les banlieues à distance, est en jeu.
L'histoire nous l'enseigne : lorsque les gouvernements réduisent les programmes sociaux en France, la paix sociale s'effondre. Alors, les banlieues – de Paris à Marseille en passant par Lyon – partent en fumée.
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À propos de Thomas Kolbe : Depuis plus de 25 ans, il travaille comme journaliste et producteur média pour des clients issus de divers secteurs et associations professionnelles. En tant que publiciste, il se concentre sur les processus économiques et observe les événements géopolitiques du point de vue des marchés financiers. Ses publications s'inscrivent dans une philosophie centrée sur l'individu et son droit à l'autodétermination.