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USA-Le spectre de la stagflation plane mais un retour aux années 1970 est improbable
information fournie par Reuters 25/03/2025 à 11:13

par Howard Schneider

Les dernières projections économiques publiées par la Réserve fédérale (Fed) ont ravivé les craintes d'un scénario stagflationniste aux États-Unis, qui marquerait la fin de la période de surperformance économique que le pays affiche depuis la crise sanitaire.

Explications sur le phénomène de stagflation et ses implications.

ANNÉES 70

Le terme de stagflation caractérise une période de chômage et d'inflation élevée, dont la décennie 1970 constitue aux États-Unis l'exemple le plus frappant. Responsables politiques et économiques se sont montrés incapables de résorber une forte hausse des prix alimentée par les chocs pétroliers successifs, ou de relancer l'économie.

Or, les mesures économiques prises par le président Donald Trump et le relèvement possible des droits de douane américains, ce qui renchérirait les prix, ont ravivé le débat sur le basculement des États-Unis en stagflation.

Dans le sillage de la Fed, de nombreux économistes ont ainsi revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour les États-Unis, tout en anticipant une inflation plus élevée.

Toutefois, si ce scénario se matérialisait en 2025, son ampleur serait bien moindre qu'il y a 55 ans.

Joe Brusuelas, chef économiste de RSM, estime ainsi que les dernières prévisions de la Fed suggèrent un risque de "petite stagflation", l'observateur évoquant l'"incertitude persistante entourant l'ampleur et la magnitude du choc commercial".

BIS REPETITA

Les prévisions de la Fed montrent par ailleurs que la banque centrale s'attend à un impact ponctuel d'une hausse des droits de douane sur l'inflation, prenant le risque de répéter l'erreur commise en sortie de pandémie, lorsque la banque centrale avait jugé "transitoire" la reprise de la dynamique des prix.

Certes, les chaînes logistiques ne sont plus perturbées comme elles l'étaient alors, mais le manque de visibilité sur les mesures que prendra Donald Trump rend toute prévision économique difficile.

Les données économiques et les indicateurs avancés commencent de fait à diverger, les enquêtes récentes montrant une érosion du sentiment qui pourrait, à terme, contraindre les décisions d'investissement et d'achat. Et les entreprises au contact des responsables de politique monétaire se montrent de plus en plus inquiètes, a prévenu la Fed.

La banque centrale, qui dispose d'un double mandat de soutien aux marchés du travail et de stabilité des prix, commence à réfléchir aux choix difficiles qu'impliquerait un basculement en stagflation.

"Rien n'est plus malcommode qu'un environnement stagflationniste (…) dans lequel les deux mandats dérapent. Il n'y a pas de réponse toute faite", a résumé sur CNBC Austan Goolsbee, président de la Fed de Chicago.

"Des droits de douane plus élevés soutiennent les prix et réduisent la production, ce qui constitue une pression stagflationniste", a par ailleurs prévenu l'économiste.

ANTICIPATIONS

Si ce scénario se concrétise, la priorité pour la banque centrale est pourtant claire: éviter un dérapage des anticipations d'inflation.

L'erreur majeure commise par la Fed dans les années 1970 est en effet de n'avoir pas compris l'aspect auto-réalisateur des anticipations d'inflation. Les Américains persuadés que la dynamique des prix demeurerait élevée ont modelé leurs comportements en fonction, exigeant des salaires plus hauts ou se montrant capables d'absorber des prix plus importants, par exemple, ces comportements alimentant à leur tour l'inflation.

Il faudra deux récessions et des taux d'intérêt portés à des niveaux plus que restrictifs pour rétablir la crédibilité de la Fed et ramener ces anticipations sous contrôle, un processus qui ne se terminera que dans les années 1990.

Jerome Powell, le président de la Fed, compte éviter l'écueil.

"Je ne vois aucune raison de croire à une répétition des années 1970 (…). L'inflation sous-jacente demeure toujours dans les 2%, probablement un peu soutenue par les droits de douane", a résumé Jerome Powell à l'issue de la dernière réunion de la Fed.

La stabilité des anticipations d'inflation demeure toutefois "au cœur même de notre cadre opérationnel. Nous surveillerons tout cela très, très attentivement. Rien n'est acquis", a ajouté le dirigeant.

(Howard Schneider, version française Corentin Chappron, édité par Sophie Louet)

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