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Risque sanitaire : «bad news is good news» ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 07/02/2020 à 09:15

Eric Galiègue
Eric Galiègue

Eric Galiègue

Phiadvisor Valquant

Directeur de la recherche

https://phi-advisor.com/fr/

(Crédits photo : Pixabay - Gerd Altmann)

(Crédits photo : Pixabay - Gerd Altmann)

Sur la cartographie des risques, le risque sanitaire est maintenant bien connu. L'alerte grippale de type H1N1 de 2009 est encore dans tous les esprits. L'exemple le plus concret est l'épidémie de « SRAS » qui avait touché la Chine de novembre 2002 à juin 2003.

L'impact avait été clairement négatif sur l'économie de l'empire du Milieu, outre le bilan humain, estimé à 349 morts pour 5.328 infections. A l'époque, la Chine avait connu sa plus faible activité économique depuis 1995 ; la croissance des ventes au détail avait baissé, à un peu plus de +4%, une véritable récession pour les standards chinois. Le trafic passager avait baissé fortement, de plus de 40%. Au total, l'impact négatif avait été chiffré à 1 à 2% du PIB chinois en 2003.

Est-il possible de mesurer l'impact que le SRAS eut à l'époque sur le cours des actions ? Cet exercice est particulièrement difficile, car il est toujours très délicat d'attribuer la performance boursière à tel ou tel phénomène. A l'époque, les actions avaient commencé leur rebond après 3 années de baisse ; l'intervention des forces américaines en Irak pour démanteler des « armes de destruction massives » avait catalysé une hausse qui avait enfin brisé la tendance baissière du marché.

Evolution des cours de décembre 2001 à décembre 2003. (source : Factset et Valquant )Expertyse)

Evolution des cours de décembre 2001 à décembre 2003. (source : Factset et Valquant )Expertyse)

Une crise qui tombe au plus mauvais moment pour la Chine

Aujourd'hui, alors que le bilan humain a dépassé celui du SRAS (plus de 400 morts le 4 février pour plus de 20.000 patients contaminés), ce nouvel épisode sanitaire tombe au plus mauvais moment pour la Chine.
En premier lieu, l'épidémie a flambé au moment des festivités du Nouvel An chinois, qui donnent lieu à de très nombreux déplacements au sein du pays. De nombreux travailleurs reviennent chez eux pour fêter cet évènement majeur de leur vie familiale et sociale. Autant dire que le contrôle de l'épidémie est compliqué dans un tel contexte, malgré les mesures exceptionnelles de quarantaine qui portent sur les villes de Wuhan et sa région.

Ensuite, le rythme de croissance de l'économie chinoise préalablement à la crise sanitaire actuelle, est plus faible qu'il y a 17 ans. Les tensions commerciales avec les USA et l'épidémie de fièvre porcine africaine qui a créé une forte inflation des prix alimentaire, ont fragilisé l'économie chinoise. Un impact de 1 à 2% sur le PIB Chinois en 2020, comparable à l'effet du SRAS en 2002-2003, pourrait catalyser l'équivalent d'une récession au sein de l'Empire du Milieu.

Son effet sur le reste du monde serait 4 fois plus important qu'il y a 18 ans, en raison du quadruplement du poids du PIB chinois dans le PIB mondial (17% aujourd'hui contre 4 % en 2002). Il serait amplifié par le fait que l'Empire du Milieu est devenu « l'usine du Monde ». En fait, tout dépendra de la durée de l'épidémie, mais d'ores et déjà on peut considérer que le premier trimestre 2020 est très touché.

Ce qui rassure, c'est que l'épidémie s'est déclarée dans un pays autoritaire, qui a pu imposer à son peuple des restrictions de liberté particulièrement sévères pour contenir la contagion. De plus, si le virus est plus virulent, il est moins léthal que le SRAS de 2002-2003 (2-3% contre 8%).

Une baisse des cours insignifiante

La réaction des marchés d'actions a été particulièrement limitée. L'indice S&P 500 n'a même pas été tester sa moyenne mobile trois mois.

L'évolution du S&P 500 depuis un an : cours et moyennes mobiles. (source : Factset et Valquant Expertyse)

L'évolution du S&P 500 depuis un an : cours et moyennes mobiles. (source : Factset et Valquant Expertyse)

La baisse des cours est en fait insignifiante notamment au vu de la hausse des mois précédents. Le virus chinois a donné l'occasion aux marchés occidentaux de consolider leur hausse antérieure…. Les investisseurs sous estiment ils le risque sanitaire et la fragilisation de l'économie chinoise et de l'économie mondiale dans son ensemble ?

Pour notre part, même s'il faut être conscient que le risque sanitaire peur flamber à tout instant, nous considérons les trois points suivants :
1/Le « pire n'est jamais sur » : les mesures de confinement et de blocus sont impressionnantes et ont été prises très tôt (en 3 semaines) par rapport au SRAS (en 3 mois). Elles devraient donc être efficaces. On peut parler de surmédiatisation d'un phénomène finalement connu. Le virus de la grippe, qui est mondial lui aussi, tue entre 10 et 15.000 Français chaque année : on n'en fait pas une telle publicité.

2/ Les chocs exogènes sont transitoires. Ils sont habituellement suivis par des phases de rattrapage de croissance souvent impressionnants, lorsque le phénomène disparait. La croissance est reportée, elle n'est pas perdue. Elle peut même parfois être plus importante, l'immense soulagement de l'annonce de la fin de crise sanitaire surcompensant le stress initial.

3/Les réactions des banques centrales pour contrer le risque récessif et déflationniste pourraient augmenter encore l'hyper liquidité du système, et susciter un retour très puissant de la tendance haussière. Jerome Powell, le Président de la Banque Centrale Américaine a évoqué le sujet jeudi dernier, et la banque centrale de Pékin a déjà injecté lundi l'équivalent de 150 Mds de yuans dans les circuits monétaires et financiers chinois. De ce point de vue, on peut considérer que : « bad news is good news ». La conversion d'une mauvaise nouvelle en bonne nouvelle est permise par la réaction des banques centrales qui peuvent prolonger les mesures favorables à l'hyper liquidité, voire en prendre de nouvelles.

En ce sens, la poursuite de la tendance haussière sur les marchés financiers nécessite le maintien d'un contexte anxiogène ; de cette manière le risque se transforme directement en hausse de prix sur les marchés. Mais il est nécessaire que le risque reste un risque et ne se transforme pas en catastrophe sanitaire. Gageons que la crise sanitaire actuelle sera rapidement confinée et ne catalysera pas une récession mondiale qui serait d'origine chinoise.

1 commentaire

  • 07 février 10:07

    "l'intervention des forces américaines en Irak pour démanteler des « armes de destruction massives »": heureusement, il a mis des guillemets, puisque pour écrire de telles inepties aujourd'hui, il faut vraiment être écervelé ou profondément inféodé à une certaine idéologie.


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