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Une crise chasse l’autre, même pas mal !
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 01/06/2018 à 10:54

Protectionnisme, Syrie, pétrole, devises émergents, Italie… Les crises en tous genres se succèdent et ne se ressemblent que par la rapidité avec laquelle leurs ondes de chocs se dissipent

Protectionnisme, Syrie, pétrole, devises émergents, Italie… Les crises en tous genres se succèdent et ne se ressemblent que par la rapidité avec laquelle leurs ondes de chocs se dissipent

Protectionnisme, Syrie, pétrole, devises émergents, Italie… Les crises en tous genres se succèdent et ne se ressemblent que par la rapidité avec laquelle leurs ondes de chocs se dissipent, ravalées par des marchés apparemment en mesure de tout digérer.

D'un côté, le gouvernement suédois prépare sa population au risque de guerre, diffusant à tous les foyers un livret de recommandations sur les bons réflexes en cas de conflit, tandis que d'autres font le décompte de la montée en régime des dépenses d'armement à travers le monde et que les économistes se voient chargés d'échafauder d'improbables scénarii de renégociation de la dette italienne... De l'autre, les indices actions mondiaux continuent de surfer sur des niveaux à deux doigts de leurs records historiques de début d'année, tandis que la volatilité, brièvement malmenée en février, est retombée de moitié, subissant à peine un léger contrecoup de 48 heures à l'occasion du stress italien de début de semaine.

Si l'envolée des capitalisations boursières à ce pouvoir grisant de repousser dans les tréfonds de la conscience les sujets fâcheux, n'y-a-t-il pas un jour où la coupe pleine finira par basculer et ou l'ivresse des liquidités se transformera en gueule de bois collective ? Comment dès lors pondérer le risque et quel prix lui donner ?

MSCI Monde et production industrielle mondiale

MSCI Monde et production industrielle mondiale

À observer les développements de ces derniers mois, deux conditions semblent simultanément alimenter ce qui ressemble de plus en plus à un état d'anesthésie généralisée : la préservation d'un environnement de très bas taux d'intérêt, d'une part, et, de l'autre, celle d'un accès à un marché mondial dont la croissance, bien qu'inferieure au passé offre un rendement comparatif honorable de 5 %-6 % l'an.

La première condition interroge peu à brève échéance. Après avoir couru plus vite que la musique en tout début d'année, raison du pic de volatilité qui, vraisemblablement, marquera le point haut du cycle boursier mondial, les banquiers centraux du monde développé ont à peu près tous repris un profil bas. La raison : d'inflation il n'y a point, tout au moins d'inflation cyclique que mesure en général le degré de tensions salariales. Dans de telles conditions, même la menace représentée par un prix du pétrole à plus de 75 $ le baril, se transforme en risque sur la croissance plutôt que sur l'inflation, conduisant de facto les banques centrales à redoubler de prudence à l'égard d'une normalisation trop rapide de leurs conditions monétaires. On peut, dès lors, sans grand risque, parier que cet environnement de taux bas durera aussi longtemps que la croissance des salaires ne décollera pas… au risque politique et de solvabilité près – cf. le cas italien.

La seconde condition est nettement plus incertaine, fonction, certes des perspectives de croissance qui à ce stade sont, sinon très offrantes, du moins pour l'instant encore suffisantes, mais également de l'évolution des marchés des changes et de celle du contexte géopolitique et protectionniste. C'est sur ces deux derniers points, que résident, sans doute, les risques latents les plus significatifs, eux-mêmes source de prudence redoublée des banques centrales. L'instabilité des devises depuis le début de l'année est un facteur de perturbations important, difficilement prévisible dans un contexte de performances économiques disparates et d'écarts de taux d'intérêt grandissants entre, notamment, les États-Unis et le reste du monde. Les tensions récentes observées dans le monde émergent constituent, à ce titre, un avertissement à ne pas sous-estimer. L'agenda politique et géopolitique est, quant à lui, particulièrement, chargé, meublé des ‘discussions' commerciales entre les Etats-Unis, la Chine et les pays européens, d'une hypothétique rencontre entre D. Trump et Kim Jung-un, et d'une large imprévisibilité concernant les développements possibles autour de la Russie et du Moyen-Orient. S'allègera-t-il une fois les élections de mi-mandat dépassées aux Etats-Unis ? C'est possible, pour ce qui est, tout au moins, des origines américaines de l'instabilité en présence. Mais à ce point de la dégradation des relations internationales, sans doute les sujets de contrariété trouveront ils sans difficulté de quoi s'alimenter. C'est de ce côté-ci qu'il faudra porter le regard et être en mesure de jauger les implications commerciales des développements futurs, ceux à même de conduire à une reconsidération des valorisations des entreprises aujourd'hui dopées par la perspective de débouchés mondiaux, presque infinis. Or, sur ce point non seulement les risques restent imminents (cf  les menaces récentes de D. Trump sur les importations americaines de voitures de luxe d'origine allemande) mais, sans doute que, même les répliques monétaires les plus audacieuses pourraient échouer à exercer un contre poids suffisant.

Véronique Riches-Flores, économiste indépendante, membre du Cercle des Analystes Indépendants

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