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REPORTAGE-Noël à La Mothe Chandeniers, ruine poétique aux 25.000 propriétaires
information fournie par Reuters 09/12/2019 à 15:15

    * Un site sauvé grâce au financement participatif 
    * Des néo-châtelains se sont manifestés dans 115 pays
    * Un rêve accessible grâce à des parts à 50 euros 

    par Elizabeth Pineau
    LES TROIS-MOUTIERS, Vienne, 9 décembre (Reuters) - Une
couronne de branches et de pierres sculptées posée sur une île,
comme surgie d'un rêve : la ruine du château de La Mothe
Chandeniers a servi samedi de décor à la fête de Noël de 350
propriétaires du lieu devenu emblématique du sauvetage du
patrimoine par le financement participatif. 
    La magie du décor diffusée dans les médias et sur les
réseaux sociaux, ajoutée à l'engouement pour les vieilles
pierres et les lieux de mystère, ont transformé en aventure
collective le site abandonné aux plantes et aux oiseaux après un
incendie, en 1932. 
    La campagne de récolte de fonds lancée fin 2017 via la
start-up "Dartagnans" et l'association "Adopte un château" a
permis à quelque 25.000 personnes de 115 pays de devenir
propriétaires du château pour la modique somme minimum de 50
euros, gonflant une première enveloppe de 1,6 million d'euros. 
    Un record pour ce type de financement né d'internet,
désormais au service d'un patrimoine multiséculaire dont l'Etat
était jusqu'ici le garant principal.
    Et pour les copropriétaires, un rêve éveillé, que nombre
d'entre eux sont venus voir de leurs yeux à l'occasion du "Noël
des châtelains" organisé face à l'île où trône la ruine
désormais étayée par des échafaudages, d'où surgissent nuées
d'oiseaux et branches d'érables dépouillées par l'hiver.
    
    "UN RÊVE D'ENFANT" 
    "C'est un rêve d'enfant. Petit garçon, j'étais fasciné par
les châteaux donc aujourd'hui, devenir copropriétaire, c'est
extraordinaire", a confié à Reuters Willy Nanlohij, venu
spécialement des Pays-Bas avec son épouse Hilda pour cette
garden party qui a donné lieu à un goûter, un échange de cadeaux
au pied du sapin et un feu d'artifice dans la nuit poitevine. 
    "On n'aurait jamais pu s'offrir ça. Là, on se dit qu'il y a
une pierre dedans qui nous appartient", dit Chantal
Descottes-Castro, aide-soignante de 51 ans venue de Tulle
(Corrèze).  
    Bonnet de père Noël sur la tête, Katia et Adelia de Azevedo,
deux soeurs de Saint-Etienne (Rhône), font partie des
propriétaires bénévoles occupés à vendre des produits dérivés -
T-shirts, vin local cuvée "La Mothe Chandeniers", briquets,
bonnets - dans les anciennes écuries.  
    "Quand on a vu la photo, on est tombées raides dingues du
lieu", raconte Katia. "On a acheté des parts avant même de venir
et nous avons organisé nos vacances d'été tout autour."  
    "J'ai hâte de connaître le premier bébé issu d'une rencontre
entre propriétaires de La Mothe Chandeniers, ça arrivera
forcément un jour !", sourit Romain Delaume, cofondateur de
"Dartagnans", start-up d'une dizaine de salariés née en 2015 à
l'origine du projet.     
    Après les Français, les Américains et les Anglais ont été
les plus nombreux à répondre à l'appel. 
    
    CHARME INTACT 
    "Nous en avons entendu parler par des invités venus loger
chez nous", a raconté à Reuters Robert Powell, Britannique qui
propose avec son épouse Suzanne des chambres d'hôtes à Loudun,
non loin du château. "Le fait que ce soit rénové non avec des
standards modernes mais dans un souci de préservation de la
ruine la rend encore plus belle."
    Installé sur son île depuis le XIIIe siècle, le château a
été transformé au XIXe siècle dans un style gothico-renaissance
inspiré de chefs d'oeuvres voisins que sont les châteaux de
Blois et Azay-le-Rideau, au goût de ses riches propriétaires, le
baron Edgar Lejeune et son épouse Marie Ardoin.     
    Lors de l'incendie, l'escalier d'honneur et une partie de la
tour de l'Horloge ont échappé aux flammes mais le toit s'est
envolé, laissant place à la nature qui s'est engouffrée dans les
ouvertures en quête de lumière. Son insularité a protégé le site
du vandalisme, contribuant à garder son charme intact. 
    "Il y a un équilibre instable entre une approche sensible du
lieu magnifié par l'état de ruine et une nécessité, malgré tout,
de l'empêcher de se dégrader. Jusqu'où aller ? La question se
pose", a dit à Reuters le castellologue Christian Corvisier. 
    "Dartagnans", qui consulte par mail les co-propriétaires à
chaque grande décision, a entrepris de sécuriser le site sans le
dénaturer, avec l'idée de le louer pour des événements afin de
financer de futurs travaux. En 2019, celle qui n'est plus une
ruine secrète a attiré 15.000 visiteurs. 
    (Elizabeth Pineau est au nombre des 25.000 copropriétaires
du château).

 (Avec Udi Kivity)
 

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