Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises sur une base militaire près d'Abou Dhabi (Emirats arabes unis), le 21 décembre 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français, qui va remplacer le Charles de Gaulle et doit entrer en service en 2038, lors du Noël avec les troupes françaises aux Emirats arabes unis.
"A l'heure des prédateurs, nous devons être forts pour être craints", a déclaré le président français sur une base militaire près d'Abou Dhabi, devant des dizaines de soldats français.
Dans ce contexte, il a acté la mise en oeuvre de la réalisation du futur porte-avions, un projet lancé en 2018, qui doit être "l'illustration de la puissance de notre nation".
L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue, malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.
Ce lancement officiel va permettre de passer tous les contrats indispensables à la réalisation du projet, relève-t-on à l'Elysée.
"Je serai le garant de cet engagement" envers les 800 entreprises concernées, a ainsi souligné Emmanuel Macron, en précisant qu'il se rendrait sur le chantier en février.
Le président français Emmanuel Macron passe en revue les troupes sur une base militaire près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.
A l'issue de son discours, le chef de l'Etat devait partager un repas de fête, agrémenté de volaille aux morilles et bûche de Noël, avec les soldats déployés aux Emirats arabes unis (quelque 900 au total).
- Rafale -
Avant cela, il s'est entretenu avec le président émirati, cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane.
Le président français Emmanuel Macron (C) arrive au musée national Zayed à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, le 21 décembre 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
Emmanuel Macron l'a invité, dans un message sur X publié à l'issue de la rencontre, à renforcer leur "partenariat stratégique", notamment pour "la stabilité au Moyen-Orient".
Les deux pays entretiennent des relations très étroites en matière de défense, puisque les Emirats disposent de fleurons de l'industrie française comme le char Leclerc ou l'avion de combat Rafale.
Ces échanges interviennent sur fond de fortes tensions autour du programme Scaf, le futur avion de combat européen estimé à 100 milliards d'euros, fragilisé par un bras de fer industriel entre Dassault Aviation, fabricant de Rafale, qui revendique une plus grande autonomie et assure pouvoir le développer tout seul, et Airbus qui représente l'Allemagne et l'Espagne dans ce projet.
L'idée circule désormais d'associer les Emirats arabes unis, client majeur de Dassault depuis la commande de 80 Rafale en 2021, au développement d'un futur avion de combat français, sans les Allemands.
Outre les tensions au Moyen-Orient, illustrées dans ce déplacement, d'autres crises restent au premier plan.
Le Kremlin a ainsi fait savoir dans la nuit que Vladimir Poutine, à l'assaut en Ukraine depuis bientôt quatre ans, était prêt à parler à Emmanuel Macron, répondant à des déclarations en ce sens du président français.
-Narcotrafic -
L'Elysée a jugé cela "bienvenu" et indiqué que ses équipes aviseraient "dans les prochains jours sur la meilleure manière de procéder". Tout en notant prudemment que tout se ferait "en toute transparence" avec Kiev et les Européens et afin d'aboutir à la paix.
Paris veut aussi désormais s'assurer de l'appui des Emirats dans la "guerre" déclarée par le gouvernement français au narcotrafic.
D'importants narcotrafiquants y vivent un quotidien luxueux sans être inquiétés, notamment à Dubaï, selon la justice française.
La délégation française comprend d'ailleurs le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui avait déjà réclamé en novembre aux Emirats arabes unis l'extradition d'une quinzaine de narcotrafiquants, ainsi que le procureur de Marseille Nicolas Bessone et le directeur national de la police judiciaire Christian Sainte.
Le président français Emmanuel Macron (C) visite le musée national Zayed à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, le 21 décembre 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
Emmanuel Macron a dit cette semaine rechercher la coopération des pays où se trouvent certaines "têtes de réseau", afin de "pouvoir saisir leurs biens" et obtenir leur arrestation.
Le sujet est omniprésent en France depuis l'assassinat en novembre de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu en plein jour à Marseille.
Les soldats français aux Emirats sont engagés dans la lutte contre le narcotrafic en traquant les bateaux transportant de la drogue dans l'océan indien.
Ils participent aussi aux opérations Aspides, qui protègent les bateaux contre les frappes des rebelles houthis en mer Rouge, et à la coalition contre le groupe Etat islamique.

8 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer