Bonjour à tous,
Nous voilà donc au pied du nouvel autel, fascinés par la py*thie numérique qui ré*gurgite des oracles à la demande. Les intelligences artificielles génératives, nous dit-on, sont une révolution. Quelle farce ! Il ne s'agit pas d'une révolution, mais d'une dissolution. L'agent muta*gène le plus virulent jamais in*oculé dans le corps symbolique de l'humanité, une cyber-peste qui ne s'attaque pas à nos poumons, mais à la substance même de notre pensée : le verbe.
Nous pensions naïvement que les mots étaient l'écume visible d'un océan de sens ; nous découvrons qu'ils peuvent être le produit sté*rile d'une alchimie numérique. La conséquence première de cette pro*fanation est une corrosion acide de l'âme, un sentiment d'infériorité qui s'installe dans le subconscient. À quoi bon passer des heures à ciseler une phrase, à chercher le mot juste, à structurer un argument, quand la machine vomit en une seconde un texte plausible, souvent plus articulé que celui du commun des mortels ? L'humain, jadis interprète de l'Absolu, se retrouve simple opérateur d'une prothèse qui le dépasse, un singe laborieux face à la désinvolture d'un dieu de silicium.
Cette humi*liation programmée engendre le désengagement. Pourquoi cultiver le sens de l'effort quand l'efficacité maximale est atteinte par la pa*resse ? L'adversité véritable, celle qui forge les âmes, est remplacée par la facilité du clic. On supprime le chemin, on ne garde que la destination, oubliant que toute la valeur résidait dans le voyage. Nous nous condamnons à une torpeur technologique, une stagnation de l'esprit où plus aucune initiative n'ose naître sans la validation de l'oracle , créant une génération de pan*tins applaudissant leur propre déchéance.
Et c'est ici que le piège se referme dans la violence. Car que se passe-t-il quand le langage, cet outil millénaire de la négociation, du débat et de la catharsis, est totalement dévalué ? Quand les mots ne sont plus le reflet d'une conviction, d'un travail ou d'une souffrance, mais une simple denrée probabiliste, ils perdent leur pouvoir de médiation. La frustration née de l'inutilité, couplée au sentiment d'être un rouage obsolète, ne peut s'évacuer par un verbe devenu artificiel. Elle cherchera donc une autre issue, la seule qui lui reste : l'expression physique, brute, primale.
Lorsque les mots ne portent plus, les poings parlent. Quand la rhétorique n'est plus qu'une affaire d'algorithme, la force redevient l'arbitre. Dans la grande clairière, quand la hyène n'a plus la crédibilité de négocier , l'aigle n'écoute pas : il dicte par la violence. En anéantissant la valeur de l'effort intellectuel et du verbe humain, l'IA générative ne prépare pas un futur radieux ; elle pave la voie à un retour à la loi du plus fort, où la complexité de la pensée est balayée par la simplicité du coup.
Nous menons une guerre contre nous-mêmes, et nous venons de nous doter de l'arme de notre propre servitude, en la célébrant comme un progrès.
Bien à vous