* Pas de hausse de taux avant au moins l'été * Mario Draghi juge les risques orientés à la baisse * Les salaires devraient soutenir l'inflation, juge-t-il * La BCE peut attendre avant d'agir (Actualisé avec la conférence de presse de Mario Draghi) par Balazs Koranyi et Francesco Canepa FRANCFORT, 24 janvier (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a laissé sa politique monétaire inchangée jeudi, comme attendu, mais son président Mario Draghi a reconnu que les risques pour la croissance de la zone euro étaient désormais orientés à la baisse. L'économie de la zone euro connaît actuellement son plus fort ralentissement depuis cinq ans, ce qui soulève des interrogations quant à la capacité de la BCE à relever ses taux, pour la première fois depuis dix ans, dans le courant de l'année, comme elle le souhaite. L'institut d'émission a confirmé jeudi son intention d'attendre au moins l'été avant d'envisager un relèvement de taux. Le taux de la facilité de dépôt, qui pourrait être le premier modifié, reste fixé à -0,40%, le taux de refinancement à zéro et le taux de la facilité de prêt marginal à 0,25%. Si la prévision sur les taux n'a pas été modifiée, les commentaires de Mario Draghi devraient alimenter les anticipations du marché quant à une normalisation plus tardive que prévu de la politique monétaire. "Les risques entourant les perspectives de croissance de la zone euro se sont orientés à la baisse en raison de la persistance des incertitudes liées aux facteurs géopolitiques et à la menace du protectionnisme, des vulnérabilités dans les marchés émergents et de la volatilité des marchés financiers", a dit Draghi, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du Conseil des gouverneurs. "Le rythme de croissance à court terme devrait être plus faible qu'anticipé". Mario Draghi a toutefois estimé qu'il n'était pas nécessaire de modifier la politique monétaire pour le moment, arguant de la solidité du marché du travail dans la zone euro et de la hausse des salaires, qui devrait soutenir l'inflation sous-jacente à moyen terme. "Le facteur clé pour l'évaluation est la persistance de l'incertitude", a-t-il expliqué, ajoutant être confiant sur le fait que ces incertitudes - de l'issue des négociations sur le Brexit au ralentissement économique de la Chine en passant par la montée du protectionnisme - n'étaient pas ignorées. "Le Conseil des gouverneurs va se donner plus de temps pour évaluer dans quelle mesure ces facteurs de risque ont affecté la confiance et nous aurons une autre discussion en mars lorsque nous aurons aussi les nouvelles projections (économiques des équipes de la BCE)", a indiqué Mario Draghi. Le président de la BCE a précisé que le Conseil des gouverneurs avait été unanime sur l'analyse de l'évolution de la balance des risques et des facteurs expliquant ce changement. Interrogé sur la mise en oeuvre de nouvelles opérations de financement à long terme (LTRO) au bénéfice du secteur bancaire, Mario Draghi a expliqué que cela avait été évoqué par plusieurs membres du Conseil sans qu'une décision soit arrêtée. La révision de l'évaluation des risques est perçue comme un premier pas de la BCE vers la reconnaissance d'un ralentissement de la croissance plus marqué qu'anticipé par ses services et une révision de ses prévisions économiques pourrait alimenter les attentes sur d'éventuelles mesures de politique monétaire. Face aux multiples indicateurs suggérant ces dernières semaines une décélération de la croissance dans la zone euro, les marchés financiers ont eux-mêmes revu à la baisse leurs anticipations d'évolution des taux et n'attendent désormais un premier relèvement qu'à la mi-2020. Une enquête Reuters publiée cette semaine donne, selon les économistes interrogés, une première hausse des taux au quatrième trimestre. Cela étant, certains responsables monétaires n'étaient pas favorables, par le passé, à une modification de l'évaluation des risques dans la mesure où elle amènerait les marchés à anticiper une action monétaire franche de la BCE, à laquelle elle n'est pas préparée après avoir le mois dernier mis un terme à son massif programme d'assouplissement quantitatif (QE). Une modification du pilotage des anticipations sans décision d'ordre monétaire donnerait l'impression que la politique monétaire n'est pas en phase avec l'évaluation que font les responsables monétaire de la situation économique. Sur le marché des changes, l'euro a creusé ses pertes après l'annonce du changement de perception des risques par la BCE mais il a réduit son repli par la suite après l'évocation d'opérations de LTRO. A l'issue de la conférence de presse de Mario Draghi, l'euro évoluait à 1,1370 dollar, en baisse de 0,1%, après un creux en séance à 1,1305. EUR= . VOIR AUSSI: Principaux extraits de la conférence de presse de Mario Draghi (Marc Angrand et Blandine Hénault pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)
La BCE change l'évaluation des risques, à la baisse
information fournie par Reuters 24/01/2019 à 16:11
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