Selon cet organisme rattaché à Matignon, l'effort à fournir pour réguler la flambée de la dette publique dépassera nettement les 100 milliards. Pour y arriver, le CAE déroule une gamme de pistes potentielles.

( AFP / PHILIPPE HUGUEN )
Comment rétablir la trajectoire? Le Conseil d'analyse économique, rattaché à Matignon, estime à 112 milliards d'euros au total, dont 27 milliards dès 2026, l'effort nécessaire pour stabiliser la dette publique française, dans une étude publiée jeudi 16 octobre qui liste 170 mesures possibles pouvant y contribuer.
Cette étude, qui "fournit une base factuelle et ordonnée pour le débat public" intervient deux jours après la présentation par le gouvernement des projets de budget de l'Etat et de la Sécurité sociale pour 2026, qui prévoient un effort d'une trentaine de milliards d'euros pour ramener le déficit public à 4,7% du produit intérieur brut (PIB). Malgré le redressement budgétaire engagé en 2025, l'ampleur de l'effort jugé nécessaire par le CAE pour stabiliser le ratio dette sur PIB et pouvoir affronter des crises futures est identique à une estimation précédente effectuée à l'été 2024. Depuis, la dette publique s'est encore détériorée, atteignant fin juin 115,6% du PIB, et les taux d'emprunt ont augmenté, alourdissant la charge des intérêts.
L e montant de 112 milliards d'euros correspond à l'estimation de l'effort budgétaire nécessaire pour dégager un excédent primaire structurel (c'est-à-dire hors aléas conjoncturels et paiement des intérêts) de 1% du PIB, contre un déficit de 2,7% aujourd'hui . L'effort nécessaire monterait à 127 milliards en cas de hausse des taux, ajoute le CAE.
Un "panorama de 170 leviers budgétaires"
Si cet effort était réalisé en six ans, le scénario central de l'étude permettant de préserver la croissance, l'effort requis en 2026 serait de 27 milliards d'euros. Cela permettrait de ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029 conformément à l'engagement européen de la France. Sans recommander l'une plutôt que l'autre, le document liste 170 mesures pouvant contribuer à l'ajustement budgétaire, certaines ayant été proposées par le gouvernement.
Il identifie ainsi 108 milliards d'euros d'économies potentielles du côté des dépenses, reconductibles ou non d'une année à l'autre: gel de l'indexation des retraites et des prestations sociales, participation financière accrue des assurés dans les soins de santé, gel du budget des collectivités locales...
Quelque 111 milliards d'euros de recettes possibles sont aussi recensées: relèvement du taux de TVA, impôt sur le revenu alourdi, restauration de l'ISF ou de la taxe d'habitation sur les résidences principales, ou encore augmentation de la fiscalité de l'énergie. Des réformes structurelles favorables à la croissance, la productivité et l'emploi, par exemple un départ à la retraite à 65 ans, pourraient générer 45 milliards d'euros au total.
Par ailleurs, une meilleure détection et un recouvrement renforcé de la fraude fiscale et sociale pourrait rapporter jusqu'à 4,2 milliards d'euros.
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