Plusieurs syndicats de Stellantis et de l'industrie automobile se sont félicités lundi du départ du directeur général du groupe, Carlos Tavares, critiqué pour ses méthodes de gestion implacables et ses vagues de suppressions de postes.
Carlos Tavares, le 3 octobre 2024, à Sochaux ( AFP / FREDERICK FLORIN )
Shawn Fain, directeur du puissant syndicat américain United Auto Workers (UAW), a salué "un pas important dans la bonne direction pour une entreprise qui a été mal dirigée et une main-d’œuvre maltraitée", dans un message publié par CNBC.
Le conseil d'administration de Stellantis, propriétaire notamment des marques Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler, Opel, Lancia et Jeep, a accepté dimanche à l'unanimité la démission "avec effet immédiat" de M. Tavares, dont le successeur sera nommé au premier semestre 2025.
Cette décision est le résultat de "points de vue différents" entre le conseil d'administration et le directeur général, a expliqué Henri de Castries, administrateur de Stellantis.
Selon M. Fain, M. Tavares laisse derrière lui "un chaos fait de douloureux licenciements et de véhicules trop chers abandonnés sur les parkings des concessions".
En France, où l'Etat est actionnaire de Stellantis, une source gouvernementale française a au contraire salué dimanche un dirigeant qui "aura mené en 10 ans à la tête du groupe le rachat d'Opel puis la fusion de PSA et Fiat Chrysler Automobiles en 2021, après avoir géré les perturbations importantes liée à la crise du Covid".
La section Force ouvrière (FO) de Stellantis a condamné de son côté une "décision précipitée", qui "fragilise l’ensemble de l’entreprise et ses milliers de salariés".
"Stellantis, véritable paquebot industriel, a plus que jamais besoin d’un capitaine solide et visionnaire pour naviguer dans cette tempête économique et stratégique", a souligné le syndicat français. Le choix de ne pas nommer un nouveau dirigeant avant le premier semestre 2025 crée une "instabilité certaine", selon FO.
Pour la CGT Métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, "il y a fort à parier que le successeur de Carlos Tavares aura à coeur de poursuivre la casse engagée et validée par le conseil d'administration et les actionnaires de Stellantis ces dernières années".
M. Tavares "n'est pas à plaindre et aucun travailleur ne va regretter" un dirigeant "qui a massacré l'emploi et détruit des milliers de familles", a souligné la CGT centrale de Stellantis. "Par contre, quel sera le chèque de son montant de départ? 50 millions? 100 millions?", s'est interrogé le syndicat français.
En Italie, la Ligue (parti souverainiste allié de la formation de la présidente du conseil Giorgia Meloni) s'est aussi dite "curieuse de savoir combien prendra Carlos Tavares comme 'récompense' économique après sa gestion désastreuse".
Carlos Tavares a "renversé la vision au long cours de Sergio Marchionne" (ancien dirigeant de Fiat-Chrysler), a décrit le secrétaire général du syndicat CISL Luigi Sbarra sur la chaîne Sky Tg24. "Il n'a jamais cru dans le dialogue avec les syndicats, a beaucoup délocalisé, coupé dans les emplois, freiné les investissements, et est allé jusqu'à défier l'Etat (italien) au sujet des subventions".
Le syndicat UILM a demandé sur X une "rupture" au prochain dirigeant de Stellantis, avec une priorité à donner aux "travailleurs et usines italiennes", notamment à Maserati, dont les ventes se sont effondrées.
"Tavares est parti, les problèmes restent pour les travailleurs", a souligné auprès de l'AFP Maurizio Oreggia, coordinateur du syndicat italien FIOM.
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