
Les fonds verts bondissent en Europe… mais restent encore marginaux
L’élan politique donné à la finance verte en Europe s’est traduit par une dynamique inédite en 2017 en matière de collecte des fonds verts. Les encours atteignent désormais 32,2 milliards d’euros, en progression de 49 % sur un an. Deux pays tirent le continent : la France et la Suisse.
Le chiffre est très impressionnant. Entre 2016 et 2017, les encours des fonds verts européens ont bondi de 49 % pour atteindre 32,2 milliards d’euros, contre 22 milliards il y a un an. Tel est le chiffre majeur qui ressort de la dernière étude de Novethic sur le "Marché des fonds verts européens 2018". Cette hausse est quatre fois plus importante que celle du marché européen qui atteint 12 %.
Jade Dusser, Responsable des analyses de marchés chez Novethic et auteur de l’étude, note que ce n’est pas tant le nombre de fonds qui a cru – ils sont passés de 164 à 176 – que le fruit d’une excellente collecte " qui explique à 70 % cette croissance ". Sur les 10,2 milliards de hausse des fonds verts, 7,2 milliards proviennent de la collecte sur l’année 2017 et 3 milliards de la performance des fonds.
Une goutte verte
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic relativise toutefois : " La finance verte est sur toutes les lèvres, des banquiers centraux à la Commission Européenne, mais son poids réel reste encore modeste (…) L es encours des fonds verts (…) dépassent à peine les 32 milliards d’euros ! Or, en Europe, la gestion d’actifs cotés draine plus de 10 000 milliards d’euros. Pour financer la transition, il faudra que cette petite goutte verte contamine plus fortement l’immense océan dans lequel elle est née !".
Novethic a réparti les fonds verts en cinq grandes catégories. De la thématique la plus large à la plus spécifique, l’étude cite : le développement durable, l’environnement, l’eau, le climat et les énergies renouvelables. Ce sont les sujets de l’eau et de l’Environnement qui regroupent les plus importants encours avec respectivement 11,3 et 10,6 milliards d’euros.
L’auteure de l’étude met en avant une sixième catégorie : les fonds low carbon " dont la stratégie vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre des portefeuilles, en sélectionnant les entreprises les plus engagées au sein de chaque secteur d’activité ". Leurs encours ne totalisent que 2,7 milliards d’euros en 2017, mais ils ont doublé en une seule année avec une performance de 17,6 %, bien au-dessus de la moyenne à 10,6 %.
Deux hubs de la finance verte en Europe
D’un point de vue géographique, deux pays tirent leur épingle du jeu. Les fonds gérés en France attirent 32 % des encours et ceux de Suisse 30 %, soit presque deux tiers du marché ensemble. Si la première société de gestion est le Suisse Pictet avec 3 fonds réunissant 5,9 milliards d’euros, elle est talonnée par BNP Paribas AM (10 fonds pour 5,2 milliards d’euros). Surtout, le Français a attiré 2,2 milliards d’euros sur les 7,2 collectés en 2017, le plaçant en tête sur ce critère.
" Les fonds gérés en France bénéficient d’un intérêt croissant. On peut imaginer que c’est l’un des effets de l’article 173 dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte (qui impose aux investisseurs institutionnels un reporting climat, ndr) qui a stimulé la demande pour des produits susceptibles de flécher leur contribution environnementale ", indique l’étude Jade Dusser.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin
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