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Les droits de douane dits "réciproques" entrent en vigueur
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Les produits chinois visés par des droits de 104%
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Pékin riposte en imposant 84% de droits supplémentaires
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L'UE approuve des contre-mesures plus modestes
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Les marchés reprennent leur chute
(Actualisé tout du long avec riposte européenne, éléments supplémentaires)
par Joe Cash, Philip Blenkinsop et Andy Sullivan
La Chine et l'Union européenne (UE) ont annoncé mercredi des droits de douane sur les produits américains en réponse aux prélèvements de même nature mis en place par Donald Trump, plongeant de nouveau les marchés financiers dans la tourmente sur fond de risque de récession mondiale.
Alors que les produits chinois sont désormais taxés à 104% après que Washington a décidé mardi de droits de douane additionnels de 50% les visant, Pékin a immédiatement riposté en portant de 34% à 84% les droits de douane qu'il va instaurer de son côté, dès jeudi, sur les produits américains importés.
Les pays de l'UE ont quant à eux validé la mise en place de prélèvements similaires sur une série de produits américains à compter du 15 avril - avec des taux de 25% pour la plupart -, une mesure de rétorsion contre les droits de douane sur l'acier et l'aluminium instaurés par les Etats-Unis qui concerne notamment les importations de maïs, de blé, d'orge, de riz, de motos, de volaille, de fruits, de bois et de vêtements.
Les taxes dites "réciproques" mises en place par Washington contre des dizaines des pays sont entrées en vigueur mercredi matin, de même que des contre-mesures prises par le Canada, allié et principal partenaire commercial des États-Unis.
Les principales places boursières européennes ont de nouveau chuté, après un rebond prudent mardi, avec des baisses de 3,34% pour le CAC 40 .FCHI à Paris, de 2,96% pour le Dax .GDAXI à Francfort et de 2,92% pour le FTSE .FTSE à Londres.
Dans le même temps, à Wall Street, les principaux indices ont ouvert en ordre dispersé. Vers 16h00 GMT, le Dow Jones
.DJI était en repli de 0,14%, le Standard & Poor's 500 .SPX en recul de 0,07% tandis que le Nasdaq .IXIC était en hausse de 0,68%.
Par ailleurs, les prix du pétrole ont plongé à leur plus bas niveau depuis quatre ans et les investisseurs se sont détournés des obligations du Trésor américain et du dollar, généralement considérés comme des valeurs refuges.
"SOYEZ COOL!"
La crise s'est aussi propagée aux marchés du financement des entreprises, augmentant le coût des emprunts même pour les sociétés à faible risque, tandis que le Japon et le Canada ont dit coopérer pour stabiliser le système financier mondial - un rôle généralement assumé par les États-Unis.
Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, a déclaré que les droits de douane de Donald Trump entraîneraient probablement une récession et des défaillances de la part des emprunteurs.
Le président américain a cependant fait fi de la déroute des marchés et envoyé aux investisseurs des signaux contradictoires quant au maintien des droits de douane à long terme, les qualifiant de "permanents" mais se vantant également de faire pression sur d'autres dirigeants pour qu'ils demandent l'ouverture de négociations.
"Je vous le dis, ces pays nous appellent et me lèchent le cul", a déclaré Donald Trump lors d'un événement organisé par le Parti républicain mardi à Washington.
"Ils meurent d'envie de conclure un accord : 'S'il vous plaît, monsieur, concluons un accord. Je ferai tout ce que vous voudrez, tout ce que vous voudrez, monsieur'", a-t-il poursuivi en parodiant un dirigeant étranger.
"Soyez cool! Tout va bien se passer. Les États-Unis seront plus grands et meilleurs que jamais!", a également écrit le président américain sur les réseaux sociaux.
D'après des sources, une réunion s'est tenue mercredi à Pékin pour discuter de mesures visant à stimuler la deuxième économie mondiale, alors que Donald Trump a également accusé mardi la Chine de manipuler sa monnaie pour compenser les surtaxes à son encontre.
En plus de droits de douane supplémentaires, Pékin a imposé des restrictions à 18 entreprises américaines, principalement dans le secteur de la défense, qui viennent s'ajouter à une soixantaine d'autres déjà sanctionnées en raison des surtaxes décidées par Donald Trump.
"Les États-Unis continuent d'abuser des droits de douane pour faire pression sur la Chine. La Chine n'acceptera jamais ce genre d'intimidation", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lin Jian, lors d'une conférence de presse.
60% DE CHANCES DE RÉCESSION D'ICI FIN 2025, SELON JP MORGAN
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré à Fox Business Network qu'il jugeait "regrettable que les Chinois ne veuillent pas venir négocier, car ce sont eux qui respectent le moins le système commercial international".
L'administration américaine a organisé des entretiens avec la Corée du Sud et le Japon, deux proches alliés et principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, doit quant à elle se rendre aux Etats-Unis la semaine prochaine.
Le vice-Premier ministre du Vietnam, pays confronté à des droits de douane parmi les plus élevés, devait s'entretenir mercredi avec Scott Bessent.
Les économistes ont averti que les consommateurs américains risquaient d'être confrontés à une hausse des prix de tous les produits, des chaussures de sport au vin, en raison de la guerre commerciale.
Il est possible que les effets des droits de douane prélevés depuis mercredi 04h01 GMT ne soient pas ressentis dans l'immédiat, car les marchandises déjà en transit à ce moment-là seront exemptées des nouvelles taxes à condition qu'elles arrivent aux Etats-Unis avant le 27 mai.
Selon un récent sondage Reuters/Ipsos, près de trois quarts des Américains s'attendent à ce que les prix des produits de consommation courante augmentent au cours des six prochains mois.
La guerre commerciale pourrait amputer d'au moins 0,25 point de pourcentage la croissance de la zone euro en 2025, a déclaré mercredi François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.
Le ministre allemand des Finances, Jörg Kukies, a pour sa part déclaré que la plus grande économie européenne risquait de connaître une nouvelle récession en raison des tensions commerciales.
Selon JP Morgan, il y a 60% de chances que l'économie mondiale entre en récession d'ici la fin de l'année.
(Rédactions de Reuters, rédigé par Andy Sullivan, Ingrid Melander et John Geddie; version française Camille Raynaud, Diana Mandiá, Tangi Salaün et Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault et Jean Terzian)
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