Le partenariat à 100 milliards de dollars (environ 85 milliards d'euros) entre le géant technologique Nvidia NVDA.O et la startup d’intelligence artificielle (IA) OpenAI pourrait donner aux deux sociétés un avantage déloyal sur leurs concurrents, estiment des experts.
Cette opération illustre les intérêts financiers de plus en plus imbriqués des géants de la tech engagés dans le développement d’IA avancées, ainsi que le risque de voir un petit nombre d’acteurs clés écarter une concurrence plus modeste.
Elle "soulève d’importantes préoccupations en matière d’antitrust", selon Andre Barlow, avocat spécialisé dans le droit de la concurrence chez Doyle, Barlow & Mazard, qui rappelle que l’administration Trump a adopté une approche pro-entreprises en matière de régulation, supprimant des obstacles susceptibles de freiner la croissance de l’IA.
Bien que la Maison blanche a fait du développement de technologies américaines d'IA une priorité et qu'elle veut encourager leur essor par la dérégulation et les incitations financières, un responsable du département de la Justice a indiqué la semaine dernière que le projet de Trump pour encourager l'innovation comportait aussi un volet antitrust.
"La question est de savoir si les agences considèrent cet investissement comme un moteur de croissance ou comme un risque de ralentissement pour l’IA", ajoute Andre Barlow.
Nvidia détient plus de la moitié du marché des GPU, ces puces qui alimentent les centres de données où tournent les modèles et applications d’IA, comme ChatGPT d’OpenAI.
Cette position dominante suscite des inquiétudes : Nvidia pourrait accorder à OpenAI des conditions préférentielles en matière de prix ou de délais de livraison, souligne Rebecca Haw Allensworth, professeure de droit de la concurrence à l’Université Vanderbilt.
"Ils ont un intérêt financier mutuel dans leur réussite. Cela crée une incitation pour Nvidia à ne pas vendre de puces, ou à ne pas les vendre aux mêmes conditions, aux concurrents d’OpenAI."
Un porte-parole de Nvidia a assuré que l’investissement dans OpenAI ne modifierait pas les priorités du groupe.
"Nous continuerons à traiter chaque client comme une priorité absolue, que nous détenions ou non une participation", a-t-il déclaré.
OpenAI n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
(Rédigé par Jody Godoy; version française Noémie Naudin, édité par Augustin Turpin)
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