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Le Brexit bouscule le paysage politique en Irlande du Nord
information fournie par Reuters 21/05/2019 à 13:40

    par Graham Fahy
    DUBLIN, 21 mai (Reuters) - Près de trois ans après le vote
du Royaume-Uni en faveur du Brexit, le paysage politique
nord-irlandais se transforme et l'idée d'un référendum sur
l'unification de la province britannique avec la République
d'Irlande fait son chemin.
    Une Irlande unie reste une perspective lointaine et une
telle consultation ne verra probablement pas le jour avant
longtemps, mais les deux principaux partis d'Irlande, le Fine
Gael et le Fianna Fail, tous deux partisans de l'unité, avancent
leurs pions au nord de la frontière. 
    Le Fine Gael, le parti au pouvoir à Dublin, a pris
l'initiative inhabituelle de choisir l'ancien vice-Premier
ministre nord-irlandais Mark Durkan comme candidat aux élections
européennes dans la capitale irlandaise. 
    "Le débat sur l'unité a gagné du terrain dans le contexte du
Brexit", déclare l'intéressé, ancien leader du Parti
social-démocrate et travailliste (SDLP), l'un des deux
principaux partis nord-irlandais favorables à l'unité avec le
Sinn Fein. 
    Le 23 juin 2016, lors du référendum britannique sur
l'appartenance à l'Union européenne, près de 56% des
Nord-Irlandais ont voté pour rester dans le bloc communautaire,
qu'ils devront quitter malgré tout lorsque le reste du
Royaume-Uni s'en ira, à une date qui n'a toujours pas été fixée.
    L'Irlande, qui s'est détachée du Royaume-Uni il y a un
siècle et a rejoint l'UE en 1973, restera dans l'UE. 
    
    LE FACTEUR DÉMOGRAPHIQUE
    Depuis de nombreuses années, les sondages en Irlande du Nord
attestent d'un faible soutien en faveur de la réunification,
mais responsables politiques et analystes observent un certain
nombre de facteurs susceptibles de changer la donne. 
    Le premier est le possible rétablissement d'une barrière
physique entre Irlande et Irlande du Nord, qui risque de
remettre en cause la paix fragile obtenue grâce à l'Accord de
paix de 1998, lequel a mis fin aux contrôles de marchandises de
part et d'autre de la frontière. 
    La situation économique et politique est aussi à prendre en
compte. De récentes études suggèrent qu'en dépit d'un faible
taux de chômage, l'économie nord-irlandaise stagne, ce qui est
sans doute lié à l'incertitude engendrée par le Brexit et le
gouvernement de Belfast, créé par l'accord de partage du pouvoir
de 1998, s'est disloqué il y a plus de deux ans.
    L'évolution démographique de la province pourrait aussi
jouer en faveur de la réunification. Les catholiques, qui
constituent la base électorale traditionnelle des partis
irlandais nationalistes, sont en passe de devenir majoritaires
en Irlande du Nord dans une génération. 
    Or l'accord du Vendredi Saint prévoit que le gouvernement
britannique est tenu d'organiser un référendum sur
l'appartenance de l'Irlande du Nord au Royaume-Uni s'il paraît
probable qu'une majorité d'électeurs souhaite l'unification de
l'île.
    Soucieux de ne pas être pris au dépourvu en cas de
référendum, le Fine Gael a ouvert un mouvement de jeunesse à la
Queens University de Belfast et la candidature de Mark Durkan
vise à démontrer que le parti aidera l'Irlande du Nord à faire
entendre sa voix au Parlement européen quand les eurodéputés
nord-irlandais élus cette semaine devront quitter leur siège,
une fois le Brexit consommé. 
    
    "TRAVAILLER ENSEMBLE"
    Le Fianna Fail, premier parti d'opposition irlandais, a
quant à lui signé un accord de coopération avec le SDLP. 
    Les deux partis dublinois ne réclament cependant pas déjà un
référendum sur la réunification, contrairement au Sinn Fein,
parti nationaliste irlandais, seul grand parti représenté à la
fois aux parlements de Belfast et Dublin. 
    "Nous devons nous concentrer d'abord sur le problème du
Brexit et restaurer pleinement les institutions de l'Accord du
Vendredi saint", estime Mark Durkan, par allusion à l'absence de
gouvernement à Belfast. 
    Le Fine Gael et le Fianna Fail rivalisent de prudence,
jugeant qu'il sera difficile d'obtenir la réunification sans une
adhésion large de la population au-delà des seuls cercles
nationalistes. 
    "Si l'on ne se base que sur la démographie, ce sera une
catastrophe pendant 75 ans", déclare Trevor Ringland, un
unioniste connu des deux côtés de la frontière pour avoir joué
dans le XV d'Irlande de rugby, l'un des rares sports où joueurs
irlandais et nord-irlandais sont regroupés dans la même équipe.
    "L'alternative, c'est de travailler ensemble, de bâtir des
relations, et si les générations futures veulent modifier la
Constitution, qu'elles le fassent dans une situation positive",
ajoute-t-il. 
    Pour Jude Perry, une étudiante de 20 ans qui a créé une
branche du Young Fine Gael à la Queens University, autrefois un
symbole de la position dominante de l'élite protestante au sein
de la société nord-irlandaise, l'installation du parti à Belfast
n'est que le commencement d'une nouvelle étape de la politique
dans toute l'île d'Irlande. 
    Les élections municipales du 3 mai dans la province en
seraient une nouvelle preuve: bien que Sinn Fein d'un côté et
DUP (Parti unioniste démocratique) de l'autre aient conservé
leur prépondérance, l'Alliance Party, une petite formation
inter-communautaire, a nettement progressé. Son chef de file
pourrait aussi gagner une place d'eurodéputé. 
    "Beaucoup de jeunes voient les choses différemment, une
sorte de juste milieu", explique Jude Perry. "Je ne crois pas
que la population soit aussi clanique qu'on l'imagine."

 (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)
 

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