(Actualisé avec signature du décret)
par David Lawder et Andrea Shalal
Donald Trump a signé comme attendu mardi un décret accordant aux groupes automobiles construisant des véhicules aux États-Unis un allègement d'une partie de ses nouveaux droits de douane de 25% sur les véhicules, afin de leur donner le temps de rapatrier les chaînes d'approvisionnement en pièces détachées.
Cette mesure du président américain avait été annoncée plus tôt par son secrétaire au Commerce, Howard Lutnick.
Les constructeurs recevront des crédits représentant jusqu'à 15% de la valeur des véhicules assemblés aux États-Unis qui pourront être appliqués à celle des pièces importées, a déclaré Howard Lutnick à la presse.
Les automobiles et pièces détachées soumises aux droits de douane de 25% ne seront plus assujetties aux autres prélèvements de même nature imposés par le président américain, notamment ceux de 25% sur les produits canadiens et mexicains, ainsi que ceux de 10% appliqués à la plupart des autres pays.
Donald Trump devait se rendre mardi dans le Michigan pour commémorer ses 100 premiers jours au pouvoir depuis son retour à la Maison blanche le 20 janvier, au cours desquels le président républicain a bouleversé l'ordre économique mondial.
L'atténuation de l'impact des droits de douane sur l'automobile est la dernière mesure en date de son administration visant à faire preuve d'une certaine souplesse sur ces prélèvements, qui ont semé le trouble sur les marchés financiers, créé de l'incertitude pour les entreprises et suscité des craintes de ralentissement économique brutal.
Les constructeurs automobiles ont déclaré lundi s'attendre à ce que Donald Trump accorde un allègement des droits de douane sur les automobiles avant son voyage dans le Michigan, où sont implantés les trois constructeurs de Detroit et plus de 1.000 grands fournisseurs du secteur.
Mary Barra, directrice générale de General Motors
GM.N , et Jim Farley, qui occupe le même poste chez Ford F.N , ont salué les changements à venir.
"Nous pensons que le leadership du président contribue à uniformiser les règles du jeu pour des entreprises comme GM et nous permet d'investir encore plus dans l'économie américaine", a déclaré Mary Barra.
LES CONSTRUCTEURS ONT ALERTÉ SUR UN POSSIBLE "EFFET DOMINO"
Jim Farley a pour sa part dit que les changements à venir contribueraient à "atténuer l'impact des droits de douane sur les constructeurs automobiles, les fournisseurs et les consommateurs".
L'incertitude déclenchée dans le secteur automobile par les droits de douane s'est toutefois encore manifestée mardi lorsque GM a retiré ses prévisions annuelles, alors que le groupe avait annoncé des ventes et des bénéfices trimestriels élevés.
Fait inhabituel, le constructeur automobile a également choisi de reporter une conférence téléphonique prévue avec des analystes à plus tard dans la semaine, une fois que les détails des changements à venir seraient connus.
Une coalition de groupes de l'industrie automobile américaine a exhorté la semaine dernière Donald Trump à ne pas imposer des droits de douane de 25% sur les pièces importées, avertissant qu'ils réduiraient leurs ventes de véhicules et augmenteraient les prix.
Le président américain avait auparavant déclaré qu'il prévoyait d'imposer des droits de douane de 25% sur les pièces automobiles au plus tard le 3 mai.
"Les droits de douane sur les pièces automobiles perturberont la chaîne d'approvisionnement automobile mondiale et déclencheront un effet domino qui entraînera une hausse des prix des voitures pour les consommateurs, une baisse des ventes chez les concessionnaires et rendra l'entretien et la réparation des véhicules à la fois plus coûteux et moins prévisibles", ont déclaré les industriels dans un courrier.
Cette lettre des représentants de GM, Toyota Motor, Volkswagen VOWG.DE , Hyundai 005380.KS et d'autres a été envoyée au représentant américain au commerce Jamieson Greer, à Scott Bessent et à Howard Lutnick.
"La plupart des équipementiers automobiles ne sont pas armés pour faire face à une interruption brutale due aux droits de douane. Nombre d'entre eux sont déjà en difficulté et devront faire face à des arrêts de production, des licenciements et des faillites", a ajouté la coalition dans son courrier, jugeant qu'"il suffit de la défaillance d'un seul fournisseur pour entraîner l'arrêt de la chaîne de production d'un constructeur".
(David Lawder et Andrea Shalal, avec Jeff Mason et David Shepardson; version française Jean Terzian et Benjamin Mallet, édité par Jean-Stéphane Brosse et Augustin Turpin)
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