
Des tubes de cuivre. (crédit : Adobe Stock)
Par Kerstin Hottner, Head of Commodities chez Vontobel
Le cuivre, pilier de l'électrification et de la transition verte
Le cuivre s'impose comme l'un des métaux industriels les plus critiques, grâce à sa conductivité électrique inégalée. Longtemps tiré par le boom de la construction en Chine, sa demande est désormais portée par les technologies vertes et les infrastructures énergétiques. D'ici les prochaines années, près des deux tiers de la croissance de la demande proviendront de la modernisation des réseaux électriques et des infrastructures énergétiques, tandis que le reste sera soutenu par l'essor des véhicules électriques, des énergies renouvelables (solaire, éolien), des centres de données et des dépenses de défense, notamment en Europe.
L'Europe et les États-Unis devront investir massivement pour moderniser leurs réseaux vieillissants, afin de répondre aux besoins croissants en électrification, en intelligence artificielle et en sécurité énergétique. Le cuivre, désormais considéré comme une ressource stratégique, fait l'objet de stocks publics en Chine, aux États-Unis et en Europe, afin de sécuriser les approvisionnements futurs.
Une offre sous tension : perturbations et défis structurels
Les tensions sur l'offre de cuivre se sont récemment intensifiées. Un incident majeur à la mine de Grasberg (Indonésie), deuxième plus grande mine mondiale, a conduit à une déclaration de force majeure, réduisant la production de 35 % en 2026. Cet événement s'ajoute à une série de perturbations, comme les révisions à la baisse de la production de Quebrada Blanca (Chili) et les difficultés persistantes à Kamoa-Kakula (Congo), troisième plus grande mine au monde.
Ces aléas, combinés à des défis structurels (vieillissement des mines, déclin des teneurs en minerai, extraction plus complexe), resserrent le marché et soutiennent la hausse des prix. Par ailleurs, les stocks de cuivre hors des États-Unis restent exceptionnellement bas, en raison des craintes de droits de douane américains au premier semestre 2025. Malgré l'absence de tarifs appliqués, le métal ne revient pas en Europe, en raison de conditions d'arbitrage défavorables.
Perspectives d'offre : investissements et équilibre fragile
Les prix élevés stimulent déjà de nouveaux investissements, notamment en Chine, en République démocratique du Congo, en Russie et en Ouzbékistan. Cependant, pour éviter un déficit structurel d'ici 2030, des prix durablement élevés seront nécessaires pour encourager l'expansion des mines, en particulier en Amérique du Sud, future vague de grands projets.
Un risque persiste : des prix trop élevés pourraient freiner la demande, notamment dans les secteurs sensibles aux coûts, comme les véhicules électriques et les énergies renouvelables. Une hausse excessive des prix pourrait rendre certains projets non viables, ralentissant l'adoption de ces technologies. À l'inverse, cette destruction de la demande jouerait un rôle d'équilibrage naturel, stabilisant ou faisant reculer les prix.
Équilibres futurs : substitution, recyclage et innovation
D'ici 2030, l'équilibre du marché dépendra de plusieurs leviers :
Substitution :
une hausse trop rapide des prix pourrait accélérer le recours à des alternatives, comme l'aluminium, dans les câbles basse tension ou l'électroménager.
Recyclage :
le cuivre recyclé, qui représente déjà un tiers de l'offre mondiale, jouera un rôle clé. Sa croissance est estimée entre 250 000 et 500 000 tonnes par an.
Hausse de la production minière :
des prix supérieurs à 11 000 USD la tonne pourraient encourager l'expansion des sites existants.
En définitive, l'interaction entre prix, substitution et approvisionnement façonnera l'avenir du marché du cuivre, entre opportunités et défis.
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