
LUMIBIRD, leader européen du laser, développe des applications civiles et militaires en forte croissance, avec une valorisation boursière attractive offrant une opportunité d'investissement dans l'expansion de la défense en Europe.
Alors que le super-cycle de l'industrie de défense ne fait que commencer, Eric Galiegue et Rainier Brunet-Guilly proposent de mettre en lumière chaque mois, deux valeurs du secteur de la défense, une entreprise cotée en bourse et une deuxième non-cotée, investissable via des fonds de private equity. L'objectif : permettre aux investisseurs de mieux décrypter les enjeux et le secteur.
Par Rainier Brunet-Guilly, associé et cofondateur d'AllStrat et Eric Galiegue, associé de PhiAdvisor Valquant
Résumé
Et si la guerre n'était pas folie mais un froid calcul ? Chaque conflit, du plus ancien au plus récent, répond à une logique : si le coût d'attaquer est inférieur au coût de se défendre, alors la guerre devient non seulement possible, mais économiquement rationnelle. Ce déséquilibre, que l'on retrouve à travers les siècles, est aujourd'hui ravivé par des technologies comme les drones, l'intelligence artificielle et les capacités cyber. Résultat : l'offensive militaire est redevenue bon marché. Et le monde entre à nouveau dans une période où les conflits deviennent fréquents parce qu'ils sont, tout simplement, abordables.
LUMIBIRD est le leader européen des laser (plus de 200M€ de CA, 1 000 salariés dans 14 pays), et développe une activité civile (application médicales) et militaires (télémètres, composants laser spécifiques) appelée à fortement se développer. Avec une capitalisation boursière peu différente d'une année de chiffre d'affaires et un ratio cours / fonds propres très attractif (1,04), l'action permet de s'associer aux d'écloppements futurs de l'activité défense en Europe.
Une histoire militaire dominée par l'offensive
L'histoire de la guerre est celle d'une supériorité quasi constante des technologies offensives sur les capacités défensives. À la fin du Moyen Âge, l'apparition de l'artillerie modifie radicalement les rapports de force. En 1453, les canons ottomans font tomber Constantinople, réputée imprenable depuis un millénaire. Ce qui avait nécessité des décennies de construction – des murailles monumentales – est pulvérisé en quelques jours. C'est le début de la fin des fortifications traditionnelles en Europe.
Au XIXe siècle, la révolution industrielle marque un nouveau basculement. Le chemin de fer, les armes à répétition, la logistique moderne, le télégraphe : autant d'innovations qui favorisent la mobilité, la concentration des forces, la rapidité. Les empires européens en tirent immédiatement profit dans leurs expéditions coloniales, menées à un coût humain minimal côté agresseur. Les conquêtes deviennent mécaniques, voire routinières.
L'exemple le plus éclatant reste sans doute la Blitzkrieg allemande de 1940. En quelques semaines, la Wehrmacht écrase la défense française grâce à une combinaison de vitesse, de coordination radio, d'aviation tactique et de blindés. Le coût d'une opération offensive bien menée est dérisoire face aux dégâts infligés. La défense, pourtant massive et théoriquement préparée, est prise de court.
L'asymétrie économique atteint alors un niveau stratégique : il est plus rentable d'envahir que de défendre.
Après 1945, une dynamique inverse s'installe. La Seconde Guerre mondiale a démontré que l'offensive pouvait être foudroyante. Mais la dissuasion nucléaire, puis l'apparition d'un écosystème défensif ultra-technologique, vont considérablement ralentir cette logique.
Entre 1950 et 2020, la guerre directe entre grandes puissances devient l'exception. Les progrès de la détection radar, des missiles sol-air, du brouillage électronique et des systèmes anti-missiles transforment le champ de bataille. Il devient extrêmement coûteux d'attaquer par surprise ou sans riposte massive. Le coût de la défense augmente, mais celui de l'attaque explose.
Le retour brutal de l'asymétrie : drones et guerre cyber
Depuis 2020, cet équilibre défensif s'effondre. L'élément déclencheur est technologique : l'explosion de la guerre par drones et la militarisation du numérique réintroduisent une asymétrie massive.
Les drones sont peu coûteux, faciles à produire, souvent autonomes, et très efficaces. En Ukraine, 60 % des pertes humaines seraient aujourd'hui causées par eux. Des essaims de drones kamikazes coûtent quelques milliers d'euros et détruisent des équipements militaires valant plusieurs millions. Les lignes de front se numérisent, les frappes deviennent chirurgicales, l'attaque retrouve un avantage économique écrasant.
Cette dynamique n'est pas limitée à l'Ukraine. Partout, les drones – civils modifiés ou militaires – deviennent les outils de la projection de force rapide et discrète. Le cyberespace, lui aussi, favorise l'offensive. Une cyberattaque sophistiquée coûte peu, peut paralyser un État ou saboter une opération, et est difficile à attribuer. Là encore, le coût marginal de l'attaque est devenu inférieur à celui de la prévention ou de la réponse, ce ratio est régulièrement supérieur à 200 entre le cout de l'attaque et les dégâts réalisés.
La seule solution : rétablir un coût dissuasif sur le champ de bataille
Cette logique est implacable : tant que le coût de détruire est inférieur au coût de protéger, les conflits vont se multiplier. La technologie rend aujourd'hui ce déséquilibre encore plus aigu : l'attaque est numérisée, automatisée, distribuée. La défense, elle, reste lourde, lente et coûteuse.
Face à cette spirale, il faut rétablir l'équation économique de la dissuasion. Et cela ne pourra se faire que si la défense devient, à nouveau, moins coûteuse que l'attaque. Sur le champ de bataille, les armes lasers ou systèmes à énergie dirigée constituent la réponse la plus sérieuse. Les lasers de combat permettent de neutraliser un drone, un missile ou même un avion en vol pour un coût dérisoire, à la vitesse de la lumière, sans munition physique. Le taux d'atteinte est de 100% et le cout par tir, inférieur à 100€.
Ces technologies ne sont plus de la science-fiction. Elles sont opérationnelles ou sur le point de l'être dans plusieurs grandes puissances. Elles sont redoutables contre les drones, encore en cours de maitrise des briques technologiques face aux missiles, avions et satellites elles peuvent rendre chaque tir offensif plus coûteux qu'une interception.
Pour les conflits armés directs, les armes à énergie dirigée représentent le nouvel enjeu de la prochaine. La France a déjà investi dans ce domaine et possède un savoir-faire en la matière, issu des technologies d'ArianeGroup et du CEA. Il faut investir massivement dès à présent, bien plus que les dizaines de millions d'euros actuellement par an. L'objectif : maitriser les dernières briques technologiques ainsi que le passage à échelle industrielle de la production de ces armes défensives.
Lumibird : le spécialiste français des applications laser
Présentation du marché et des produits du groupe
Lumibird résulte de la fusion en 2017 de Keopsys, spécialisé dans les technologies de lasers à fibre avec le groupe Quantel, spécialisé dans les technologies de lasers solide, diodes laser et équipements médicaux. Fort de plus de 25 années d'expérience et maîtrisant les trois technologies les plus en pointe du laser (laser à solides, diodes laser, laser à fibres), le Groupe Lumibird conçoit, fabrique et distribue des lasers haute performance à usages scientifique (laboratoires de recherche, universités), industriel (production, défense, capteurs LiDAR) et médical (ophtalmologie).
Le marché mondial du Laser était estimé à 18Mds$ en 2024. Il est en croissance annuelle de 9%, et les technologies de Lumibird sont présentes dans 50% des marchés.
Les activités défense et spatial du groupe sont appelées à se développer fortement, en raison de la volonté politique de développer les capacités défensives pays européens et de redévelopper la souveraineté spatiale de l'Europe, en conséquence de la nouvelle géopolitique des USA. Ces deux départements du Groupe sont d'ailleurs les plus dynamiques.

Source : Site internet de Lumibird, document de présentation à « l’Investor Day 2024 »
Lumibird est l'un des principaux fabricants de lasers militaires depuis le début des années 1960, avec des applications navales, terrestres et aéroportées dans le monde entier. Au fil des ans, Lumibird a livré plus de 5000 télémètres laser à longue portée pour des applications militaires dans plus de 30 pays. Vidar est probablement le télémètre laser le plus avancé de sa catégorie sur le marché. Il est conçu pour faire partie intégrante des systèmes d'armement ou de surveillance avancés dans les applications navales et terrestres. Le télémètre laser a d'excellentes performances avec une portée instrumentée allant jusqu'à 32 km avec des performances complètes en un seul coup. Vidar est conçu et vérifié pour une utilisation à long terme dans des environnements difficiles où la fiabilité est cruciale. Il dispose d'un émetteur laser à semi-conducteurs, sans pièces mobiles, sans ventilateurs et sans liquide de refroidissement, ce qui réduit au minimum l'entretien nécessaire. Vidar dispose d'un boîtier étanche à l'environnement et stable avec traitement de surface externe pour les conditions exigeantes
En réponse à la récente augmentation de la menace des drones, il est crucial de trouver des contre-mesures efficaces contre différents types de drones. Pour répondre à cette demande, Lumibird produit et commercialise notamment des éléments et systèmes de lutte anti-drone (C-UAS : (Counter - Unmanned Aerial Systems ). Les conflits en cours montrent l'utilisation réussie de produits commerciaux prêts à l'emploi à faible coût. Ceux-ci évolueront au fil du temps pour être plus performants, les C-UAS doivent être capables de gérer différents types de menaces, et peuvent être conçus et assemblés spécifiquement par chaque utilisateur. Le système de lutte contre les drones (C-UAS) peut être installé sur un véhicule ou sur un poste de commandement. Le système comprend des produits de détection, de suivi, d'engagement et d'interface avec des composants de commande et de contrôle et différents effecteurs. Les lasers peuvent être utilisés pour la mesure de distance, la détection optique, la détection/suivi 3D, l'éblouissement, la désignation et comme effecteur à haute énergie.
Présentation financière et boursière
Au titre de l'exercice 2024 le groupe Lumibird a réalisé 207,1m€ de chiffres d'affaires, en hausse de 2% sur l'exercice précédent. Le consensus des analystes attend une progression de 8,6% cette année. Le groupe a notamment emporté récemment un contrat de fourniture de de télémètres laser Vidar qui seront intégrés au Skyranger 30, un système de défense aérienne à courte portée du groupe Rheinmetall Air Defense (RAD). Cette commande, remportée par la filiale suédoise du groupe, représente un montant d'environ 5m€, avec des livraisons et des obligations contractuelles prévues sur la période 2025-28.
Lumibird emploie plus de 1 000 salariés dans 14 pays, dont 50% sur 10 sites de production, 12% sur 12 centres de recherche et développement et 10% dans 15 filiales commerciales.

Source : Phiadvisor Valquant et Factset
La marge d'EBITDA est relativement stable depuis une dizaine d'années, autour de 16%, alors que la marge nette a baissé, de 8% à 2,7%. Cela s'explique essentiellement par la hausse des amortissements, qui reflètent l'important effort d'investissement du groupe. En revanche, nos scores fondamentaux sont favorables, et nous affectons la note B++ à Lumibird : action sous-évaluée (B) et bénéficiant d'une forte croissance (++).

Source : Phiadvisor Valquant
Le cours de bourse de Lumibird a connu une forte hausse en 2021, jusque 24€, avant de retomber lourdement, jusque 6,78€ en octobre dernier. Depuis, le cours de l'action a fortement progressé, dans des volumes étoffés, et vaut actuellement 12,2€...

Source : Factset
A ce niveau de cours, le ratio VE/EBITDA est de 8,9X, alors que PER vaut plus de 30, mais sur la base d'un résultat affecté par l'effort d'investissement. Le multiple chiffre d'affaires est très raisonnable (moins de 1), et l'importance des fonds propres se reflète dans un ratio de cours / fonds propres limité à 1,04. L'action Lumibird permet de s'associer aux développements des budgets militaires européens.
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