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Laurent Levy : «Ces résultats sont un puissant accélérateur dans le développement de Nanobiotix»
information fournie par Boursorama 10/11/2020 à 09:30

Laurent Levy, dirigeant de Nanobiotix. (crédit : DR)

Laurent Levy, dirigeant de Nanobiotix. (crédit : DR)

A l'occasion du congrès SITC (Society for Immunotherapy of Cancer), Nanobiotix a publié des premiers résultats prometteurs sur l'emploi de son traitement phare NBTXR3, en association avec  des immunothérapies (« check-point inhibiteurs », le  pembrolizumab ou le nivolumab, ndlr) chez les patients atteints de cancers de la tête et du cou de métastases pulmonaires et/ou hépatiques. De quoi faire changer le regard des investisseurs sur la Société ? Entretien avec Laurent Levy, cofondateur et président de la biotech.

Boursorama : Vous venez de publier des résultats très prometteurs à l'occasion du SITC. Quel était l'objet de cet essai réalisé dans le cadre de votre partenariat avec le MD Anderson ?
Laurent Levy : NBTXR3 est un produit unique, le premier de la classe des radioenhancers. Il est constitué de nanoparticules qui, injectées en intratumoral, vont amplifier l'effet destructeur des radiothérapies sur ces tumeurs. A la base, NBTXR3 a été développé pour aider les patients qui ont une tumeur locale en train de se développer. L'objectif est simple : permettre à ces millions de patients d'avoir une radiothérapie plus efficace sans en augmenter la toxicité. Là, pour la première fois, nous montrons des résultats cliniques obtenus en associant notre technologie de nanomédecine à des check-point inhibiteurs. L'immuno-oncologie marque une véritable révolution. C'est actuellement le Graal dans le traitement du cancer. Cependant, seuls 15 à 20% des patients répondent à ce type de  traitements. Pour les autres, le système immunitaire ne voit pas la tumeur. Donc les check-point inhibiteurs ont beau stimuler le système immunitaire, il n'y a pas de réponse. On dit que la tumeur est froide. Nous savions, par la science et nos études précliniques, que notre technologie a le potentiel d'améliorer significativement le taux de réponse des inhibiteurs de point de contrôle avec le NBTXR3. C'est ce que démontrent les premiers résultats de notre étude 1100.

Boursorama : L'objectif est donc de réchauffer la tumeur pour la rendre « visible » par le système immunitaire et ainsi de rendre les anti-PD1 efficace ?
Laurent Levy : Exactement. En amplifiant le processus de destruction de la tumeur, par la radiothérapie, on amplifie aussi l'émission d'antigènes et de signaux qui alertent et réveillent le système immunitaire. Ainsi, on peut rendre visible la tumeur et au final augmenter le nombre de patients qui répondront aux anticorps anti-PD1.

Boursorama :  C'est ce que montre cet essai ? Une meilleure réponse des patients et une réduction de la tumeur ?
Laurent Levy :
Cet essai a été mené sur neuf patients : 7 patients non répondeurs ou en rechute et 2 patients naïfs (NDLR : qui n'avaient jamais reçu de traitement). Les deux patients naïfs ont répondu et sur les autres 7 patients, en ajoutant NBTXR3, cinq ont eu une réponse immédiate et un sixième a eu une réponse tardive, ce qui est signal positif montrant qu'il y a eu une réponse du système immunitaire. L'autre élément intéressant, c'est que sur quatre des 7 patients, on a observé une diminution des tumeurs distantes de la zone traitée, ce qu'on appelle « l'effet abscopal ».  Au final, on rend répondeurs des patients jusque-là non répondeurs. Bien sûr, la cohorte de patients est pour le moment très limitée. Mais la tendance est clairement là et nous la confirmerons en poursuivant le recrutement de patients. Ces premiers résultats obtenus ne sont clairement pas dus à la chance. Nous atteignons 80% de réponses, là où ces traitements obtiennent en moyenne un taux compris entre 15 et 20%. C'est juste phénoménal : jamais on n'a vu un tel taux de conversion de patients non-répondeurs à répondeurs.

Boursorama : Est-ce qu'on peut dire que cet essai est un « game changer » sur le regard porté par l'industrie pharmaceutique sur Nanobiotix ?
Laurent Levy :
Je ne sais pas si le terme de  «game changer» est adapté mais clairement cela va être un accélérateur dans le développement de NBTXR3. C'est ce que tout le monde essaie de faire en ce moment : améliorer le taux de réponse des check-point inhibiteurs. Il y a plusieurs centaines d'essais cliniques dans le monde menés en ce sens. Le marché des anti-PD1 dans le cancer du poumon est estimé à 20 milliards de dollars en 2024 avec un taux de répondants au traitement de l'ordre de 20%. Imaginez que l'on puisse faire passer ce taux de réponse de 25 à 50%, 60% ou 70% ou plus. C'est notre ambition.

Boursorama : Où en est-on de la phase III dans le cancer de la tête et du coup qui est vu comme le principal catalyseur pour la valorisation du titre à court terme.
Laurent Levy : Nous démarrerons cet essai dès que la crise du Covid-19 commencera à se calmer et que nous aurons trouvé les financements pour le démarrer, probablement avant la fin du 1er semestre 2021. Mais nous aurons des résultats à communiquer au marché durant la première partie de l'année prochaine, notamment ceux sur la phase I/II du cancer du rectum réalisé avec PharmaEngine et ceux de phase I/II de NBTXR3 en combinaison avec de la chimiothérapie dans le cancer tête et cou. Nous avons aussi trois autres essais en cours avec le MD Anderson, nous verrons avec eux comment prioriser les développements à venir à la lumière des résultats que nous venons de publier.

Boursorama : Les résultats positifs se succèdent mais pour beaucoup d'investisseurs le temps d'attente commence à être long alors que près de trois ans se sont écoulés entre les premiers résultats de phase II dans tête et cou et le lancement de la phase III.
Laurent Levy : C'est vrai, je suis d'accord et nous en sommes les premiers frustrés. Mais entre les résultats préliminaires de phase II et lancement d'une phase III, il y a beaucoup d'étapes à franchir. Les résultats complets de phase II ont été dévoilés il y a un an seulement. Et nous avons travaillé avec la FDA sans perdre de temps. Nous respectons donc au plus près notre plan de marche. Maintenant nous savons aussi que nos travaux sont révolutionnaires. Nous souhaitons changer radicalement la donne dans le traitement de nombreux cancers et forcément cela prend du temps.

Boursorama : Pourquoi, selon vous, les perspectives révolutionnaires de Nanobiotix semblent ne pas être prises en compte par les gros laboratoires, que ce soit via un partenariat d'envergure ou une acquisition pure et simple de Nanobiotix ?
Laurent Levy : Déjà parce que ces gros laboratoires prennent tout juste connaissance des résultats que nous venons de publier ! Ensuite, parce qu'ils n'analysent pas tout à fait les choses de la même façon. Ils préfèrent attendre que les résultats se confirment et après ils font leur choix. Ce n'est pas l'industrie pharmaceutique qui a un rôle moteur dans le domaine de la santé, ce sont les sociétés de biotechnologies comme la nôtre. C'est nous qui portons ce projet et cette ambition. Maintenant, le fait que nous rentrions désormais clairement dans le domaine de l'immuno-oncologie va forcément attirer l'attention des big pharmas, dont la plupart ont fait de l'oncologie leur priorité.

Propos recueillis par Laurent Grassin

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3 commentaires

  • 17 novembre 12:41

    Ce n'est plus tout à fait la même musique qu'avant non plus Naed :entendre LL parler d'un résultat "phénoménal", c'est du jamais vu/lu/entendu. Nano entre clairement dans une nouvelle dimension, et c'est amplement mérité! hâte de voir la suite!!


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