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Le retour de l’interventionnisme politique dans l’économie chinoise
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 02/11/2017 à 08:30

Jean-Luc Buchalet
Jean-Luc Buchalet

Jean-Luc Buchalet

Pythagore Consult

PDG

Le mandat de Xi Jinping a été renouvelé pour cinq ans lors du XIXe Congrès du parti communiste chinois. (crédit : CC-Michel Temer)

Le mandat de Xi Jinping a été renouvelé pour cinq ans lors du XIXe Congrès du parti communiste chinois. (crédit : CC-Michel Temer)

Au cours du premier mandat du président Xi Jinping, la croissance chinoise a été en moyenne de 7,1% en retrait par rapport aux 10,1% des trente dernières années. En parité de pouvoir d'achat, le PIB chinois a dépassé de 20% les Etats-Unis faisant de l'empire du Milieu la première puissance économique mondiale, contribuant à plus d'un tiers à la croissance mondiale.

Cette croissance que beaucoup de monde envie, est la résultante d'une orgie de crédit et d'excès en tout genre. L'endettement chinois aurait dépassé les 277% du PIB en 2016: un record absolu qui sous-estime certainement la réalité. Ce ratio d'endettement place le pays largement devant les Etats-Unis, l'Europe et l'ensemble des émergents pourtant aussi très endettés (respectivement 256%, 213% et 218% du PIB). La finance de l'ombre représenterait 8.100 milliards de dollars, soit l'équivalent de 80% du PIB !

Dégradation de la note de crédit

Différentes agences de notation américaines (Moody's et Standard & Poor's) ont récemment dégradé la note de crédit de la dette souveraine chinoise, pour la première fois depuis 1989, en déclarant en langage diplomatique que «la solidité financière de la Chine va quelque peu s'éroder au cours des années qui viennent, le volume total de la dette continuant à grossir tandis que le potentiel de croissance ralentit».

La Commission de régulation bancaire chinoise (CBRC) a décidé de s'attaquer au problème de la dette du pays, suite à la nomination de Guo Shuqing au premier trimestre 2017 à la tête de cette institution qui veille sur la santé d'un secteur bancaire exubérant et pesant pas moins de 232 000 milliards de yuans (32 000 milliards d'euros).

Structures opaques

Une partie significative de cette dette est dissimulée derrière de nombreuses structures opaques peu régulées comprenant des produits complexes. Dans cette année de transition politique qui a vu le renouvellement du mandat pour cinq ans de Xi Jinping lors du XIXe Congrès du parti communiste chinois, le défi pour son chef est colossal.

Après un vaste audit, Monsieur Go a déclaré sans langue de bois à la presse : «Différents régulateurs, différentes lois, différentes règles ont causé le chaos… Banques, fonds d'investissement, courtiers et assureurs gèrent des actifs comptables, mais sont soumis à des règles distinctes et des régulateurs différents… C'est le far west !»

Le plus impressionnant dans la trajectoire chinoise n'est pas tant le niveau absolu de la dette que la rapidité de sa progression (151% du PIB en 2006 et 277% en 2016).

La demande intérieure, qui pèse aujourd'hui seulement 39% du PIB (contre une moyenne mondiale comprise entre 55% et 65%), pourra-t-elle prendre le relais de la croissance générée majoritairement par les infrastructures (45% du PIB) ? Rien n'est moins sûr car la demande domestique nécessite aujourd'hui 3,4 unités de crédit supplémentaire pour chaque unité de croissance, ratio en très forte augmentation par rapport à 2007 (1,4). Il faut 2,5 fois plus de crédit pour générer la même croissance domestique ! La dette des ménages a atteint un record à 90% de leur revenu disponible.

Retour en arrière

Sous le mandat de Xi Jimping, la pure orthodoxie historique et les formes les plus éculées de gouvernance sont de retour, sous le regard bienveillant de Confucius. Ceux qui espéraient un réformateur il y a cinq ans, en sont pour leur frais. Pire, le président chinois a affirmé son intention de revenir sur le chemin parcouru par ses prédécesseurs en «remaoïsant» le régime.

Quelles sont les conséquences de ce retour en arrière pour l'économie ? Depuis plus de 10 ans, ce ne sont pas les sociétés étatiques (50% du PIB) mais les entreprises privées qui ont apporté l'essentiel de la croissance et de l'innovation dont le pays a tant besoin pour sortir du «piège du revenu médian» que tous les pays en transition connaissent.

Comment concilier cette volonté étatique de retour du politique dans l'économie à tous les niveaux et le souci de maintenir une dynamique de libre entreprise essentielle à la poursuite de la croissance? Il y a de fortes chances que les réformes tant attendues soient repoussées sine die. Ce qui ne présage rien de bon quant à la croissance potentielle de l'empire du Milieu.

Référence : le Capitalisme et les 7 péchés capitaux – Le nouveau testament économique, JL Buchalet, Plon, sept 2017. Chapitre II

4 commentaires

  • 02 novembre 10:25

    ...que de beaux jours devant nous, pour nos enfants et petits...;-(((


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