(AOF) - Rémy Cointreau (-5,76% à 56,40 euros) enregistre un des plus forts replis du SBF 120 après son avertissement sur ses comptes pour l'exercice 2024-2025. Le groupe de vins et de spiritueux entraîne dans son sillage ses concurrents Pernod Ricard (-1,92%) et Diageo (-2,09%). Il anticipe une baisse organique de son chiffre d'affaires dans le bas de la fourchette comprise entre 15% et 18%. Sur cette période, sa marge opérationnelle courante devrait se situer entre 21% et 22%, en organique, soit une diminution par rapport à l'exercice précédent (25,5%) et au consensus (24,4%).
Son chiffre d'affaires sur 9 mois baisse de 17,8% en organique : 787,8 millions d'euros.
"En données publiées, le chiffre d'affaires a reculé de 17,7%, incluant un effet positif des devises de +0,1%, principalement lié à l'évolution de la livre sterling et du dollar. Cette performance intègre une baisse de 21,5% en organique au troisième trimestre 2024-25, soit -20,6% en publié", a expliqué Rémy Cointreau. Les marchés anticipaient un repli de 23,5%.
Le chiffre d'affaires de la division Cognac a reculé de 22% en organique au troisième trimestre contre un repli de 27% attendu. Celui de la division Liqueurs & Spiritueux a fléchi de 20,1% en organique sur ce même trimestre contre un recul de 16% attendu.
Sur ce trimestre, la région Amériques a enregistré une forte baisse de ses ventes, affectées par des effets de déstockage et une base de comparaison élevée. En APAC, la Chine enregistre également un recul marqué de ses ventes dans un environnement de marché complexe. Si le groupe a bénéficié d'une forte progression des ventes directes, la performance globale a été pénalisée par le ralentissement des ventes indirectes lié à la prudence des distributeurs.
"Dans cet environnement économique dégradé, Rémy Cointreau demeure déterminé à protéger, autant que possible, sa marge opérationnelle courante (en organique), grâce à la poursuite d'un contrôle strict de ses coûts et à la mise en œuvre d'un nouveau plan de réduction des coûts de plus de 50 millions d'euros", précise le groupe dans son communiqué diffusé ce matin.
Compte tenu de l'évolution du chiffre d'affaires sur les neuf premiers mois, il prévoit une performance annuelle dans le bas de la fourchette (proche de -18% en organique). Le quatrième trimestre de l'exercice en cours sera déterminant explique Rémy Cointreau. Jefferies anticipe une baisse des ventes de l'ordre de 19% sur ce prochain trimestre contre un consensus de -10%.
Le broker souligne aussi que "l'attente la plus optimiste est un retour à une croissance des ventes de 4-6% au cours de l'exercice 2026, ce qui nécessite la fin des déplétions aux États-Unis (permettant le restockage du cognac) et des progrès en Chine".
Par ailleurs, Rémy Cointreau a pris acte de la décision provisoire du Mofcom d'appliquer des droits de douane additionnels à hauteur de 38,1% sur les importations de cognac en Chine, à partir du 11 octobre 2024.
Confirmation de ses objectifs financiers pour 2029-2030
Si ces droits provisoires étaient confirmés, l'impact serait marginal pour l'exercice 2024-2025 et le groupe activerait son plan d'actions pour en atténuer les effets à partir de 2025-2026.
L'année 2024-2025 s'inscrit comme une année de transition qui permettra notamment de finaliser l'ajustement des stocks de la région Amériques et de reprendre, à partir de 2025-2026, la trajectoire fixée à l'horizon 2029-2030 : "une croissance moyenne annuelle du chiffre d'affaires de "4-6%" en organique ; et une amélioration organique progressive de la marge opérationnelle courante.
Rémy Cointreau réitère ses objectifs financiers pour 2029-2030 : une marge brute de 72% et une marge opérationnelle courante de 33% (sur la base des taux de change et du périmètre 2019-2020).
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/ Points clés /=
Groupe de spiritueux né en 1724, avec 12 marques mondiales -Remy Martin et Louis XIII pour les cognacs, diversifié dans les liqueurs et spiritueux avec Cointreau, Metax, St-Rémy, Mount Gay, The Botanis, Malt Bruichladdich, Port Charlotte, Octomore, Westland, Hautes Glaces- et 2 marques d’exception -Telmont, Belle de Brillet ;
- Ventes de 1,2 Md€ réparties entre 2 divisions –le cognac pour 65 %, les liqueurs et spiritueux pour 33 %, la part des marques partenaires ayant été réduite à 2 % ;
- Positionnement international, l’Asie-Pacifique étant 1er marché du groupe (40 % des ventes) dans les Amériques (38 %) ;
- Ambition 2030 : place de n° 1 mondial des spiritueux d’exception, avec une part de 65 % dans les ventes, maîtrise des prix de vente des spiritueux d’exception, au prix unitaire supérieur à 50 via le renforcement du contrôle de circuit de distribution (85 % des ventes) ;
- Capital contrôlé par les familles fondatrices (56,4 % des actions et + 70 % des droits de vote), Marie-Amélie de Leusse présidant le conseil de 15 administrateurs, de 15 membre, Eric Vallat étant directeur général.
=/ Enjeux /=
- Agilité du modèle d’affaires :
- face à la chute du chiffre d’affaires : diminution des coûts drastique et structurelle à 45 % et réduction de 10 % des effectifs non opérationnels,
- restructuration en 2 divisions de l’organisation commerciale, niveau élevé (20 % du chiffre d’affaires) des investissements et approche marketing ciblée par produit, client ou zone géographique (France, Italie et Royaume-Uni en Europe…),
- montée en puissance de l’e-commerce, à 20 % des ventes,
- Stratégie environnementale « Exception durable 2025 » visant le nez zéro en 2050 :
- d’ici 2025, identification de toutes les variétés résistantes au climat, éco-conception et allègement des bouteilles,
- d’ici 2030 :
- déploiement du plan « New Generation Terroirs » : conversion totale des agriculteurs et viticulteurs directs à l’agroécologie (vs 6 % à fin mars) et durcissement de la gestion de l’eau (- 20 % de prélèvement par litre d’alcool),
- recours intégral aux énergies renouvelables et réduction de moitié des émissions de CO2 par bouteille, ;
- Poursuite de la remontée de la rentabilité des liqueurs et spiritueux, inférieure de 2 fois à celle du cognac qui contribue à 87 % du bénéfice opérationnel ;
- Bilan solide avec 1,85 Md€ de capitaux propres mais hausse de la dette nette à 650 M€, soit un effet de levier de 1,68.
=/ Défis /=
- Manque de visibilité pour l’année en cours et forte saisonnalité des ventes;
- Inflation des coûts de production partiellement compensée par les hausses de prix et les économies de coûts et évolution de l’impact des parités euro-rimbini et euro-dollar, négatif sur le résultat opérationnel 2023-24, attendu favorable pour l’exercice en cours ;
-Défiance redoublée des investisseurs :
- exercice 2023-24 marqué par une dégradation de la marge opérationnelle dûe aux réductions de stocks aux Etats-Unis et à un repli de la consommation chinoise,
- risque d’une riposte de la Chine aux droits de douane européens sur les véhicules électriques qui affecterait le cognac européen ;
- Objectifs 2024-25 : reprise graduelle des ventes débouchant sur une hausse organique de 6 % et résilience de la marge brute ;
- Dividende 2024-25 de 2 €, payable en numéraire ou actions -option retenue par le holding familial ORPAR.
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