(Actualisation avec la réponse du groupe Bolloré)
par Florence Loeve
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a déclaré dans une décision publiée vendredi que le groupe Bolloré BOLL.PA et Vincent Bolloré devaient déposer un projet d'offre publique d'achat puis d'offre publique de retrait sous six mois sur les actions Vivendi VIV.PA qu'ils ne possèdent pas.
A la Bourse de Paris, l'action Vivendi affichait la plus forte hausse du SBF120 .SBF à la suite de la publication de la décision de l'AMF. Elle gagnait 12,81% à 3,32 euros à 12h43 GMT.
Cette décision intervient après un bras de fer juridique de plusieurs mois, suscité par l'opposition du fonds activiste parisien CIAM aux modalités de la scission de Vivendi survenue en décembre 2024.
L'AMF "a considéré que la société Bolloré SE et M. Vincent Bolloré, qui contrôle cette dernière, sont tenus (...) de déposer un projet d'offre publique visant les titres de capital de la société Vivendi SE, telle qu'elle existe à ce jour" ainsi qu'"au dépôt d'un projet d'offre publique de retrait visant les titres de capital de la société Vivendi SE dans un délai fixé à six mois", est-il écrit dans la décision de l'autorité.
Contactés par Reuters, Vivendi et Bolloré ont déclaré ne pas faire de commentaires.
"CIAM examine la décision et réfléchit aux suites à donner à cette décision de l'AMF", a déclaré à Reuters Julien Visconti, l'avocat de CIAM.
L'avocat a souligné que cette décision de l'AMF "ouvre la voie à une action indemnitaire des actionnaires minoritaires", estimant qu'"on ne peut que se féliciter de cette victoire des actionnaires minoritaires".
Toutefois, Julien Visconti juge que la décision présente des "inconvénients", en ce qu'elle "ne répare pas la perte de chance des actionnaires qui n'ont pas conservé leurs actions Vivendi à ce jour, et qu'elle "ne répare pas le préjudice subi sur les trois autres entités" qui constituaient l'ancien Vivendi, Canal+, Havas et Louis Hachette.
L'AMF a affirmé dans sa décision ne pas avoir de compétence pour imposer une offre publique de retrait à ces trois sociétés.
RECOURS ENVISAGE
"Le refus d'ordonner à Bolloré de lancer une OPR sur les trois entités issues de la scission" est "regrettable et pourrait utilement faire l'objet d'un recours", ajoute l'avocat de CIAM.
Dans une note publiée vendredi, un analyste d'Alphavalue s'est réjoui d'une "décision bienvenue de l'AMF, qui améliore un dossier d'investissement déjà très attrayant", ajoutant qu'elle "changeait la donne" pour Vivendi, jugé "massivement sous-valorisé".
Vivendi a acté en décembre 2024 la scission et la cotation de ses entités sur différentes places boursières, dont celle de Canal+ CAN.L à Londres et de Havas HAVAS.AS à Amsterdam.
Cette scission avait été approuvée par une large majorité de plus de 97% des actionnaires du groupe mais a fait l'objet de l'opposition forte de certains minoritaires, notamment le fonds parisien CIAM.
Ce dernier jugeait que les modalités de la scission ne respectaient pas la réglementation protégeant les actionnaires minoritaires, et que la scission telle que décidée ne créerait pas de valeur pour les actionnaires.
Dans une décision rare rendue en avril, la cour d'appel de Paris avait désavoué l'AMF, estimant que Vincent Bolloré contrôlait le groupe Vivendi et que le gendarme boursier devait réexaminer sa scission.
Vivendi avait déclaré quelques jours après son intention de se pourvoir en cassation pour contester cet arrêt.
L'AMF précise qu'elle "veillera" à ce que la clôture de l'offre publique de retrait n'intervienne qu'après que la Cour de cassation "aura rendu son arrêt".
Julien Visconti a indiqué qu'une décision de la Cour de cassation était attendue d'ici la fin de l'année en décembre.
(Rédigé par Florence Loève, édité par Kate Entringer et Augustin Turpin)
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