
barrils (Crédits: Adobe Stock)
Le marché mondial du pétrole traverse une période d'ajustement en 2025, marqué par un ralentissement de la demande, une hausse continue de la production par l'OPEP+, des incertitudes commerciales persistantes et des tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Ces éléments combinés exercent une pression à la baisse sur les prix du brut (excepté le conflit entre Israël et Iran qui soutient les prix du brut) et rendent les perspectives plus incertaines pour les mois à venir.
Marché du pétrole : l'AIE anticipe un ralentissement de la demande
L'Agence Internationale de l'Energie (AIE) a récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole. Après un premier trimestre relativement solide (avec une croissance estimée à 990 000 barils par jour), la demande devrait ralentir pour atteindre seulement 650 000 barils par jour sur le reste de l'année.
Sur l'ensemble de 2025, la croissance moyenne de la demande de pétrole est désormais attendue à 740 000 barils par jour, soit un niveau inférieur aux précédentes estimations. Cette révision s'explique notamment par un affaiblissement de la consommation en Chine et en Inde, mais aussi par des facteurs structurels tels que l'essor des ventes de véhicules électriques et les gains en efficacité énergétique, qui freinent la consommation de carburant, en particulier dans les pays de l'OCDE.
Changement de cap : l'OPEP+ relance sa production de pétrole
Parallèlement - et contre toute attente - l'OPEP+ a annoncé début mai une augmentation de sa production de 411 000 barils par jour pour le mois de juin, puis une hausse similaire pour juillet. Ces hausses s'ajoutent à une série d'augmentations entamées depuis avril, représentant au total un retour sur le marché de près de 1,37 million de barils par jour.
L'objectif affiché du cartel est double : regagner des parts de marché et sanctionner les pays membres qui dépassent régulièrement leurs quotas de production comme l'Irak et le Kazakhstan.
Malgré les risques de déséquilibre, l'OPEP+ affirme que les fondamentaux du marché restent solides, invoquant notamment des niveaux de stocks historiquement bas et une conjoncture économique jugée stable.
Toutefois, les analystes soulignent que l'augmentation de l'offre pèse sur les prix et accentue la pression sur tous les producteurs, en particulier les entreprises américaines de schiste, qui sont plus vulnérables à la baisse des cours.
Selon les analystes d'UBS, le marché reste relativement tendu, ce qui pourrait permettre d'absorber une partie de ces volumes supplémentaires, d'autant plus que certains pays membres sont déjà en situation de surproduction et que la demande connaît une hausse saisonnière.
Même le conflit armé entre Israël et l'Iran de juin 2025 ne devrait pas avoir de conséquences importantes sur l'offre de pétrole globale si le cessez-le-feu continue après le 25 juin 2025, car le marché est toujours excédentaire.
Quelles perspectives pour le pétrole en 2025 ?
Les prix du pétrole ont fortement chuté en avril, atteignant leur plus bas niveau depuis quatre ans à un peu plus de 60 $ le baril pour le Brent. Cette tendance reflète à la fois l'impact de l'augmentation de l'offre et les inquiétudes persistantes liées aux tensions commerciales mondiales. Les cours ont fortement rebondi après les attaques entre Israël et l'Iran en juin 2025. Au moment de l'écriture de cet article, ils ont gagné plus de 7,5 % en juin 2025 dans un mois volatile marqué par une importante prime de risque intégrée dans la hausse des prix. Les prix du pétrole ont en effet gagné jusqu'à 25 % au-dessus de 79 $ le baril avant de perdre du terrain.
Bien que certains signes d'apaisement aient été observés – notamment un accord entre les États-Unis et le Royaume-Uni, ainsi qu'une trêve commerciale temporaire avec la Chine – les conflits commerciaux continuent de peser sur les perspectives économiques mondiales et donc sur la demande de pétrole.
Dans ce contexte, les analystes ont revu à la baisse leurs prévisions de prix pour la troisième fois consécutive.
Une enquête menée par Reuters auprès de 40 économistes en mai prévoit un prix moyen du Brent à 66,98 $ le baril en 2025, contre 68,98 $ le mois précédent. Le brut américain (WTI) est attendu à 63,35 $, en baisse également.
De son côté, Goldman Sachs maintient une vision prudente, anticipant un prix de 60 $ pour le Brent cette année et de 56 $ pour le brut américain. La banque prévoit même un recul à 56 et 52 $ respectivement en 2026, en raison d'un excédent estimé à 1 million de barils par jour en 2025, qui passerait à 1,5 million en 2026.
Les perspectives pour le reste de l'année 2025 restent donc marquées par une offre excédentaire, une demande fragile et de nombreux facteurs de volatilité. La consommation américaine et la demande chinoise restent limitées par les incertitudes économiques, les progrès en matière d'efficacité énergétique et la transition vers la mobilité électrique. Par ailleurs, le conflit en Ukraine continue de représenter un facteur de risque géopolitique, bien que les marchés semblent en avoir intégré une grande partie dans le prix actuel du pétrole.
Les investisseurs doivent toujours prendre en compte les éléments qui influencent traditionnellement l'évolution des prix du pétrole pour mieux anticiper la direction de ce marché.
Parmi eux figurent les perspectives de croissance économique, les ajustements de production en dehors de l'OPEP, les changements dans les politiques de production de l'Arabie saoudite, les interruptions imprévues de l'offre mondiale et, enfin, la spéculation autour du pétrole brut et la dynamique du dollar américain.
A retenir : Les mois à venir devraient confirmer une tendance à la modération des prix dans un marché toujours tiraillé entre excès d'offre et faiblesse de la demande avec des prix fortement dépendants des développements économiques, technologiques et géopolitiques à l'échelle mondiale.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer