Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

La dette publique française est-elle une menace pour le marché ?
information fournie par Le Cercle des économistes 13/11/2023 à 08:00

Jean-Paul Betbèze
Jean-Paul Betbèze

Jean-Paul Betbèze

JPBetbèze

économiste

http://www.jpbetbeze.com/

(Crédits photo : Flickr - Frédéric Bisson )

(Crédits photo : Flickr - Frédéric Bisson )

Jeudi 9 novembre, le président de la FED, Jerome Powell, a averti : "Nous n'hésiterons pas" à relever encore les taux directeurs "si nécessaire" face à la forte inflation aux Etats-Unis. Sous la pression des taux, les places financières ont tendance à refluer. Jean-Paul Betbeze explique en quoi la dette publique représente, à terme, une menace pour le marché.

Pas pour le moment, et pourtant ! 2 430 milliards d'euros le 30 septembre 2023 : c'est la dette négociable de l'État, une dette à plus de huit ans et qui ne cesse d'augmenter, mais sans drame ni tension, encore. Début novembre, elle croît de plus de 13 milliards pour différentes maturités, allant de 6,3 milliards pour la dette à dix ans à 1,5 milliard pour celle à cinquante ans. L'adjudication s'est, comme on dit, « bien passée » : le « volume demandé » de dette par les institutions financières était le double de celui qui a été émis. « Bien passée », car l'adjudication a trouvé ces milliards à 3,3% pour l'emprunt à 10 ans, sachant que l'inflation atteint 4%.

« Bien passée », mais ce n'est pas fini : fin août 2023, la situation mensuelle du budget fait état de 200 milliards de recettes, face à 350 milliards de dépenses. Soit un déficit de 150 milliards, contre 120 à la même date l'an dernier. Le budget 2024 prévoit 140 milliards de déficit au total, plus 160 à rembourser sur les dettes accumulées arrivant à échéance. Il faudra donc trouver 300 milliards.

Pas de menace pour le moment pour les grandes économies comme la France, car la crise de la dette publique s'y annonce toujours lentement, avec moins d'acheteurs et plus de vendeurs. Les agences de rating préviennent : S&P est à AA, Moody's Aa2 et Fitch à AA-, sans oublier l'inquiétude qui montait à l'approche de la publication du diagnostic de S&P. Maintenu, les politiques ont soufflé, mais le rendement de la dette monte. Il faudra la payer plus cher.

Pire, le vrai problème de la dette publique française est de ne pas être seule. On regarde ailleurs. Vers les États-Unis où le déficit budgétaire ne cesse de se creuser, en plein milieu d'une crise politique où l'élection présidentielle, dans un an, semble essentielle, autour de Donald Trump. Il s'agit pourtant de 33 000 milliards de dollars. En zone euro, l'Italie inquiète de nouveau, avec une dette proche de 145% du PIB, la France s'approchant, à 112%. Le Japon va bientôt monter sur le podium des inquiétudes de dette publique. Elle atteint 2,6 fois le PIB, artificiellement « calmée » pendant des années par une politique monétaire où les taux longs étaient limités à 0%. C'est fini : les taux longs atteignent en un an près de 1%. La charge de la dette ira vers 2% du PIB, ce qui explique la plongée du yen de 15% depuis janvier.

Pour autant, les grands pays endettés, comme la France, n'entrent pas dans la spirale de la dette, où la croissance serait inférieure au taux d'intérêt réel. L'explication de cette situation réside dans la crédibilité de l'Union européenne et dans l'idée que l'Allemagne offre une garantie implicite de la solidité du tout, même si le contraire est constamment rappelé… par elle. Il n'empêche que la BCE, avec Mario Draghi, a massivement soutenu l'Irlande, la Grèce, le Portugal et l'Espagne, empêchant la crise des dettes souveraines d'attaquer l'Italie. Le « whatever it takes » a retourné les anticipations, grâce au talent de Mario Draghi et aussi à l'appui d'Angela Merkel. Il n'empêche aussi que l'endettement collectif de l'Union après le Covid (Next Generation EU) a bien soutenu les pays membres, et leurs budgets, mais cela ne suffit toujours pas. Nous ne sommes pas revenus à des situations soutenables, en Italie notamment.

En fait, les tensions sur la dette publique française n'ont pas disparu, même si son taux réel est encore négatif. La BCE entend le rendre positif et le répète avec son « 2% à moyen terme », mais on ne fait pas le lien. Et il ne faut pas oublier les crises avérées au Liban, en Tunisie, en Égypte ou ailleurs : rien n'est jamais loin en finance. La dette publique française est une menace pour le marché, et pour nous, si nous ne parlons pas productivité, innovation ou efficacité de la dépense publique pour soutenir la croissance et l'emploi dans cette crise écologique et climatique, avec les besoins supplémentaires qu'elle implique. Vigilance orange.

18 commentaires

  • 19 novembre 17:18

    Cest une dette de bébé arrêtez de nous bassiner pour ne rien dire


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Assemblée annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway Inc, à Omaha
    information fournie par Reuters 03.05.2025 21:47 

    Warren Buffett a annoncé samedi qu'il démissionnerait de son poste de directeur général du conglomérat Berkshire Hathaway à la fin de l'année et en confierait les rênes à l'actuel vice-président Greg Abel. "Je pense que le moment est venu que Greg devienne le CEO ... Lire la suite

  • Le récap de la semaine du 28/04 au 02/05
    information fournie par Libertify 03.05.2025 05:00 

    Retrouvez tous les samedis matin en vidéo les informations essentielles de votre semaine boursière : les indicateurs et les valeurs qui ont fait l'actualité. Le tout sélectionné par l'intelligence artificielle.

  • Logo de l'App Store, le 26 août 2021 à Los Angeles ( AFP / Chris DELMAS )
    information fournie par AFP 03.05.2025 01:06 

    Apple autorise désormais les éditeurs d'applications aux Etats-Unis à passer, sans frais ou commission, par une autre plateforme de paiements que la boutique du groupe, l'App Store, pour se mettre en conformité avec une décision de justice, un tournant. Le groupe ... Lire la suite

  • Trader sur le parquet du New York Stock Exchange (NYSE). ( AFP / TIMOTHY A. CLARY )
    information fournie par AFP 02.05.2025 22:54 

    La Bourse de New York a terminé en hausse vendredi, portée par un vent d'optimisme après la publication de chiffres de l'emploi américain meilleurs qu'attendu et la possibilité de négociations commerciales entre Pékin et Washington. Le Dow Jones a gagné 1,39%, ... Lire la suite

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.