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Le réflexe pavlovien des bourses occidentales
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 20/04/2020 à 15:15

Jean-Luc Buchalet
Jean-Luc Buchalet

Jean-Luc Buchalet

Pythagore Consult

PDG

Faisant fi de l'aléa de moralité, les investisseurs qui ont fait le pari d'acheter dans les creux lors de toutes ces crises ont été les grands gagnants, sauvé à chaque fois par le bazooka monétaire des banques centrales. (Crédits photo : Adobe Stock)

Faisant fi de l'aléa de moralité, les investisseurs qui ont fait le pari d'acheter dans les creux lors de toutes ces crises ont été les grands gagnants, sauvé à chaque fois par le bazooka monétaire des banques centrales. (Crédits photo : Adobe Stock)

Le CAC 40 a enregistré une perte de 38% entre le point haut du 19 février et le point bas du 18 mars. Depuis l'indice français s'est redressé pour regagner 25%. La baisse reste malgré tout significative (-26%). A Wall Street, le Dow Jones et le Nasdaq ont connu aussi un fort rebond.

Ce sursaut peut surprendre dans le contexte actuel de la pandémie et de ses effets catastrophiques sur l'économie. Les premiers chiffres publiés en France témoignent de la violence du ralentissement avec une baisse du PIB de 6% pour le premier trimestre, après seulement deux semaines de confinement. Sous l'hypothèse d'un confinement qui prendrait fin début mai, le recul d'activité pourrait être de l'ordre 15% pour le deuxième trimestre. Au niveau mondial, les économistes anticipent une décroissance inédite, comprise entre 2% pour les plus optimistes et 7% pour les plus pessimistes.

A l'aune de ces chiffres, la crise de 2008 nous apparaitra comme une promenade de santé, d'autant plus que cette fois-ci, le monde ne bénéficiera plus du plan massif de relance de la Chine initié en 2009. N'oublions pas que le pays a contribué à 39% de la croissance mondiale l'année dernière. La publication des très mauvais chiffres du chômage aux Etats-Unis (plus de 15 millions de chômeurs en plus en seulement trois semaines) a entraîné à chaque fois une accélération de la hausse des Bourses mondiales. Les deux déclencheurs de ce «rally» boursier ont été d'une part l'espoir d'un reflux de la pandémie et d'autre part les mesures exceptionnelles proposées par les banques centrales accompagnées de plans d'ajustement massifs de tous les gouvernements occidentaux.

La Fed a même promis à la veille du week-end de Pâques qu'aucune entreprise, aucune municipalité, aucun emprunteur insolvable ne ferait faillite dans un avenir prévisible. La BoE propose de financer directement l'état britannique ! En même temps, les économistes s'écharpent pour savoir si la reprise sera en V, la moins probable, en U, en W ou en L.

Brouillard total

La caractéristique de cette crise, c'est que nous sommes dans le brouillard total avec comme conséquence une augmentation vertigineuse de la prime de risque du fait du manque de visibilité. L'exemple de Singapour est édifiant : pourtant cité comme l'un des meilleurs élèves pour contenir l'épidémie, la cité-état a finalement décidé d'avoir recours aussi au confinement.

L'image de l'OMS est aujourd'hui écornée car l'organisation a tardé à annoncer la pandémie mondiale (seulement le 11 mars) sous pression du gouvernement chinois alors que les Taiwanais avaient alerté dès le 31 décembre les cadres du centre de contrôle de la gravité de la situation en Chine. Les autorités ont volontairement menti sur le nombre de morts pour ne pas nuire à son image.

Tout cela ne manquera pas de raviver les tensions entre les USA et la Chine quand on fera le bilan des dégâts humains et économiques qu'aura provoqué l'Empire du Milieu par son manque de transparence. Des cas de nouvelles contaminations sont signalés à la frontière avec la Russie et dans d'autres régions. La résurgence de l'épidémie en cas de déconfinement trop rapide reste probable.

Il n'est pas sûr que le scénario du meilleur se reproduise

Par le passé, toute baisse systémique des marchés s'est toujours caractérisée par un fort rebond: krach de1987, crise asiatique de 1998, bulle Internet de 2000, crise des subprimes de 2008/09, crise de la zone euro de 2011, crise chinoise de 2005, Brexit de 2016, crise de remontée des taux de la Fed de 2018…

Faisant fi de l'aléa de moralité, les investisseurs qui ont fait le pari d'acheter dans les creux lors de toutes ces crises ont été les grands gagnants, sauvé à chaque fois par le bazooka monétaire des Banques centrales. Pourquoi en serait-il autrement cette fois-ci ? Si les Martiens attaquaient la Terre, la Fed baisserait ses taux et inonderait la planète financière de liquidités pour sauver les marchés financiers de cette agression.

Dans un même réflexe pavlovien, les investisseurs sont à nouveau de retour sur les Bourses pour profiter d'un probable rebond. Nous avons vécu pendant plus de 10 ans sous assistance respiratoire des banques centrales avec des taux négatifs ou proche de zéro, déformant de manière chronique l'allocation de l'épargne, créant de nombreuses bulles comme dans l'immobilier, en maintenant de nombreuses entreprises zombies. Les Etats et les agents privés se sont fortement endettés (+70% en dix ans).

Il n'est pas sûr que cette fois-ci le scénario du meilleur se reproduise. Nous recommandons donc la prudence en attendant que la volatilité des marchés se stabilise à un niveau suffisamment bas et pendant une durée assez longue pour faire le tri entre le bon grain et l'ivraie. Nous aurons tout le temps d'avoir une idée plus précise de la forme que prendra le monde de demain.

8 commentaires

  • 20 avril 17:11

    Cet article est en contradiction totale avec celui de Gilles Moëc (AXA) " L'hyper volatilité sur les marchés semble être derrière nous" . . . Alors qui a raison, qui a tort je vous laisse y réfléchir.


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