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USA-Tulsa attend dans la crainte le grand meeting électoral de Trump
information fournie par Reuters 17/06/2020 à 13:46

par Jarrett Renshaw et Ernest Scheyder

TULSA, Oklahoma, 17 juin (Reuters) - Quand Donald Trump s'avancera sur scène samedi soir à Tulsa, dans l'Oklahoma, pour son premier meeting de campagne depuis trois mois, le décor sera le même qu'avant: une vaste enceinte remplie de partisans arborant des t-shirts et des casquettes réclamant avec ferveur de préserver la grandeur de l'Amérique avec le slogan "Keep America Great".

Mais à l'extérieur de la salle, les Etats-Unis, eux, ne seront plus tout à fait les mêmes qu'il y a trois mois. La pandémie liée au nouveau coronavirus y a fait plus de 116.000 morts, plus que dans tout autre pays, l'économie s'est brutalement effondrée et, à cette crise sanitaire et économique s'en est ajoutée une troisième, sociale, avec un vaste mouvement de contestation à travers le pays contre les violences policières et les discriminations raciales.

Pour les conseillers du président américain, le meeting de Tulsa doit être une occasion de remobiliser sa base électorale alors que les plus récents sondages le donnent désormais distancé par son adversaire démocrate Joe Biden en vue de l'élection présidentielle du 3 novembre.

Le doute existe pourtant jusque dans les rangs républicains, où certains se demandent si la rhétorique volontairement clivante et le refus des concessions de Donald Trump ne vont pas apparaître de plus en plus déconnectés des aspirations des électeurs.

"Son style et son message ne vont pas changer mais le monde, lui, a changé. Je ne sais pas s'il peut aller dans les endroits qui comptent désormais", dit Amy Koch, stratège républicaine basée dans le Minnesota, un Etat perdu de justesse en 2016 par Donald Trump et qu'il espère faire basculer de son côté cette fois-ci.

LA DATE DU MEETING DÉJÀ DÉCALÉE

A Tulsa, les responsables de la ville redoutent des affrontements entre partisans du président américain et manifestants susceptibles de venir chercher à troubler l'événement pour dénoncer son attitude face au mouvement de colère déclenché par la mort de George Floyd, un Noir décédé après avoir été maintenu au sol, un genou d'un policier sur son cou, pendant près de neuf minutes.

Donald Trump a adopté la posture d'un président garant du maintien de l'ordre face à ces manifestations contre le racisme et les violences policières, évoquant même le recours à l'armée pour y mettre fin.

Il avait initialement prévu de tenir ce meeting vendredi, le 19 juin, date connue aux Etats-Unis sous le nom de "Juneteenth" marquant l'abolition de l'esclavage en 1865. Donald Trump s'est finalement résolu à le décaler d'un jour face aux protestations dénonçant l'organisation d'un tel meeting à cette date dans une ville connue pour avoir été le théâtre en 1921 de l'un des pires massacres de Noirs aux Etats-Unis.

Alicia Andrews, présidente du Parti démocrate de l'Oklahoma, affirme que son téléphone n'a pas arrêté de sonner en raison des nombreux appels de partisans s'informant de la tenue d'éventuelles manifestations anti-Trump. Et le changement de date n'a pas cassé cette dynamique, assure-t-elle.

"FAIRE DE CET ÉVÉNEMENT QUELQUE CHOSE D'ÉNORME"

La responsable démocrate dit que de nombreuses manifestations sont en cours d'organisation mais qu'elles auront lieu à l'extérieur de la salle.

Par craintes de violences, un groupe d'habitants et de commerçants a déposé un recours en référé contre l'exploitant de la salle, le BOK Center, en arguant que ce meeting électoral présentait un "risque mortel" pour la ville. Leur requête a été rejetée.

L'équipe de campagne de Donald Trump affirme avoir reçu plus d'un million de demandes de billets pour assister à ce meeting, le premier événement organisé depuis des mois dans cette salle.

"Il est évident que l'équipe de campagne veut faire de cet événement quelque chose d'énorme et ils travaillent dur pour éviter tout problème", dit un conseiller de Donald Trump réclamant l'anonymat.

"Pour toutes les raisons pratiques, c'est le redémarrage de la campagne Trump 2020."

Au-delà de la sécurité, les autorités sanitaires craignent pour leur part qu'un tel rassemblement de milliers de personnes dans une enceinte fermée, surtout si beaucoup ne portent pas de masque, n'agisse comme un "super propagateur" du coronavirus.

Il s'agit du plus grand événement de ce type organisé aux Etats-Unis depuis le début de l'épidémie en mars, alors même que l'Oklahoma, comme de nombreux autres Etats, connaît une nouvelle vague de contaminations.

Beaucoup de responsables ou de militants locaux s'inquiètent en particulier pour les employés de la salle, souvent des Afro-Américains âgés, une catégorie de population particulièrement vulnérable au coronavirus.

"Le meeting du président ici semble rendre la menace du coronavirus encore plus réelle et effrayante de mon point de vue", dit le révérend Ray Owens, de l'Eglise baptiste métropolitaine de Tulsa.

Les conseillers de Donald Trump jugent pour leur part que ses adversaires sont mal placés pour le critiquer après avoir participé depuis des semaines à des manifestations à la suite de la mort de George Floyd.

Des masques et du gel hydroalcoolique seront distribués à l'entrée de la salle mais les participants ne seront pas tenus de respecter une distanciation sociale ni de porter de masque. Ils devront en revanche signer une décharge les empêchant de porter plainte contre Donald Trump et son équipe de campagne s'ils se font contaminer.

(version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot)

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