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Après que les Forges de Tarbes aient signé un accord de coopération record, c'est au tour d'Inertam de remporter l'un des plus gros appels d'offres de son histoire. Deux bonnes nouvelles pour les filiales d'Europlasma, qui ne font pas oublier au Groupe que son action en bourse s'est effondrée. Entre perspectives de développement et difficultés de financement, Jérôme Garnache-Creuillot, le PDG, fait le point pour Placéco.
Récemment, vous avez remporté un appel d'offre pour un marché estimé à 15 millions d'euros en Algérie : quel est-il ?
Il s'agit d'un marché de grande ampleur qui prévoit la destruction de plusieurs milliers de tonnes de déchets amiantés en provenance d'Algérie. Le chiffre d'affaires qui pourrait se dégager de cette opération est de 15 millions d'euros, ajustable en fonction du tonnage réel et de la typologie des déchets réceptionnés. Je dois dire que ce n'est pas le premier appel d'offres que nous remportons mais c'est sans doute l'un des plus importants, si ce n'est le plus important dans l'histoire d'Inertam, notre filiale landaise. Evidement, nous n'avons pas répondu seuls, c'est un consortium composé de plusieurs entreprises qui s'est formé et dont les expertises se complètent. Il s'agit de sociétés algériennes, avec notamment, notre partenaire NCC Environnement, de la société Entreprise des Travaux Hydraulique et Protection de l'Environnement (ETHPE) et de la société Global Industriel Security Environnement (GISE). A noter que ce marché prévoit le reconditionnement, la collecte, le transport et lélimination des déchets amiantés provenant du démantèlement de la centrale thermique à vapeur de Jijel, située à proximité du port de Djen Djen, en Algérie. En tout, ce sont 7.000 tonnes de déchets amiantés que nous prévoyons de traiter sur trois ans, au fur et à mesure de leur exportation. Nous devrions recevoir 2.500 tonnes par an.
Quels sont pour Europlasma les enjeux liés à ce marché ?
Notre principal enjeu à l'heure actuelle, c'est notre capacité à traiter ces déchets et surtout, de tels volumes. En plus des 2.500 tonnes par an sur trois ans, nous avons d'autres clients en parallèle, en France comme à l'étranger. Or, dans le cadre de la Convention de Bâle, nous avons l'obligation de traiter tous les déchets qui ne sont pas originaires de l'Hexagone, en un an. Aujourd'hui nous avons des clients venus d'Italie et de Suisse notamment, et ce sont des contrats que nous devons également honorer dans les mois à venir. Et puisque nous sommes la seule usine en France et même au monde, de destruction définitive des déchets amiantés, cette tâche nous incombe. Par ailleurs, les bénéfices que nous devrions dégager de ces opérations, devraient nous permettre de redresser, au moins en partie, la situation financière de cette filiale mais également des autres.
Autre enjeu pour Europlasma, honorer la commande record de 120.000 corps creux aux Forges de Tarbes. Pour y parvenir, vous avez signé un accord de financement pouvant atteindre un montant nominal maximum de 15 millions d'euros sur 36 mois par l'émission d'obligations convertibles ou échangeables en actions nouvelles. Pouvez-vous nous expliquer ?
Nous avons effectivement un programme dit d'obligations convertibles ou échangeables en actions nouvelles et/ou existantes de la société avec bons de souscriptions d'actions attachées. Ces obligations sont souscrites par le fonds Environmental Performance Financing. Concrètement, il s'oblige, à chaque appel de fonds et à chaque émission d'obligation, à souscrire à l'obligation. Ensuite cette obligation est convertie sur le marché, en actions ; ce qui explique en partie, l'énorme dilution sur les titres d'Europlasma depuis que nous avons repris la structure. C'est regrettable pour nous, mais aussi et surtout pour les actionnaires. Nous avons aujourd'hui une énorme dilution donc, ainsi qu'une très forte diminution du cours de la bourse. L'action s'est effondrée et avec elle, nos leviers de financement ; de ce fait, le recours à ce programme d'actions convertibles a été le seul moyen pour nous de reprendre Europlasma et de déployer à nouveau les différentes activités du groupe. On cherche évidemment des solutions alternatives, autres que ce programme d'actions convertibles et je pense qu'on pourra le faire prochainement, au cas par cas, à travers nos différentes filiales. Nous avons des activités qui sont en train de se retourner et des filières plus porteuses que d'autres. Mon but à terme, est que nos différentes structures soient toutes « break even », c'est-à-dire que toutes les filiales atteignent un seuil de rentabilité et recommencent à générer des bénéfices.
Pour financer l'augmentation de vos volumes de production, au niveau des Forges de Tarbes notamment, vous avez également reçu un soutien financier de l'Etat : de quoi s'agit-il ?
Dans le cadre d'un dispositif de soutien aux exportations, l'État a en effet récemment accordé aux Forges de Tarbes une avance remboursable s'élevant à 7,14 millions d'euros. Leur objectif est de contribuer au financement des investissements prévus sur le site de production jusqu'en 2025. Les versements des fonds effectués par Bpifrance Assurance Export seront échelonnés sur trois ans. D'ici là, nous avons pour ambition d'être en mesure d'absorber des pics pouvant aller jusqu'à 160.000 pièces par an, et ce, dès 2025. Cette décision a été instruite par la Direction générale de l'armement, et elle s'inscrit par conséquent dans la continuité des trois licences d'exportation déjà accordées, qui permettent d'exporter des produits soumis à restriction, tels que les corps creux produits à Tarbes.
Au-delà des problématiques de financement, quels sont les défis pour atteindre la rentabilité au sein de ces différentes filières ?
Côté Inertam, nous avons une unité de production qui fonctionne aujourd'hui très bien et dont nous avons amélioré le procédé. Lorsque nous l'avons reprise, elle tournait à 14 tonnes/jour. Aujourd'hui nous sommes passés à 25. Nous avons aussi diminué la consommation énergétique, ce qui nous a permis de réduire drastiquement nos factures. Il y a sur site une consommation, notamment au niveau du traitement des déchets amiantés, qui est de 2,5 mégawatts. Quand nous l'avions reprise, à l'époque, le site approchait les cinq mégawatts. C'est une consommation qui reste élevée et de ce fait, notre objectif aujourd'hui avec cette filiale est de produire notre propre énergie. Nous prévoyons d'implanter des ombrières de panneaux photovoltaïques, mais aussi augmenter notre capacité de production de Combustibles Solides de Récupération (CSR), pour alimenter la ligne de production. En parallèle de ces économies d'énergie, nous souhaitons être en mesure d'augmenter les volumes de production et de dégager ainsi plus de bénéfices. En ce qui concerne Les Forges de Tarbes, la question de l'énergie est également une de nos préoccupations majeures. Là aussi, nous souhaitons passer au photovoltaïque pour devenir plus autonomes.