Alors que la course à l'intelligence artificielle s'accélère entre les Etats-Unis et la Chine, les décideurs du monde entier doivent se réunir la semaine prochaine à Paris. La France et l'Europe veulent incarner « une troisième voie »
Les jours sont comptés avant l'ouverture du Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle (IA), les 10 et 11 février, à Paris. Alors que l'engouement ne faiblit pas au sujet de cette technologie, avec de multiples annonces et une compétition mondiale plus forte que jamais, la France a pour ambition de « mettre le monde entier autour de la table », comme l'a expliqué la ministre déléguée au Numérique et à l'IA, Clara Chappaz.
Le 10 février, 500 personnalités de haut niveau - chefs d'Etat, dirigeants d'entreprises, chercheurs - sont attendues dans l'écrin du Grand Palais pour des tables rondes thématiques autour de l'IA. Parmi les stars de premier plan, Sam Altman, le patron d'OpenAI, mais aussi Sundar Pichai, le directeur général de Google, ont confirmé leur venue. Côté français, le cofondateur de Mistral AI Arthur Mensch sera, lui aussi, de la partie.
Le lendemain, les chefs d'Etat se réuniront pour la séquence diplomatique. En ligne de mire : la volonté de « montrer que l'IA ne se cantonne pas seulement aux géants de la tech », indique l'Elysée, qui a fait de l'IA « inclusive » une des priorités de ce sommet international.
Donald Trump dépêche son vice-président
L'événement sera coprésidé par l'Inde, avec la présence du Premier ministre, Narendra Modi, aux côtés d'Emmanuel Macron. « Nous partageons une vision profondément commune de l'IA avec ce pays », explique la présidence.
Selon nos informations, le président américain Donald Trump ne fera pas le déplacement, mais sera représenté par son vice-président J. D. Vance. Du côté de la Chine, qui a défrayé la chronique avec sa pépite DeepSeek, une « participation de haut niveau » est attendue.
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Parmi les Européens, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a confirmé sa participation, tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui « souhaite adresser un message fort sur la stratégie européenne en IA », précise l'Elysée. L'exécutif européen a en outre dévoilé la semaine dernière sa « boussole de compétitivité », qui lève le voile sur ses grandes orientations pour renforcer l'économie européenne, en particulier dans le domaine de l'IA, en soutenant davantage les start-up et l'investissement privé.
La présidence française espère pouvoir faire signer une déclaration finale avec les Etats représentés à propos de la gouvernance de l'intelligence artificielle, notamment sur les questions d'inclusivité et de durabilité. Le sommet sera également l'occasion du lancement d'une fondation pour l'intelligence artificielle, qui prendra la forme d'un nouveau fonds international, dont les contours financiers demeurent flous, pour développer des infrastructures pour l'IA et élargir l'accès à cette technologie à l'échelle mondiale.
« Choose France de l'IA »
L'exécutif veut aussi faire du sommet un événement économique pour « placer la France et l'Europe au coeur de la carte de l'IA », confiait récemment aux « Echos » Anne Bouverot, envoyée spéciale pour l'organisation de l'événement. « Nous voulons incarner une troisième voie, et ne pas perdre la bataille de l'IA », souligne l'Elysée, alors que l'Europe peine à trouver sa place ces dernières semaines entre les velléités américaine et chinoise sur le sujet.
Des start-up françaises comme Pigment, Alan, Owkin et H seront ainsi mises à l'honneur dans les différents échanges, aux côtés d'autres pépites tech comme les américains Anthropic et Google DeepMind.
Si des annonces d'investissements n'étaient à l'origine pas à l'ordre du jour, les organisateurs semblent avoir changé leur fusil d'épaule. « Nous serons dans la lignée de Choose France », explique la présidence, en référence au sommet annuel lancé en 2018 par Emmanuel Macron où les grandes entreprises internationales annoncent leurs investissements dans l'Hexagone.
Ces investissements devraient concerner à la fois le volet infrastructures (data centers) et des partenariats entre acteurs privés. Les grandes banques américaines JP Morgan et Citi, habituées du sommet Choose France, seront présentes.
Le volet business du sommet aura spécifiquement lieu le 11 février à Station F, temple parisien des start-up. Plus de 5.000 participants, des grandes entreprises aux jeunes pousses en passant par les investisseurs, devraient s'y retrouver.
« Un grand vent d'optimisme souffle du côté des entreprises, assure Roxanne Varza, à la tête de Station F. Evidemment, les places sont limitées. Il peut donc y avoir un sentiment de frustration, mais nous sommes convaincus que ce sera une grande réussite. »
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Joséphine Boone