Les investisseurs activistes sont prêts à faire pression pour obtenir des changements, alors que les transactions s'accélèrent

information fournie par Reuters •08/07/2025 à 12:00

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Au deuxième trimestre, les campagnes auprès des investisseurs ont baissé de 32 % par rapport à l'année précédente

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De plus en plus d'entreprises font appel à des conseillers pour anticiper les campagnes

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Davantage de règlements: "La paix est peut-être en train d'éclater"

par Svea Herbst-Bayliss et Emma-Victoria Farr

Les investisseurs activistes s'apprêtent à exercer une pression plus forte pour obtenir des changements dans les entreprises au cours des prochains mois, trouvant un regain de confiance pour lancer des campagnes alors que le rythme des transactions reprend de plus belle.

Les banquiers, les avocats et les investisseurs prévoient une recrudescence des luttes pour la direction des entreprises, les améliorations opérationnelles et les scissions au cours du second semestre 2025. Selon eux, de nombreuses entreprises mondiales s'apprêtent à livrer des batailles coûteuses et fastidieuses, même si certains investisseurs activistes sont prêts à faire des compromis.

"L'activité du second semestre sera plus importante", a déclaré Alfredo Porretti, co-responsable mondial de l'engagement des actionnaires et des marchés de capitaux pour les fusions et acquisitions chez JPMorgan Chase JPM.N "Les activistes visent plus prudemment, mais n'appuient pas encore sur la gâchette"

La reprise attenduedes campagnes dans les entreprises internationales ferasuite à un deuxième trimestre exceptionnellement calme , au cours duquel seulement 59 campagnes ont été lancées, notamment dans l'entreprise américaine de technologies de l'information Hewlett Packard Enterprise HPE.N et dans l'entreprise américaine de soins de santé Kenvue KVUE.N , qui fabrique des pansements et du Tylenol.

Entre avril et la fin du mois de juin, le rythme des campagnes au cours desquelles les investisseurs font pression pour que des changements soient apportés afin de stimuler le cours de l'action a diminué de 16 % par rapport au premier trimestre, qui avait été très actif. Les données de Barclays BARC.L montrent qu'elles ont baissé de 32 % par rapport à l'année précédente.

Les investisseurs ont déclaré que de nombreux activistes sont restés sur la touche au deuxième trimestre, inquiets de la façon dont les tarifs douaniers et les politiques fiscales du président américain Donald Trump pourraient affecter les stratégies qu'ils proposent pour améliorer les performances des entreprises.

"Les activistes ont réévalué les campagnes publiques au deuxième trimestre compte tenu de la volatilité des marchés boursiers et de l'incertitude macroéconomique, mais, en privé, les niveaux d'agitation ont été importants jusqu'au milieu de l'année", a déclaré Pam Codo-Lotti, directrice opérationnelle de l'activisme et du conseil aux actionnaires chez Goldman Sachs

GS.N .

À l'avenir, les agitateurs d'entreprises bien établis, tels qu'Elliott Investment Management, Jana Partners et Sachem HeadCapital Management, examinent de nouvelles idées, tout comme les nouveaux venus qui n'ont jamais essayé d'inciter publiquement les entreprises à améliorer leurs performances, ont déclaré des personnes connaissant bien leur travail.

Dès les premiers jours du second semestre, l'activiste Starboard Value a pris une participation dans la société de voyage en ligne Tripadvisor TRIP.O , avec l'intention de dialoguer avec la direction.

Les activistes ciblent généralement les entreprises au cours des mois d'automne et d'hiver, bien avant la saison des assemblées annuelles de l'année suivante, au printemps. Ils commencent souvent par des entretiens privés avant de rendre leurs revendications publiques.

Les entreprises se préparent à l'assaut attendu.

Lesmembres duconseil d'administrationqui gardent un mauvais souvenir despressions exercées par lesactivistes dans le passépoussent la direction à engager dès maintenant des conseillers pour évaluer les points faibles et prendre des mesures préventives, ont déclaré deux administrateurs de grandes entreprises américaines qui n'ont pas été autorisés à parler publiquement de leurs préparatifs.

Selon eux, les administrateurs de longue date pourraient être remplacés ou les directeurs généraux qui ne suivent pas le rythme de leurs pairs pourraient être démis de leurs fonctions.

"En période de volatilité économique et d'incertitude, l'activisme des actionnaires est plus probable en raison des points faibles des entreprises", a déclaré Ingo Speich, responsable du développement durable et de la gouvernance d'entreprise chez le gestionnaire d'actifs allemand Deka Investment. "Une mauvaise gouvernance est une source constante d'activisme actionnarial. Les entreprises en phase de transition sont plus vulnérables et ouvrent des fenêtres aux actionnaires pour qu'ils deviennent plus actifs."

Depuis le début de l'année, la demande préférée des investisseurs activistes est celle d'un changement de conseil d'administration, qui apparaît dans 43 % des campagnes menées au cours du premier semestre 2025. L'activiste Mantle Ridge a réussi à faire changer le conseil d'administration d'Air Products and Chemicals APD.N et Elliott l'a fait pour Phillips 66 PSX.N .

Pour l'avenir, les banquiers et les avocats s'attendent à une reprise des demandes de vente d'entreprises ou de scission, qui n'ont représenté que 33 % de toutes les campagnes au cours du premiersemestre. Ils soulignent que les investisseurs sont deplus en plus convaincus que le rythme des transactions mondiales va s'accélérer.

"Nous nous attendons à ce que les niveaux des campagnes activistes publiques s'accélèrent au cours du second semestre de l'année, avec un regain d'intérêt pour les cibles de fusions et d'acquisitions, sauf, bien sûr, en cas de vents contraires macroéconomiques", a déclaré Pam Codo-Lotti, de Goldman.

Après s'être fait un nom il y a quelques années avec des campagnes publiques bruyantes menées par des investisseurs comme Carl Icahn, Bill Ackman et Daniel Loeb, de nombreux activistes sont désormais prêts à adopter un profil plus bas et à se tenir à l'écart des gros titres, selon les banquiers et les avocats.

Les investisseurs institutionnels, qui gèrent ensemble 35 000 milliards de dollars d'actifs, "considèrent en grande majorité l'activisme comme une force de marché utile". 77 % d'entre eux le considèrent comme un catalyseur de changement et 71 % comme un moteur de responsabilisation, selon une nouvelle étude de la société de conseil aux actionnaires SquareWell Partners.

Une fois leur réputation établie, les activistes peuvent être prêts à ne pas s'engager dans des courses aux procurations coûteuses et désordonnées , mais plutôt à accepter des règlements discrets.

Par exemple, Jana Partners a longtemps fait pression sur le fabricant de frites Lamb Weston LW.N pour qu'il apporte des changements au niveau de l'exploitation et du conseil d'administration, voire qu'il vende la société. Fin juin, le fonds spéculatif a évité un conflit très médiatisé au sein du conseil d'administration en concluant un accord qui a permis d'intégrer quatre de ses candidats au conseil d'administration et d'en ajouter deux sur lesquels les deux parties s'étaient mises d'accord.

"La paix est peut-être en train de s'installer, avec davantage d'accords conclus et de sièges au conseil d'administration attribués aux activistes", a déclaré Alfredo Porretti de JPMorgan, ajoutant que "les accords ne sont conclus que si chaque partie se sent un peu faible"