(AOF) - L'action Worldline reste en tête de l’indice SBF 120 et reprend 18,81 % à 3,367 euros, après sa chute de plus de 38% hier. Le groupe français avait dévissé après sa mise en cause pour le traitement de paiements pour des milliards d'euros de transactions qualifiées de " douteuses, voire frauduleuses " dans le cadre d'une enquête baptisée " Dirty Payments " et réalisée par plusieurs journaux européens.
Invest Securities indique que le nouveau directeur général, Pierre-Antoine Vacheron, s'est montré hier soir plutôt rassurant en expliquant que les marchands à risque ne pratiquaient pas d'activité illégale. Le dirigeant a précisé qu'ils représentaient " une part marginale de son chiffre d'affaires après la décision prise à l'automne 2023 d'arrêter ses relations avec certains marchands compte tenu d'une exigence de conformité renforcée (140 millions d'euros de chiffre d'affaires perdu en année pleine) ", ajoute le broker.
Worldline a toutefois pu compter sur le soutien de Bpifrance, qui détient 5 % de son capital, via José Gonzalo, directeur exécutif, Direction Mid & Large Cap et Fonds Propres PME. Lors d'une conférence de presse, ce dernier a indiqué être " d'accord avec ce que la société a dit ". Il a également ajouté que le directeur général de Worldline " nous exprime tout ce qui est mis en place pour qu'on soit tout à fait rassurés ". Il a conclu en confirmant l'engagement de Bpifrance " on va rester là encore un bon moment de manière à ce qu'on retrouve une valeur qui reflète la valeur de la société ".
Pour autant, Invest Securities fait remarquer que " les déconvenues s'accumulent " et que " la tâche du nouveau CEO s'annonce encore plus compliquée que prévu ". Selon lui, "la jurisprudence Wirecard appelle à la prudence et explique certainement la réaction boursière d'hier".
Dans une note, UBS explique ne pas être en mesure d'évaluer la validité des affirmations faites. Le bureau d'études s'inquiète des dommages sur la réputation du groupe, ce qui pourrait avoir un impact sur les partenariats indispensables ou sur les marchands qui utilisent la plateforme.
" La visibilité sur les perspectives du groupe - qui était déjà limitée suite à la décision du nouveau directeur général de reporter les prévisions pour l'ensemble de l'année jusqu'à la publication des résultats du premier semestre 2025 le 30 juillet - s'est encore détériorée " fait remarquer pour sa part AlphaValue.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Numéro un européen des services de paiements et des transactions électroniques ;
- Revenus de 4,6 Mds€ centrés sur l'Europe et générés par 3 pôles -les services aux commerçants (73 %), les services financiers (19 %) puis la mobilité & services web transactionnels ;
- Ambition : être la Paytech internationale de 1 er plan au service des banques et commerçants ;
- Capital ouvert avec 3 positions fortes –Crédit Agricole (7 % depuis janvier 2024), SIX Group (10,5 des actions et 18,3 % des droits de vote) et BPI France (5 et 8,2 %) et une entrée à l’automne 2024 de fonds activistes remettant en cause la gouvernance;
- Renouvellement de la gouvernance : Wilfried Verstraete assure, depuis juin 2024, la présidence du conseil, resserré à 12 administrateurs, Pierre-Antoine Vacheron étant, depuis le 1 er mars 2025, directeur général.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires visant une « croissance solide » et assurant une « génération de trésorerie robuste :
- resserrement de la chaîne managériale , nomination de nouveaux responsables et revue du portefeuille d’activités,
- compétitivité via la réduction des coûts structurels (baisse de 8 % des effectifs et réduction des coûts de 50 M€ en 2025), la stricte gestion des investissements et du fonds de roulement (négatif en 2024), la convergence des plateformes et l’automatisation des processus-clés,
- services aux commerçants : assainissement des portefeuilles clients, cession des activités trop réglementées, réorganisation en 2 divisions, lancement d’une solution alliant plateforme et place de marché et de CAWL, société commune avec le Crédit agricole,
- services financiers : déploiement d’offres dans la mobilité et l’internet,
- innovation déclinée entre la sécurité des systèmes d’information propres au groupe, l’incrémentation et la rupture, avec un focus sur les solutions inclusives ;
- Stratégie environnementale TRUST 2025 :
- réduction de 20 % des émissions de CO2 par rapport à 2020,
- inclusion des critères de durabilité dans les offres de solutions,
- soutien aux fintechs dédiées (l’africaine InTouch) ;
- Situation financière maîtrisée : dette nette ramenée à 2 Mds€ avec effet de levier de 1,9 et autofinancement libre de 201 M€.
Défi
- Défiance boursière après les avertissements successifs depuis 2023, renforcée en avril par la réévaluation des perspectives 2025, décidée fin avril alors que un nouveau plan stratégique sera présenté à l’automne ;
- Attente d’un recentrage du portefeuille et d’une remontée du secteur, très concurrentiel, des services marchands ;
- Retombées des restructurations en Australie, résolution des problèmes de livraison en Belgique et, dans l’activité services marchands, cessions en cours pour un rebond attendu au 2ème semestre,
- Interrogations sur une sortie du capital de SIX Group ;
- Après une perte nette en 2024 et une hausse de 4,3 % des revenus au 1er trimestre, objectifs 2025 (stabilité du chiffre d’affaires et d’une croissance du flux de trésorerie) en cours de révision ;
- Absence de dividende pour la 5ème année consécutive.
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