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Les Iraniens appelés aux urnes vendredi, sans illusion ni espoir
information fournie par Reuters 18/02/2020 à 11:58

    * Amertume cinq ans après l'accord sur le programme
nucléaire
    * Les analystes s'attendent à un faible taux de
participation 
    * L'ayatollah Khamenei appelle à aller voter massivement

    par Babak Dehghanpisheh
    DUBAI, 18 février (Reuters) - "Je n'ai aucun espoir et je
n'irai pas voter" : cinq ans après les espoirs soulevés par
l'accord sur le programme nucléaire, les Iraniens sont appelés
aux urnes vendredi pour des élections législatives qui
pourraient pâtir du regain de tension avec Washington et d'une
économie asphyxiée par les sanctions. 
    "Je suis quelqu'un qui avait l'habitude de voter avant,
j'avais l'espoir que les choses aillent un peu mieux", confie
une médecin de Téhéran, qui a requis l'anonymat. "Maintenant
toutes les lignes rouges ont été franchies" et "je n'ai aucun
espoir".
    Longtemps bête noire des Etats-Unis, l'Iran a opéré un
rapprochement en 2015 avec Washington et le reste de la
communauté internationale en signant un accord encadrant son
programme nucléaire en contrepartie d'une levée des sanctions
économiques pesant sur son économie. 
    L'espoir soulevé par cet accord, notamment chez les 70%
d'Iraniens âgés de moins de 35 ans, a toutefois été rapidement
douché par la décision unilatérale du président américain Donald
Trump en 2018 de se retirer du texte et de rétablir une série de
sanctions contre la République islamique.     
    Cette décision, condamnée par Téhéran et déplorée par les
autres signataires du texte, a asphyxié l'économie iranienne
dont le PIB s'est contracté de 4,6% sur l’exercice fiscal
2019-2020 et devrait fondre encore de 7,2% cette année, selon
les estimations de l’Institut de la finance internationale.
    Les mesures d'austérité prises par le gouvernement,
notamment l'annonce d'une hausse du prix de l'essence, ont fait
descendre dans la rue des milliers de personnes à l'automne -
des manifestations violemment réprimées par les autorités qui
auraient fait selon Amnesty International plus de 300 morts. 
    
    "AUCUNE DIFFÉRENCE"
    Pour Ali, employé d'une boutique de téléphones portables à
Ispahan, dans le centre du pays, "la clef de tout c'est
l'économie".
    "Si une personne n'a pas d'argent pour rapporter du pain à
sa femme et sa famille, alors il arrêtera de prier et perdra
même ses convictions", ajoute-t-il, joint par Reuters par
téléphone. "J'ai voté pendant plusieurs années et ça n'a fait
aucune différence. Nous n'avons pas vu de progrès qui nous
pousserait à soutenir tel ou tel candidat."
    Déjà éprouvée par les sanctions économiques, la confiance de
la population en la classe dirigeante en Iran a été ébranlée
début janvier par la destruction d'un Boeing 737-800 ukrainien,
abattu "par erreur" par les autorités iraniennes, causant la
mort des 176 personnes à son bord - parmi lesquelles 145
Iraniens.
    "Cette année, les choses vont de mal en pis", estime un
habitant de Téhéran, qui ne souhaite pas être identifié. "Après
l'accident d'avion, le gouvernement a perdu beaucoup de ses
soutiens".      
    Dans ce contexte de désillusions, les analystes s'attendent
à un taux de participation plus faible que celui enregistré lors
des dernières élections législatives en 2016 (62%).
    Face à cette perspective et à un possible échec de
l'alliance gouvernementale formée par les modérés et les
réformateurs, le président Hassan Rohani a appelé fin janvier
les électeurs à se déplacer en masse aux urnes.
    Un message repris mardi par le guide suprême iranien et
véritable détenteur du pouvoir en Iran, l'ayatollah Ali
Khamenei, qui a estimé qu'une forte participation donnerait
l'image d'un Iran uni face aux "ennemis" de la République
islamique.
    "L'Amérique ne réussira pas à créer des divisions entre les
autorités et les Iraniens", a-t-il écrit sur son compte Twitter.
"Une forte participation montrera notre unité face aux ennemis."
    "Nous avons besoin d'un Parlement fort pour neutraliser les
complots de nos ennemis", a-t-il ajouté. Vendredi, les électeurs
iraniens seront appelés à choisir leurs 290 députés parmi les
7.000 candidats en lice. 

 (avec Parisa Hafezi, version française Marine Pennetier, édité
par Henri-Pierre André)
 

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