Yannick Bollore, président du conseil de surveillance du groupe de médias Vivendi
par Gianluca Lo Nostro, Leo Marchandon et Florence Loeve
La semaine prochaine, le conglomérat français Vivendi cherchera à convaincre ses actionnaires avec son projet de démantèlement, très critiqué par un investisseur activiste selon lequel ce plan ne profiterait qu'à son principal actionnaire, le groupe Bolloré.
Les actionnaires voteront lundi la scission de Vivendi en quatre sociétés valorisées à plusieurs milliards d'euros.
Le groupe dirigé par Yannick Bolloré espère ainsi corriger sa décote de conglomérat, qui signifie que sa valorisation boursière globale est inférieure à la somme de ses parties.
Canal+, filiale de diffusion serait cotée à Londres et aurait son siège social en France, l'agence de publicité Havas serait cotée à Amsterdam , tandis que le groupe Louis Hachette, actif dans l'édition, serait coté sur Euronext Growth à Paris.
Leurs cotations en bourse seraient prévues à partir du 16 décembre.
Vidée d'une partie de ses actifs, Vivendi deviendrait une holding d'investissement avec des participations dans Telecom Italia, UMG et Telefonica entre autres.
Une majorité des deux tiers est requise pour approuver la scission lors de l'assemblée générale extraordinaire à Paris.
L'action Vivendi, qui serait donc exclue du CAC40 à l'issue de la scission, a chuté de 17% depuis que son conseil de surveillance a précisé son projet de démantèlement en octobre.
"Le récit peine à convaincre la communauté des analystes et des investisseurs", estime Bertrand Lamielle, analyste chez Portzamparc, filiale de gestion d'actifs de BNP Paribas, pour qui le plan pourrait être "mal perçu, ou du moins pas favorable aux actionnaires minoritaires".
Selon les estimations de JP Morgan, Canal+ devrait être valorisé 6 milliards d'euros, Havas 2,5 milliards d'euros et Louis Hachette 2,2 milliards d'euros.
QUESTIONS DE GOUVERNANCE
Deux investisseurs minoritaires, CIAM et Phitrust, ont exhorté les actionnaires à voter contre le plan.
Le fonds parisien CIAM, qui détient une participation de 0,025% dans Vivendi, a affirmé que le projet prive les actionnaires minoritaires des dispositions protectrices de la loi française.
Le groupe CIAM a déposé deux recours en vue d'obtenir une offre publique d'achat sur les actions Vivendi ou l'annulation du projet. Une demande de report de l'assemblée générale a été rejetée jeudi par un tribunal.
La holding de la famille Bolloré devrait détenir 31% de chacune des trois entités issues de la scission.
CIAM et Phitrust affirment que le groupe Bolloré met en oeuvre ce plan de scission pour contourner la réglementation financière du pays.
En France, dès qu'un investisseur détient 30% ou plus d'une entreprise, il déclenche une offre publique d'achat obligatoire.
Mais cette règle ne s’appliquera pas aux entités cotées à l'étranger.
Vivendi a rejeté ces critiques, affirmant que le projet avait été approuvé par les sociétés de conseil en vote ISS et Glass-Lewis.
Dans son rapport, l'ISS a émis un "vote prudent" en faveur du plan, car il "s'attaque enfin à une décote persistante du conglomérat", mais prévient qu'il pourrait s'accompagner de "choix de gouvernance discutables" et remarque qu'il n'offre aucune alternative réelle.
De même, Glass Lewis souligne "les turbulences boursières actuelles" et "l’engagement peu admirable de Vivendi en faveur d’une gouvernance progressiste", mais reconnaît que la scission pourrait "libérer de la valeur pour les investisseurs" par rapport à aujourd’hui.
(Reportage Gianluca Lo Nostro et Leo Marchandon à Gdansk, Florence Loève à Paris, édité par Augustin Turpin)
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