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SCÉNARIO-Macron a-t-il un agenda caché pour le secteur de l'énergie ?
information fournie par Reuters15/10/2018 à 07:30

    * L'Etat doit préciser ses intentions sur EDF et le
nucléaire
    * Une nationalisation du parc s'exposerait à de nombreux
écueils
    * Le dossier EDF suscite des spéculations sur un projet plus
vaste
    * L'Elysée dément tout projet de "grand plan"
    * Les attentes sont fortes autour d'Engie
    * L'offensive de Total sur l'électricité interroge sur son
rôle  

    par Benjamin Mallet
    PARIS, 15 octobre (Reuters) - Emmanuel Macron a-t-il en tête
un vaste projet pour les grands énergéticiens français ? La
question alimente en tout cas les conversations des
professionnels depuis plusieurs mois, sur fond de réflexions sur
l'architecture d'EDF  EDF.PA  et sur la stratégie d'Engie
 ENGIE.PA .
    Un spécialiste du financement du secteur en est convaincu :
le chef de l'Etat et le secrétaire général de l'Elysée Alexis
Kohler - passé par l'Agence des participations de l'État (APE)
de 2008 à 2012 - "ont une idée très claire de ce qu'ils veulent
faire... mais personne ne sait laquelle !".
    Du côté d'EDF, la hausse des prix de marché de l'électricité
depuis le printemps rend la révision du modèle du groupe moins
urgente mais ne règle pas ses problèmes de fond, en particulier
le poids de sa dette et la nécessité de financer de lourds
investissements dans le parc nucléaire français - existant et
futur - et dans la transition énergétique.
    
    
    Le scénario qui consisterait à réguler les prix du nucléaire
et à nationaliser le parc de centrales d'EDF pour le mettre à
l'abri des soubresauts du marché et de la concurrence, en créant
en parallèle une entité regroupant les actifs de production
renouvelables, les réseaux et les services énergétiques, séduit
nombre d'analystes.
    "D'un point de vue purement stratégique, je pense que ça
fait du sens et les opérations de ce type se sont plutôt bien
passées en Allemagne", estime Pierre Antoine Chazal, chez Bryan
Garnier, en référence aux voies empruntées par RWE  RWEG.DE  et
E.ON  EONGn.DE .
    "Sanctuariser le nucléaire tout en créant une structure plus
'clean' autour des renouvelables, des réseaux et des services
énergétiques permettrait de gagner en visibilité sur les deux
tableaux. Si en plus l'Etat peut monétiser une partie de la
nouvelle structure - appelons-la 'clean company' -, ça peut
faire du sens", ajoute-t-il.
    
    "À L'ETAT DE DIRE CE QU'IL VEUT FAIRE D'EDF" 
    Si le dossier ouvert par Nicolas Hulot fin 2017 n'a pas
connu d'avancées significatives, son successeur au ministère de
la Transition écologique François de Rugy a déclaré mercredi que
l'Etat envisageait "toutes les solutions" pour EDF - y compris
le statu quo - et n'a pas exclu que cette réflexion aboutisse
d'ici à l'annonce de la programmation pluriannuelle de l'énergie
(PPE), prévue fin octobre.   
    Une source proche de la direction du groupe juge que le
président de la République doit bel et bien clarifier son projet
pour l'entreprise : "Ça ne peut pas être un débat en conseil
d'administration, c'est à l'Etat de dire ce qu'il veut faire
d'EDF - une question récurrente et lancinante - et de demander
un schéma qui 'matche' avec ses attentes."  
    Alors que les syndicats craignent une scission du nucléaire
qui aboutirait selon eux à un "démantèlement" de l'entreprise et
à une gestion désordonnée du parc de production français,
Emmanuel Macron dispose toutefois d'une marge de manoeuvre
limitée avant les élections européennes de 2019 et les
municipales de 2020.
    Une renationalisation du parc nucléaire impliquerait en
outre que les autorités de la concurrence européennes donnent
leur aval à une nouvelle régulation des prix de vente d'EDF,
aujourd'hui plafonnés par le mécanisme de l'Arenh (Accès régulé
au nucléaire historique), dont l'électricien public souligne
régulièrement l'impact négatif sur ses résultats.   
    L'enjeu pour l'Etat serait alors de convaincre Bruxelles que
l'électricité nucléaire est un bien essentiel et que la
restructuration du groupe ne revient pas à subventionner ses
autres activités.
    
    "UN OPÉRATEUR ÉNERGÉTIQUE DE TROP" EN FRANCE ?    
    Au-delà du cas EDF, certains acteurs du secteur de l'énergie
spéculent sur un scénario extrême qui impliquerait Engie
 ENGIE.PA  - dont Bercy prépare le désengagement de l'Etat
(23,6% du capital) - et Total  TOTF.PA , auteur d'une offensive
d'envergure sur le marché français de l'électricité.
    "On entend que le gouvernement veut revoir l'organisation
des opérateurs énergétiques", assure une source proche du
conseil d'administration d'un des trois acteurs. "Selon la
rumeur, il pense qu'il y a un opérateur énergétique de trop en
France et ça pourrait être Engie."
    Cette source précise que l'Etat serait tenté de pousser à la
création d'une branche regroupant les actifs de production
d'électricité du groupe à l'international - où il détient encore
un gros portefeuille de centrales - et à la constitution d'un
vaste pôle de services autour de Suez  SEVI.PA , dont l'ex GDF
Suez possède 32% du capital.
    Selon le même scénario, certaines activités d'électricité et
de gaz d'Engie en France seraient susceptibles d'intéresser
Total, dans un mouvement comparable au rapprochement prévu entre
SSE  SSE.L  et Npower (filiale d'Innogy  IGY.DE ) en
Grande-Bretagne.
    "Une façon de valoriser Engie serait de le vendre à la
découpe", estime la même source, ajoutant qu'Emmanuel Macron
n'apprécie guère le bilan de la directrice générale d'Engie
Isabelle Kocher et qu'il a confié à Jean-Pierre Clamadieu la
présidence du groupe afin d'en redresser le cours de Bourse,
toujours en berne, en vue d'un désengagement de l'Etat rendu
possible par la loi Pacte.  
    A l'Elysée, on dément toute volonté de vaste réorganisation
du secteur de l'énergie, de même que l'analyse prêtée à
l'exécutif d'un opérateur "en trop".
    "Pour être très clair, il n'y a pas de grand plan",
déclare-t-on à la présidence de la République. "On n'a
clairement pas l'analyse qu'il y a un acteur en trop. Il n'y a
aucun plan de l'Elysée pour faire fusionner des acteurs pour en
faire disparaître un."         
    
    
    "DE LA CASSE DANS LES PROCHAINS MOIS" 
    Des interrogations subsistent cependant sur le rôle de
Total, qui a lancé il y a un an une offre d'électricité pour les
particuliers en France avant de racheter Direct Energie, et qui
affiche ses ambitions en visant plus de six millions de clients
dans le pays à l'horizon 2022 (contre 4,1 millions avec Direct
Energie) et 10 gigawatts (GW) de capacités de production,
globalement, à horizon de cinq ans (contre 5 GW aujourd'hui).
    Engie fournit pour sa part de l'électricité à un peu plus de
4 millions de clients résidentiels en France et y détient quatre
centrales à gaz d'une capacité cumulée de 2,1 GW, tandis que sa
part de marché dans la vente de gaz aux particuliers reste
largement dominante (environ 70% à fin juin).
    Un bon connaisseur de l'ex GDF Suez souligne que même si le
groupe s'est montré très offensif ces dernières années sur le
marché de l'électricité, le probable maintien des tarifs
réglementés d'EDF et la suppression programmée de ceux du gaz,
ainsi que la réforme en cours de l'accès au nucléaire donné aux
alternatifs, l'inciteront peut-être à revoir sa position.
    "Ces décisions et l'arrivée de Clamadieu, qui a probablement
des vues différentes de celles de Kocher, peuvent changer la
donne", juge-t-il.
    Sollicités par Reuters sur l'ensemble de ces sujets, EDF,
Engie et Total n'ont pas fait de commentaire.    
    Les spéculations sur le secteur de l'énergie s'inscrivent
dans un contexte de concurrence accrue sur le marché de
l'électricité français qui fait perdre quelque 100.000 clients
particuliers par mois à EDF et voit de nouveaux acteurs entrer
sur le marché sans pour autant investir dans des centrales, à
l'instar de Leclerc.  
    Ces derniers se lancent cependant au moment précis où les
opérateurs alternatifs voient leurs marges mises sous pression
par la remontée des prix de marchés - sur lesquels ils
s'approvisionnent largement - et où l'Etat doit s'assurer que la
France dispose de capacités de production suffisantes dans le
cadre de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).
    "On est dans une phase de prises de position, avant
consolidation. Avec des prix de marché qui sont passés de 40 à
60 euros, il va y avoir de la casse dans les prochains mois et
ça risque d'accélérer la consolidation", estime un spécialiste
de la libéralisation du marché français.

    <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
EDF monte avec les prix de l'électricité    https://reut.rs/2Ok4ZxJ
Engie en Bourse sous la direction d'Isabelle Kocher     https://reut.rs/2Ojsqa8
Leclerc lance son offre d'électricité à bas prix    
 
LEAD 3-France-Feu vert des députés aux cessions d'ADP, FDJ et
Engie     
EDF-L'Etat étudie toutes les options, dont le statu quo-Rugy   
 
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 (Avec Michel Rose, édité par Jean-Michel Bélot)
 

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