Les valeurs bancaires européennes et asiatiques reculent vendredi, dans le sillage de la forte chute des banques régionales américaines jeudi, alors que montent les inquiétudes liées à l’augmentation des risques et à la qualité du crédit.
Le compartiment bancaire européen .SX7P perdait 3,12% vers 07h10 GMT, à son niveau le plus bas depuis début septembre.
À Paris, vers 08h38 GMT, Société Générale SOGN.PA chutait de 5,20% et BNP Paribas BNPP.PA de 3,69%, tandis que Crédit Agricole CAGR.PA abandonnait 2,60%.
Au même moment, les titres de Deutsche Bank DBKGn.DE à Francfort et Barclays BARC.L à Londres perdaient respectivement 6,62% et 5,76%
CRAINTES SUR LES NORMES DE PRÊT
Le recul des valeurs européennes du secteur survient à la suite de deux affaires distinctes liées aux banques régionales américaines Zions Bancorporation ZION.O et Western Alliance
WAL.N .
Zions Bancorporation a vu son titre plonger de 13% jeudi après avoir annoncé des pertes inattendues dans sa division californienne, tandis que Western Alliance a dit avoir engagé des poursuites en justice contre l'un de ses emprunteurs, que la banque accuse de fraude, entraînant un recul de 10,8% de l'action.
Ces deux affaires ont révélé les faiblesses des contrôles bancaires et l’opacité du marché du crédit, rendant l’évaluation des risques plus difficile et ravivant les inquiétudes sur les normes de prêt, plus de deux ans après la faillite de la Silicon Valley Bank.
Au Japon, les banques .IBNKS.T et les compagnies d’assurance .IINSU.T ont cédé du terrain, Tokio Marine
8766.T , Mizuho 8411.T et Mitsubishi UFJ Financial Group
8306.T perdant près de 3% chacun. À Singapour, DBS DBSM.SI a reculé d’environ 1%, tandis qu’en Australie, l’assureur QBE
QBE.AX a chuté de 9%.
L’indice des banques régionales américaines .KRX a reculé de 6% jeudi.
RISQUE DE PROPAGATION
Les analystes ont déclaré que, bien que ces problèmes ne soient pas susceptibles de poser des risques systémiques, ils pourraient peser sur le sentiment à court terme.
Selon Kyle Rodda, analyste financier principal chez Capital.com, "bien qu'elle soit importante, la taille des créances douteuses en elle-même ne devrait pas poser de risques pour l'ensemble du système".
Il souligne toutefois que la cause sous-jacente - le relâchement des normes de prêt et la fraude - pourrait susciter des craintes que ce comportement soit endémique et entraîne d’autres défauts de paiement.
"Ce que l’on voit avec les banques qui se défont de leurs positions pendant la nuit aux États-Unis, c’est que l’Asie s’en rend compte à son réveil, l’Europe s’en rend compte à son tour, et cela se propage", a déclaré James Rossiter, responsable de la stratégie macroéconomique mondiale chez TD Securities.
Des analystes ont établi des parallèles entre la situation de Zions Bank et l’effondrement récent du fabricant de pièces automobiles First Brands, qui a soulevé des questions sur la transparence du marché du crédit.
Ils ont également mentionné les propos du PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, cette semaine, concernant l’anxiété sur le marché du crédit.
"Lorsqu’on voit un cafard, il y en a probablement d’autres, et donc tout le monde devrait être prévenu", a déclaré Jamie Dimon.
Les grandes banques américaines ont largement publié de solides résultats ces derniers jours, mais leurs valorisations déjà très élevées suscitent la nervosité chez les investisseurs qui surveillent de près leur performance sur les marchés.
Selon Vasu Menon, directeur général de la stratégie d’investissement chez OCBC Bank, "les inquiétudes renouvelées concernant les banques régionales américaines pourraient accentuer encore davantage les tensions sur des marchés qui ont déjà une montagne de préoccupations à gérer".
(Ankur Banerjee à Singapour et Alun John à Londres, avec Kevin Buckland à Tokyo et Stella Qiu à Sydney ; version française Elena Smirnova, édité par Augustin Turpin)
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