Le marché mondial des fusions-acquisitions est demeuré sous pression en 2024 mais l'assouplissement de contraintes financières et réglementaires fait espérer une reprise en 2025, selon une étude publiée mardi par le cabinet de conseil Bain qui estime que les entreprises françaises cibleront davantage de groupes étrangers.
En 2024, plus de 7.200 opérations d'une valeur supérieure à 30 millions de dollars (29 millions d'euros) ont eu lieu dans le monde, en hausse de 9% par rapport à 2023.
La progression du volume total est encore plus marquée, de 13% sur un an à 3.600 milliards de dollars, mais ce chiffre est à rapporter au volume moyen sur 10 ans, 4.090 milliards de dollars.
"En fin de compte, aucun des soutiens macroéconomiques qu'attendaient les spécialistes des fusions et acquisitions ne se sont vraiment matérialisés l'année dernière", résume l'étude.
Les taux d'intérêt ont reculé à un rythme moins rapide que prévu et les valorisations ont atteint un plus bas à 10,4 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements, limitant les ventes et incitant les groupes de capital-investissement à garder leurs positions en portefeuille, énumère Bain.
Les contraintes réglementaires sont par ailleurs demeurées fortes, allongeant les délais nécessaires pour mener à bien une opération et incitant les entreprises à la prudence.
L'année 2025 devrait être marquée par une détente de ces contraintes qui encouragera les opérations de fusion-acquisition, espère le cabinet de conseil, tandis que de grandes tendances - paysage économique et géopolitique changeant, développement de nouvelles technologies et évolution des marchés cibles - continueront de pousser à la consolidation.
Des opérations "alternatives" - coentreprises, participations minoritaires ou des contrats de licence - ou l'usage de l'intelligence artificielle générative, qui peut permettre d'accélérer les processus de rachat, permettent de limiter les risques de ces opérations, ajoute Bain.
LES ENTREPRISES FRANÇAISES REGARDENT AILLEURS
En France, les opérations ont progressé de 21% sur un an à 96 milliards de dollars, la moitié de ce chiffre (49 milliards de dollars) tenant à des rachats de groupes étrangers par des entreprises françaises.
"En 2024, sous la pression de l'incertitude politique et grâce à des structures de bilan saines, les entreprises françaises ont réalisé davantage d'opérations visant à accroître leur empreinte géographique", explique Arnaud Leroi, associé au sein du cabinet.
La tendance devrait se poursuivre cette année, les entreprises françaises étant comme leurs homologues internationales confrontées à une économie mondiale plus fragmentée.
"Beaucoup d'acteurs européens préfèrent se positionner aux États-Unis pour produire sur le marché américain, ce qui limite les risques liés par exemple aux droits de douane", constate Arnaud Leroi.
"Par ailleurs, les rachats à l'étranger posent moins de risques concurrentiels, en dépit des pressions politiques qui peuvent parfois s'exercer à l'occasion d'une opération".
Dans un contexte où les valorisations entre l'Europe et les États-Unis atteignent un record, les groupes hexagonaux doivent néanmoins réussir à justifier auprès de leurs actionnaires la pertinence de ces rachats, tout en passant par des structures de financement moins dilutives, remarque Arnaud Leroi.
Cet écart de valorisations pourrait en revanche alimenter dans les prochaines années les rachats initiés par des entreprises étrangères de groupes français, estime le cabinet.
(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Sophie Louet)
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