map je n'ai pas vraiment envie de recommencer une "discussion" sur le quantique avec vous
mais vos lectures, relations et compréhension sur ce sujet sont incomplètes et erronées.
Par exemple :
"
Le quantitique c'est au niveau de l'électron. Donc avant d'arriver à l'électron, faudrait déjà arriver au nano et 10 atomes puis au demi nano et 5 atomes puis au dixième de nano et 1 atome, mais expliquer moi avec 2 nano comment on peu faire une puce quantique.
"
Il y a plusieurs technologies pour réaliser puis piloter puis lire des qubits.
Vous parlez de "gravure" et évoquez donc le quantique sur silicium,
comme on pratique pour les circuits numériques classiques.
Je vous ai donné une référence pour cette technologie
à savoir Quobly, la spin-off du CEA-Leti.
Sur le forum Soitec, j'avais donné les liens vers plusieurs de leurs brevets
qui expliquent comment on réalise des "boîtes quantiques"
et comment on y active des "qubits de spin"
avec l'objectif de l'étape en cours
d'en graver une centaine sur une puce.
La gravure permet de réaliser la "maison"
dans laquelle se placera la particule, coeur du qubit.
Plusieurs autres technologies de qubit sont utilisées
qui n'utilisent ni silicium, ni gravure mais, par exemple, des lasers.
Pour contribuer à mon tour à ce bel étalage de connaissances (on a la fine fleur de la physique du 21 e siècle sur le forum) et rebondir sur le sujet laser/photons en matière de projets ordinateurs quantiques, je vous invite à lire une toute récente itv d’Alain aspect le mois dernier :
«
Si vous aviez 25 ans et un budget illimité, sur quel sujet de recherche vous concentreriez-vous aujourd'hui ?
Un de mes excellents thésards, Antoine Browaeys, est venu me voir il y a quelques années en me disant : « Quand j'étais étudiant, on avait deux sujets mythiques : la mise en évidence du boson de Higgs et la détection des ondes gravitationnelles. Les deux problèmes sont résolus. Que reste-t-il comme sujet ambitieux ? » J'ai répondu : « Ce sur quoi tu travailles déjà, l'ordinateur quantique. » Celui-ci repose sur la manipulation de qubits, unités d'information utilisant les principes d'intrication et de superposition quantiques, offrant des capacités de calcul extraordinairement plus grandes que les ordinateurs classiques.
C’est le grand mystère actuel de la physique : quelle est la limite entre le monde classique et le monde quantique ?
C'est une question fondamentale pour plusieurs raisons : nous ne savons pas où cela va nous mener, nous ignorons s'il pourra tenir ses promesses et nous ne savons pas si les obstacles sont purement technologiques ou s'il existe une limite fondamentale. C'est le grand mystère actuel de la physique : quelle est la limite entre le monde classique et le monde quantique ? J'en profite pour dire qu'on parle d'avantage quantique pour la possibilité de faire des calculs impossibles avec des ordinateurs classiques, mais on peut aussi penser à la possibilité de faire des calculs complexes mais accessibles à l'ordinateur classique en dépensant beaucoup moins d'énergie, ce qui est un des enjeux du siècle.
À lire aussi : Comment le français Qubit Pharmaceuticals veut révolutionner la médecine grâce au quantique
Pourquoi est-ce si difficile de créer un ordinateur quantique ?
Le défi principal est d’obtenir un nombre suffisant de bits quantiques (qubits) intriqués qu’on peut manipuler sans décohérence, c’est-à-dire sans que les phénomènes de superposition et d’intrication disparaissent. Plusieurs approches sont en développement. Alice & Bob travaille sur des objets quantiques artificiels, construits avec de la microélectronique et des supraconducteurs. Ces systèmes peuvent bénéficier de toutes les technologies de la nanoélectronique, mais ils présentent l’inconvénient, n’étant pas des objets naturels, d’être difficiles à rendre parfaitement identiques.
Pasqal, de son côté, utilise des atomes de rubidium et bénéficie de l'avantage des bits quantiques basés sur des objets naturels : tous les atomes de rubidium sont identiques, donc reproductibles. Il y a aussi l'approche par ions, ces atomes auxquels il manque un électron : étant chargés, on peut les contrôler avec des champs électriques et magnétiques. Enfin, Quandela travaille avec les photons, qui sont d'excellents bits quantiques, mais qu'on ne peut pas garder immobiles – ce sont ce qu'on appelle des « flying qubits », des qubits volants. Dans ce domaine, le sujet de la mémoire quantique est crucial. Cette technologie permet de stocker et de synchroniser des informations quantiques.
À Paris, Welinq développe des mémoires quantiques en utilisant des atomes ultrafroids. Le but est de créer des dispositifs capables d'interconnecter plusieurs processeurs quantiques, augmentant ainsi la puissance de calcul disponible. Cette technologie facilite également le transfert fiable d'informations sur de longues distances, ouvrant la voie à des réseaux de communication quantique plus étendus et sécurisés que les systèmes classiques. C'est un domaine essentiel pour l'avenir.
Vous êtes très impliqué dans les start-up du quantique en France… Pourquoi encourager l'entrepreneuriat dans le secteur ?
J'ai toujours été favorable aux applications de nos recherches fondamentales. Donc, quand les jeunes ont une bonne idée et me sollicitent, j'ai tendance à dire oui. Je suis dans le conseil scientifique de plusieurs start-up comme Quandela et Welinq parce que c'est de la physique que je sens bien. J'ai également été un des premiers investisseurs dans Muquans, une start-up, créée par mes anciens étudiants, qui fabrique des gravimètres quantiques. Une belle réussite qui a depuis été rachetée par iXblue, devenue Exail fin 2022.
La vraie question sur l'IA est : peut-elle faire des découvertes fondamentales ?
Et puis il y a l'histoire de Pasqal. Christophe Jurczak, un ancien étudiant revenu des États-Unis à la tête d'un fonds d'investissement en technologies quantiques, m'a interpellé il y a quelques années : « Qu'est-ce que vous attendez pour développer des start-up quantiques ? Vous avez des résultats magnifiques. Aux États-Unis, il y aurait déjà trois start-up ! » Je l'ai dirigé vers Antoine Browaeys, qui développait un ordinateur quantique remarquable dans son laboratoire de recherche fondamentale. Le soir même, Antoine est venu me voir en me disant : « J'y vais à condition que tu te lances avec nous. » C'est ainsi que je suis devenu cofondateur de Pasqal « à l'insu de mon plein gré » [Rires.] »