Please someone call 9-1-1
Alors oui, en théorie il y aurait des pompiers potentiels, l’OPEP pourrait compenser une partie des barils qui n’arriveraient pas à bon port, les USA pourraient rouvrir leurs réserves stratégiques. Sans oublier que l’Iran, malgré sa rhétorique, n’a jamais vraiment bloqué le détroit (pas stupides non plus, vu que leurs clients, c’est surtout la Chine, l’Inde, le Japon… ils ont pas trop envie de les froisser). Néanmoins, ce détroit, c’est le goulot d’étranglement énergétique de la planète. 1 bateau sur 5 qui transporte du pétrole passe par là. On parle de 20 millions de barils par jour, et surtout de la moitié du pétrole exporté par les pays du Golfe. Si on ferme Ormuz, on coupes le robinet de l’énergie mondiale. C’est pas juste une mauvaise nouvelle pour Total et Exxon, c’est un séisme global.
Imaginez ne serait-ce qu’un instant :
Étape 1 : L’Iran balance des mines ou des drones marins dans le détroit.
Résultat : plus personne ne veut passer. Les primes d’assurance pour les navires explosent, les flux s’arrêtent net.
Étape 2 : Riposte militaire quasi immédiate.
Les États-Unis, qui ont la 5ème flotte juste dans le coin, ne vont pas regarder ça en mangeant des popcorns et en tant que spectateurs. Répliques, frappes ciblées, et hop : on passe du conflit régional à la crise géostratégique mondiale.
Étape 3 : Le pétrole flambe – il a déjà commencé, d’ailleurs.
120 $ le baril ? Peut-être. 150 ? Pas impossible. Et là, l’inflation fait un comeback version « Terminator numéro 8, je suis de retour et je suis pas content ». Les banques centrales paniquent. La Fed oublie toute idée de baisse de taux. L’Europe ? Déjà KO, prend une 2ème droite. Pour l’instant, le baril est volatile – si vous regardez le chart, jeudi dernier on clôture à 69 et des poussières. Vendredi on fait un top intraday à 77.62$ et dimanche soir, le WTI était à 71.29$ – ça reste du sport extrême en ce moment.
Mais revenons à nos étapes : Étape 4 : Les marchés plongent.
Les valeurs de croissance s’effondrent. Les défensives montent. L’or s’envole. Le dollar devient la dernière planche de salut (avec le franc suisse, bien sûr). Et les value-stocks se lèvent de leur lit après des années de coma.
Étape 5 : La Chine et l’Inde hurlent.
Pourquoi ? Parce que c’est leurs pétroliers qui passent surtout par là. Et pour eux, une pénurie de pétrole à 120 ou 150 $, ça veut dire croissance qui cale – déjà que c’est pas terrible en ce moment – puis des usines qui ferment et inévitablement des tensions sociales qui arrivent. Ça commence furieusement à ressembler à une guerre mondiale… économique.
Reste juste à voir si l’Iran va le faire ?
Et franchement, selon les experts, ça paraît peu probable. Peu probable parce que ça leur coûterait cher. Très cher.
• Tout d’abord ce serait un acte de guerre pur et simple, qui isolerait totalement le pays.
• Ensuite, leurs clients principaux sont en Asie. Ils ne vont pas couper leur propre business.
• Et pour terminer, ils savent très bien que l’armée US n’attend que ça pour leur rentrer dans le lard. Ça fait depuis la crise des otages de 1979 que les USA attendent une bonne occasion pour mettre la pâtée aux Mollah – alors Trump a beau ne pas être un « va-t-en guerre » comme Obama, il ne faudra quand même pas le pousser trop loin et trop fort.
Mais attention : un verrouillage temporaire, même de 24h, pourrait suffire à mettre le feu aux poudres. Les marchés réagissent plus aux titres de presse qu’aux faits. Il suffit d’un missile bien placé, d’un tanker touché, d’une rumeur de mine flottante… et c’est parti pour un rallye du pétrole et une panique des indices.
En résumé, voici ce qu’il faut retenir pour ces prochains jours :
• Ormuz, c’est le talon d’Achille de l’économie mondiale.
• Le verrouiller, c’est couper l’arrivée d’essence du moteur de l’économie.
• Les marchés y pensent tout le temps
• Et l’Iran, même s’il menace souvent, sait que la punition derrière serait brutale.
Ce qui nous amène assez logiquement à l’autre axe principal de la semaine : LA FED, Jerome Powell et Trump qui va lui hurler dessus.