Le chantier du déblayage des données économiques américaines, dont la publication a été retardée par le "shutdown", va commencer pour les opérateurs de marché, qui auront aussi un oeil attentif sur les résultats de Nvidia, entreprise la plus valorisée du monde.
En Asie, la politique budgétaire de la nouvelle Première ministre Sanae Takaichi prend forme et, en Amérique latine, l'élection présidentielle chilienne semble indiquer un nouveau tournant à droite.
Tour d'horizon des perspectives de marchés dans les prochains jours:
1/ DÉBLAYAGE DES DONNÉES
Les statisticiens du gouvernement américain commencent à déblayer la montagne de données qui n'a pas été publiée durant la fermeture partielle des administrations fédérales américaines, Washington ayant accumulé un retard sans précédent avec 43 jours de "shutdown".
En 2013, la dernière fois que le "shutdown" avait empêché la sortie des données clef sur l'emploi salarié américain, les chiffres avaient été rendus publics avec cinq jours de retard.
Les opérateurs peuvent donc raisonnablement espérer recevoir les données de septembre dans les prochains jours, alors que leur publication était initialement prévue le 3 octobre, soit quelques jours seulement après le début du "shutdown".
Les données privées qui ont continué à être diffusées ont suggéré la poursuite de l'affaiblissement du marché du travail, soutenant l'hypothèse d'une baisse des taux directeurs de la Fed en décembre. Des responsables avertissent cependant qu'une partie des données pourrait être perdue définitivement, laissant encore planer un certain brouillard économique.
2/ CHASSE À L'IA
La publication, mercredi, du prochain rapport trimestriel de Nvidia NVDA.O fera office d'épreuve de force pour les actions liées aux technologies d'intelligence artificielle alors que des inquiétudes sur les valorisations des entreprises du secteur ont fait surface ces dernières semaines.
Le géant américain des puces est devenu la première entreprise à dépasser 5.000 milliards de dollars de valorisation le mois dernier. Sa pondération vertigineuse de 8% dans le S&P 500 et son emprise sur les indices peuvent lui suffire à influencer les marchés.
Les objectifs de Nvidia, considéré comme un baromètre de la demande pour l'IA, et la perspective unique qu'il offrira sur l'industrie dans son ensemble auront des répercussions sur tout l'écosystème technologique, apaisant ou alimentant les inquiétudes des investisseurs sur l'apparition d'une nouvelle bulle spéculative.
3/ INTERVENTIONNISME NIPPON
Après avoir suggéré au départ qu'il laisserait largement les questions de politique monétaire entre les mains de la Banque du Japon (BoJ), le nouveau gouvernement du Japon semble désormais adopter une approche plus interventionniste.
La Première ministre Sanae Takaichi souhaite détendre l'étreinte budgétaire et exhorte la banque centrale à maintenir une certaine lenteur dans le rythme des hausses des taux, tandis que la ministre des Finances Satsuki Katayama, moins complaisante, affirme que l'inflation n'a pas encore atteint de manière durable l'objectif de 2% de la BoJ.
La BoJ semble toujours prête à relever ses taux en décembre, même si son gouverneur, Kazuo Ueda, se montre prudent quant à la décision finale. Les données sur les prix à la consommation attendues vendredi prochain devraient donner des indices, mais la clef se trouve peut-être plutôt du côté de la chute du yen.
Si la faiblesse de la monnaie japonaise pèse sur les prix de la nourriture et de l'énergie, politiquement sensibles, Sanae Takaichi pourrait devoir se résoudre à accepter des hausses rapides des taux.
4/ HEUREUSE POSITION
La situation de la Banque centrale européenne (BCE) est beaucoup plus confortable. Sa présidente Christine Lagarde affirme qu'elle est "en bonne position", avec des taux d'intérêt et des marchés monétaires passés en pilotage automatique, sans changement à l'horizon pour l'année prochaine.
La semaine sera marquée par la publication d'une série de chiffres sur l'inflation en octobre, tant pour les différents pays que pour la zone euro dans son ensemble. L'inflation sous-jacente s'est établie à 2,4% en septembre, accélérant après 2,3% en août mais en ralentissement sur un an (+2,7%).
Le chiffre clef est resté aux alentours de l'objectif de 2% de la BCE durant presque toute l'année, et si la hausse de 5,5% en 2025 de l'euro, pondéré en fonction des échanges,
EUREER=ECBF , venait à peser, Francfort dispose de marges de manoeuvre pour procéder à une nouvelle baisse des taux.
5/ CHAUD CHILI
Le Chili organise dimanche le premier tour de l'élection présidentielle. Selon les enquêtes d'opinion, la coalition de gauche menée par Jeannette Jara devrait emporter le scrutin de premier tour mais la deuxième manche, prévue dans un mois, marquerait plutôt un virage à droite.
Les électeurs sont appelés aussi à voter pour renouveler les deux chambres du Congrès, un scrutin où la droite et le centre-droit devraient obtenir de bons résultats.
Une victoire dans les deux chambres serait une première depuis les années 1950 et serait accueillie favorablement par les investisseurs, qui espèrent qu'elle ouvrira la voie à des réductions d'impôts pour les entreprises, surtout si la droite conserve la présidence.
Le peso s'est renforcé de près de 7% sur un an tandis que les actions chiliennes, tant en dollars qu'en pesos, ont bondi de plus de 40% - et le rallye pourrait facilement se poursuivre.
Le candidat ultra-conservateur José Antonio Kast et la conservatrice modérée Evelyn Matthei, tous deux considérés comme favorables aux marchés, semblent les mieux placés pour décrocher la deuxième place dimanche.
Le candidat d'extrême droite Johannes Kaiser pourrait toutefois semer le trouble.
(Dhara Ranasinghe et Amanda Cooper in London, Kevin Buckland à Tokyo, Lewis Krauskopf et Rodrigo Campos à New York, infographies Pasit Kongunakornkul; version française Augustin Turpin, édité par Blandine Hénault)

0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer