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Legrand surfe sur les centres de données et se languit du redémarrage du bâtiment
information fournie par Boursorama avec AFP 28/05/2025 à 16:56

( AFP / MICHEL GANGNE )

( AFP / MICHEL GANGNE )

Pilier discret du CAC 40, Legrand est devenu en quelques années un acteur mondial des centres de données, qu'il a placés au cœur de sa stratégie de croissance, et accumule les acquisitions ciblées, mais se languit du redémarrage du bâtiment, son cœur de métier.

Le groupe de Limoges, plus connu du grand public pour ses interrupteurs et prises électriques que pour ses produits high-tech liés à la transition numérique, réalise 20% de son activité dans les centres de données, contre 3% en 2015.

Il vise désormais un chiffre d'affaires global "compris entre 12 et 15 milliards" d'euros en 2030, contre 8,6 milliards en 2024.

"Il y a sept ans, c'était 5 milliards", rappelle Benoît Coquart, son directeur général. "En 2030, si on fait le plan (stratégique), ce sera 15", ajoute-t-il dans un entretien à l’AFP, en marge de l'assemblée générale annuelle du groupe mardi.

Fondée il y a 160 ans, la maison Legrand se spécialise à partir de 1919 dans les appareils électriques basse tension, en porcelaine de Limoges, avant de devenir un spécialiste mondial des infrastructures électriques du bâtiment.

Le groupe, présent dans plus de 90 pays et qui emploie environ 36.000 personnes dans le monde, dont l'Inde et la Chine, reste fortement lié aux marchés résidentiel et non-résidentiel (bureaux, universités, hôpitaux, etc.) qui représentent 80% de son activité.

Mais il est aujourd'hui "devenu un vrai champion, si ce n'est le champion français des data centers", affirme Benoît Coquart. Ses concurrents européens sont le français Schneider Electric, l'helvético-suédois ABB et l'allemand Siemens.

Son activité se concentre sur les éléments électriques, c'est-à-dire les armoires dans lesquelles se trouvent les serveurs, la distribution électrique, le refroidissement, etc. L'innovation y est clé, notamment le refroidissement des serveurs, deuxième poste de consommation d'énergie des centres de données.

"On fournit l'équipement pour permettre aux data centers de fonctionner", résume Benoît Coquart.

La demande, dopée par l'intelligence artificielle (IA), est particulièrement dynamique aux Etats-Unis, où Legrand réalise les deux tiers de son activité. Mais l'Europe veut profiter d'événements comme le sommet sur l'IA, qui s'est tenu à Paris en février, pour refaire son retard.

- Champion des acquisitions -

"On voit bien que la mayonnaise commence à prendre. C'est devenu un sujet de souveraineté", assure Benoît Coquart.

A côté de cette croissance, Legrand est aussi un champion des acquisitions: dix au cours des douze derniers mois, dont six dans les data centers, plus de 200 dans son histoire.

"Legrand est connu pour la notion d'arrimage", explique Angeles Garcia-Poveda, présidente du conseil d'administration. "C'est cette façon d'adosser la cible (au groupe), de trouver les synergies dans le domaine commercial et d'apporter notre savoir-faire sans broyer" celui de la société acquise. "On fait un point acquisitions quasiment à chaque conseil" d'administration, poursuit-elle.

Les responsables de chaque pays ont l'obligation de passer 15% à 20% de leur temps à repérer et courtiser les cibles potentielles, indique Benoît Coquart.

En Bourse, cette stratégie est saluée. Au point de devenir une "valeur refuge par excellence" selon certains analystes financiers. Le cours de l'action a pris plus de 200% depuis 2013 grâce à cette stratégie, mais aussi la "résilience" dont se targue le groupe.

Son atout-maître: le "pricing power", c'est-à-dire la capacité de la marque Legrand à permettre au groupe de convaincre les clients d'accepter ses prix.

"Dès que les vents sont un peu porteurs, on a les voiles qui se gonflent et on fait beaucoup de croissance", souligne Benoît Coquart. Et lorsque la conjoncture se retourne, comme le bâtiment actuellement en Europe, le groupe "a une capacité de résilience extraordinaire", juge-t-il.

En France, cela s'est traduit par une réorganisation des sites sans licenciement l'an dernier. Mais la crise est profonde et risque de durer, s'inquiète un syndicaliste du groupe.

"En tant qu'équipementier électrique, on intervient toujours à la fin des chantiers. Donc le temps que le bâtiment redémarre, on a toujours 1 à 2 ans de décalage", précise ce syndicaliste, en rappelant que pour le marché français, Legrand produit en France.

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