Le groupe familial français, qui conçoit, assemble et commercialise des produits et des services dans le domaine du transport et de la logistique, dévoile ses ambitions pour 2023. Une année durant laquelle Amazon pourrait bien faire son entrée au capital.
Avec plus de 50 000 véhicules à travers le monde, Gaussin bénéficie d'une belle notoriété sur trois marchés : les terminaux portuaires (et aéroportuaires) (APM), la logistique (ATM) et les souterrains (MPV). Depuis 2012, l'entreprise familiale a fait le choix d'arrêter le moteur thermique au profit de l'électrique et de l'hydrogène. Pour cela, Gaussin a investi 140 millions d'euros en recherche et développement afin de mettre au point une gamme complète de véhicules, certains autonomes, et de technologies associées, mêlant ainsi des projets stratégiques en matière de zéro émission et d'automatisation. Aujourd'hui, Gaussin peut capitaliser sur les développements R&D et passer à la phase de commercialisation, et consolider ainsi sa place de leader sur les segments logistiques, portuaires et sousterrains. Le business model du groupe repose sur un mix de vente directe et sous licences pour une croissance rapide et maîtrisée, en développant des partenariats techniques, commerciaux et stratégiques. Le modèle de licence permet à Gaussin d'accélérer le déploiement de sa technologie à l'échelle mondiale, tout en limitant les besoins en fonds de roulement et les investissements en Capex (dépenses d'investissement liées aux immobilisations). L'objectif est d'atteindre les 30 millions d'euros de revenus de licence par an. Le déploiement local de la technologie du groupe est déjà en cours aux États-Unis dans le but de développer une capacité de production afin de répondre à la demande croissance du pays. De nouvelles licences pourraient être déployées au Moyen-Orient, ainsi que la création de co-entreprises locales afin de gagner en parts de marché à l'échelle mondiale.
Made in France
Le meilleur exemple étant la commande de 329 tracteurs électriques par Amazon annoncée en décembre dernier. Avec cet accord, Gaussin s'engage à livrer les tracteurs de chantier électriques aux sites Amazon aux États-Unis à partir du début du printemps 2023. Ils seront fabriqués en France dans l'usine située à Saint-Vallier (26), qui dispose actuellement la capacité de produire 2 400 tracteurs de chantier électriques par an. Gaussin prévoit également d'ouvrir une usine de fabrication aux États-Unis en 2023, ce qui permettra au groupe d'étendre son implantation commerciale et de production en Amérique du Nord à la suite de partenariats stratégiques avec Plug Power et d'autres entreprises nord-américaines. Par ailleurs, Christophe Gaussin indique à propos du géeant du e-commerce : « Amazon recevra des bons de souscription sans paiement jusqu'à 20 % des actions entièrement diluées de Gaussin sur une base post-émission à compter de la date de signature de l'accord d'émission de bons de souscription, sous réserve de l'approbration des actionnaires lors d'une assemblée générale extraordinaire des actionnaires qui sera convoquée le 7 février prochain. Chaque bon donne droit à son titulaire de souscrire à une action Gaussin, sous réserve des ajustements anti-dilutifs. » Et d'jouter : « Les BSA, qui ne représentent pas un investissement direct ou une acquisition d'actions Gaussin par Amazon, auront une durée de 10 ans à compter de la date de leur émission après approbation des actionnaires et seront acquises en trois tranches successives en fonction des paiements effectués par Amazon à Gaussin dans le cadre des commandes au cours de ces termes, avec pleine acquisition soit si les versements atteignent 500 millions de dollars, soit en cas de changement de contrôle de Gaussin. » À ce jour, rien n'indique qu'Amazon voudrait s'emparer du groupe familial, au quel cas il aurait lancé une OPA (une offre publique d'achat). Le géant américain a tout de même fait savoir son intérêt d'entrer au capital de Gaussin, ou tout au moins que celui-ci devienne son partenaire unique.
Enfin, grâce aux incitations du gouvernement pour la réindustrialisation en France, Gaussin a rapatrié une partie de sa production dans l'Hexagone. Le nouveau site de Saint-Vallier, où sont fabriqués les tracteurs pour Amazon, est doté de deux lignes d'assemblage dédiées aux véhicules logistiques et portuaires. Il a une capacité de production annuelle de 800 ATM et 400 APM par an dès 2024 et nécessite l'embauche de 150 à 200 salariés dès cette année. Pour l'assemblage, le groupe a également signé des licences en Australie, qui couvre le marché néo-zélandais, à Singapour et au Qatar. En parallèle, avec un carnet de commandes en croissance de 68 % à 130 millions d'euros (77 millions l'an dernier), l'année 2023 permet à l'entreprise familiale de prévoir d'excellentes perspectives en 2023.